Menaces d’inondations et pluies torrentielles dans plusieurs régions du Québec

MONTRÉAL — Environnement Canada a diffusé des alertes de pluies torrentielles dans plusieurs régions du Québec et des avis d’évacuations ont eu lieu dans les régions de l’Estrie et de Québec, où des municipalités ont déclaré l’état d’urgence.

Un peu moins d’un millier de personnes ont été évacuées mardi après-midi, principalement de façon préventive.Néanmoins, la situation se stabilisait dans plusieurs secteurs, aucune alerte de pluie d’Environnement Canada n’était en vigueur en fin de soirée. 

Un porte-parole du ministère de la Sécurité publique a expliqué que les orages ont fait des dégâts surtout «dans un corridor» qui inclut l’Estrie, le Centre-du-Québec, la Mauricie, la Capitale-Nationale et la Chaudière-Appalaches.

«Des chemins qui ont été obstrués, des routes endommagées, des ponceaux qui ont cédé, c’est ce genre de conséquences là qu’on voit», a précisé Joshua Ménard-Suarez.

De plus, de nombreuses pannes étaient rapportées par Hydro-Québec en fin de soirée mardi. Plus de 62 000 clients étaient alors privés de courant.

Cependant, à 4h30 mercredi, la situation s’était améliorée, car un peu plus de 33 400 pannes étaient signalées, la plupart en outaouais et dans les Laurentides. 

Le Festival d’été de Québec a par ailleurs indiqué sur sa page Facebook qu’il annulait en soirée des spectacles extérieurs de manière préventive puisque les prévisions météo suggéraient que les conditions pourraient se détériorer rapidement. 

Depuis Winnipeg où il tenait un point de presse lors de la réunion d’été du Conseil de la fédération, le premier ministre François Legault a dit que le gouvernement s’assurait que les personnes évacuées soient bien logées temporairement.

«On est quand même optimistes que les problèmes se règlent assez rapidement», a-t-il ajouté. 

Vers une stabilisation en Estrie

Les importantes quantités de pluie qui sont tombées en Estrie ont fait augmenter en flèche le niveau de la rivière Saint-François, qui traverse notamment le centre-ville de Sherbrooke.

La Ville a donc décidé d’évacuer 296 personnes à titre préventif. En fin de journée, le niveau de la rivière désormais stabilisé et «l’embellie des prévisions météo pour les prochaines 24 heures permettent à la plupart des riverains (…) de réintégrer leur résidence», précise la Ville sur son site web.

«On est passé de huit pieds à 21 pieds en moins de quatre heures, c’est une quantité d’eau extraordinaire», a indiqué plus tôt le directeur du Service de protection contre les incendies de Sherbrooke (SPCIS), Stéphane Simoneau.

Une telle situation en plein été, «c’est du jamais vu», a ajouté la mairesse de Sherbrooke, Évelyne Beaudin, lors d’un point de presse sous la pluie mardi avant-midi.

«Avant, on était capable d’avoir un modèle, une recette d’intervention» qui permettait de prévoir l’augmentation du niveau d’eau de la rivière en fonction de la quantité de pluie, mais maintenant, «on constate que nos modèles sont moins consistants» en raison des changements climatiques, a ajouté la mairesse Beaudin.

Les autorités ont signalé que le camping de l’Île-Marie de Sherbrooke, situé sur les berges de la rivière Saint-François, de même que le garage municipal ont été évacués. Des voies de circulation ont été fermées à la circulation.

Environnement Canada ajoutait que de telles précipitations combinées à celles déjà reçues étaient inhabituellement élevées et qu’elles risquaient de causer des crues soudaines, des inondations, des glissements de terrain et des accumulations d’eau sur les routes.

Dans la municipalité d’Eastman, le service incendie procède mardi à l’évacuation de résidences et les services municipaux ont recensé un certain nombre de chemins et de routes impraticables. Des fermetures de routes et des évacuations ont également lieu à Cookshire-Eaton, tandis que des municipalités comme Potton, où la route 243 est fermée, ont déclenché l’état d’urgence.

