Olivia Chow prend ses fonctions de mairesse de Toronto

TORONTO — Olivia Chow a encouragé les habitants à imaginer un Toronto plus compatissant et plus abordable mercredi, alors qu’elle prenait officiellement ses fonctions de mairesse dans une ville confrontée à des défis majeurs en matière de logement et de finances.

L’ancienne députée néo-démocrate et ex-conseillère municipale, âgée de 66 ans, première personne issue d’une minorité visible à diriger la ville la plus peuplée du Canada, s’est appuyée sur des thèmes familiers de sa campagne électorale pour prononcer son premier discours en tant que mairesse, présentant Toronto comme une ville résiliente et prête à changer.

«Construisons un Toronto plus abordable, plus sûr et plus solidaire, où chacun a sa place», a déclaré Mme Chow sous les acclamations et les applaudissements d’une salle du conseil municipal pleine à craquer.

Elle a fait des allusions à la pénurie de logements abordables et à un système de transport en commun accablé par les réductions de service, tout en se moquant de ce qu’elle a appelé les «partenaires réticents» de la ville au sein des gouvernements provincial et fédéral, qui refusent de renflouer les finances de Toronto, ravagées par la pandémie.

Cette année, il manque près d’un milliard $ au budget de la ville, en grande partie en raison de la baisse des revenus du transport en commun et de l’augmentation des coûts de logement.

L’ascension de Mme Chow à la tête de la ville est le point culminant d’une longue carrière politique. Elle a été élue pour la première fois conseillère scolaire en 1985 et a siégé pendant 13 ans au conseil municipal de Toronto jusqu’en 2005. Puis, elle a été élue députée du Nouveau Parti démocratique à Ottawa aux côtés de son défunt mari, l’ancien chef fédéral de la formation politique Jack Layton.

Elle a immigré de Hong Kong à Toronto à l’âge de 13 ans, s’installant avec ses parents dans une tour d’habitation de St. James Town, un quartier du centre-ville familier à de nombreux nouveaux arrivants issus de la classe ouvrière.

«L’histoire de Toronto est aussi la mienne», a-t-elle affirmé en demandant aux personnes présentes d’imaginer une jeune famille arrivant aujourd’hui dans la ville avec le rêve d’un avenir meilleur.

Mme Chow a eu le dessus sur 101 autres candidats pour remporter l’élection partielle du mois dernier à la mairie pour remplacer John Tory.

Sa victoire propulse une progressiste à la tête de la ville pour la première fois en plus d’une décennie.

Depuis l’élection partielle du 26 juin, Mme Chow a rencontré l’administration municipale, finalisé son équipe et tenu des engagements de transition avec la fonction publique et les organisations à but non lucratif sur des questions prioritaires, notamment le logement et la réponse aux crises communautaires.

Mme Chow s’est engagée à réinvestir le gouvernement local dans la construction de logements sociaux et à dépenser des millions pour acquérir et préserver des logements abordables.

«Nous pouvons et devons commencer par nous attaquer à la crise du logement. Nous pouvons et devons, car la souffrance est réelle», a-t-elle déclaré.

Turbulences financières

Le mandat de Mme Chow se terminera en 2026. Il sera rapidement mis à l’épreuve par les turbulences financières de la ville.

Un rapport du personnel de la Ville indique qu’il y a suffisamment dans le fonds de réserve COVID-19 pour soutenir le budget de cette année, mais sans plus d’argent, le filet de sécurité serait insuffisant pour couvrir le manque à gagner qui pourrait atteindre 927 millions $ pour l’année prochaine.

La crise du logement de la ville et les niveaux record de personnes sans abri devraient aussi représenter rapidement des tests pour le mandat de Mme Chow.

Ajoutant à un sentiment d’urgence, Toronto est dans l’impasse avec le gouvernement fédéral sur une demande de fournir plus d’argent pour aider à loger les demandeurs d’asile, la Ville ayant récemment institué une politique de transfert vers les programmes fédéraux de ces demandeurs faisant face à des refuges au maximum de leur capacité.

Mme Chow n’a pas voulu s’engager à annuler cette politique controversée mercredi, même si les critiques affirment qu’elle viole les propres normes de la ville qui interdisent de refuser des personnes sur la base de leur statut d’immigrant. Elle a insisté auprès d’Ottawa pour obtenir 160 millions $ supplémentaires afin d’aider à héberger les réfugiés, estimant qu’il s’agissait d’une responsabilité fédérale.

Un certain nombre de questions pourraient aussi mettre à l’épreuve les relations entre Mme Chow et le premier ministre Doug Ford.

Pendant la campagne électorale, M. Ford a soutenu l’ancien chef de la police, Mark Saunders, et a déclaré qu’un mandat de M. Chow serait un «désastre total».

M. Ford a adouci son discours après la victoire de Mme Chow, mettant en avant un certain nombre de dossiers pour une collaboration potentielle, tels que l’expansion des transports en commun et l’accessibilité au logement.