Négos dans le secteur public: la CAQ a une marge de manoeuvre, croit le PQ

QUÉBEC — Alors que 80 000 infirmières sont en grève, le Parti québécois (PQ) accuse le gouvernement Legault d’avoir produit une mise à jour économique «étrangement faite sur mesure pour soutenir l’argumentaire que c’est impossible de donner des salaires attractifs».

Mardi, le ministre des Finances, Eric Girard, a déclaré que le cadre financier du gouvernement était «serré», que l’offre actuelle du gouvernement avait été budgétée et que toute dépense supplémentaire nécessiterait des emprunts.

Ces affirmations ont été remises en doute mercredi par le chef péquiste Paul St-Pierre Plamondon, qui souligne que le gouvernement a notamment adopté une «approche très agressive» pour revenir à l’équilibre budgétaire en 2027-2028.

«Il faut respecter l’intelligence des travailleurs, là, ils ne sont pas dupes, a-t-il soutenu en mêlée de presse à l’Assemblée nationale. C’est trop facile (de) se cache(r) derrière la mise à jour économique. (…) Le gouvernement peut faire d’autres choix.»

Tant M. St-Pierre Plamondon que le leader parlementaire du Parti libéral du Québec (PLQ), Monsef Derraji, ont souligné que le gouvernement avait accordé une baisse d’impôt à cinq millions de Québécois, se privant ainsi de 1,7 milliard $ par année. 

La Coalition avenir Québec (CAQ) de François Legault a également distribué des chèques de 500 $ au printemps 2022, et de 400 $ à 600 $ l’automne suivant, ont-ils rappelé.

«On fait ces choix-là, puis après on se présente devant les travailleurs puis on dit: « Écoutez, là, regardez ma mise à jour budgétaire, il n’y a aucune marge de manœuvre ». Bien oui, il y en a une», a déclaré Paul St-Pierre Plamondon.

Par exemple, «on peut choisir de maintenir le ratio dette-PIB, de faire des offres qui donnent une chance au secteur public de garder le personnel, d’en attirer, et qui n’appauvrissent pas aucun travailleur», selon lui.

M. Derraji a en outre accusé la CAQ d’avoir dilapidé les 7 milliards $ de surplus accumulés lors des années libérales.

«On voit que le gouvernement n’a pas hésité à distribuer les chèques à droite et à gauche pour une raison électoraliste. (…) C’est pour cela qu’aujourd’hui, il n’a plus de marge de manœuvre. Qui est responsable? C’est François Legault et son ministre des Finances», a-t-il dénoncé.

Mercredi, les députés de Québec solidaire (QS) se sont quant à eux joints aux infirmières sur les piquets de grève.  

«Si la mise à jour a été arrangée avec le gars des vues pour envoyer un message aux travailleurs du secteur public, c’est raté», a déclaré le chef parlementaire de QS, Gabriel Nadeau-Dubois, qui estime que la CAQ a déjà perdu «la bataille de l’opinion publique». 

De son côté, le premier ministre François Legault a continué de défendre l’offre de son gouvernement.

«On offre une augmentation de salaire moyenne de 14,8 %. Les syndicats demandent 21 %. C’est 3,5 milliards $ de plus», a-t-il fait valoir de son siège au Salon bleu.