Évacuations à Québec

Les fortes pluies tombées depuis lundi dans la région de la Capitale-Nationale, jumelées à celles de mardi, ont incité des autorités municipales à agir.

À Sainte-Brigitte-de-Laval, près de Québec, 520 personnes ont été évacuées et la mairesse France Fortier a déclaré «l’état d’urgence locale» en raison de la crue de la rivière Montmorency. L’avis d’évacuation est maintenu pour la nuit et sera réévalué mercredi. 

Mardi après-midi, la municipalité de Stoneham-et-Tewkesbury a procédé à l’évacuation de certains secteurs en raison de la montée des eaux. Néanmoins, la Ville a annoncé la fermeture de son centre d’accueil en fin d’après-midi, puisque «le pire semble être derrière nous pour le secteur».

À Québec, le Service de protection contre l’incendie a procédé, mardi, à une évacuation obligatoire d’une vingtaine de résidences dans le secteur de la rue des Trois-Saults, en raison également du niveau d’eau de la rivière Montmorency qui a dépassé son seuil d’inondation et dont le débit d’eau continue d’augmenter.

Les inondations ont provoqué la fermeture de routes dans la région, dont la route 369 à Saint-Raymond et la route 367 à Lévis. À Saint-Raymond, une partie du rang Saguenay a été emportée par les pluies.

Dans Charlevoix, la rivière du Gouffre, qui était sortie de son lit et avait causé des dégâts majeurs en mai dernier, a de nouveau provoqué une «inondation majeure», en amont du pont du village de Saint-Urbain.La tendance du cours d’eau était toutefois à la baisse en milieu d’après-midi, si bien que la sécurité publique considérait qu’il s’agissait en fin d’après-midi d’une «inondation mineure».

Risques de glissements de terrain

Les risques de glissements de terrain sont à la hausse lorsque les sols sont gorgés d’eau, comme c’est le cas actuellement, prévient par ailleurs le porte-parole du ministère de la Sécurité publique, Joshua Ménard-Suarez.

«C’est insidieux, parce que c’est difficile de savoir où ça peut se manifester, quand et quelle ampleur ça peut prendre.»

La sécurité publique demande à la population de rester aux aguets et de signaler aux autorités municipales toute anomalie sur un terrain, comme une fissure sur un terrain en pente, un renflement dans une pente, un éboulement ou encore un écoulement inhabituel d’eau dans un talus.

Surveillance dans d’autres régions

Dans plusieurs secteurs des Laurentides, de Lanaudière et de l’Outaouais, les conditions sont propices à la formation d’orages violents pouvant produire des rafales fortes et de la grêle de grosse taille.

En Mauricie, les conditions sont également propices aux orages violents dans cette région où plusieurs chemins sont endommagés ou fermés en raison des fortes précipitations. C’est le cas notamment à Saint-Casimir, à Sainte-Anne-de-la-Pérade et à Lac-aux-Sables.

Dans les régions du Lac-Saint-Jean et de la Côte-Nord, Environnement Canada a levé les alertes d’orages violents qui avaient été émis dans ces régions, mais a néanmoins publié une alerte de smog, en raison de la mauvaise qualité de l’air provenant des feux de forêt au Lac-Saint-Jean.

La SEPAQ ferme des terrains

La Société des établissements de plein air du Québec (SEPAQ) a fermé tous les secteurs de camping du parc national des Grands-Jardins dans Charlevoix, certains secteurs des Hautes-Gorges-de-la-Rivière-Malbaie et des senties situés sur les rives de la rivière et de la chute Montmorency à Québec.

L’accès au parc national de la Jacques-Cartier à Québec est aussi fermé en raison des fortes pluies.

Le secteur de la Baie-Éternité du parc national du Fjord-du-Saguenay est également fermé depuis les glissements de terrain qui se sont produits il y a une semaine après des pluies torrentielles.