Lutte aux feux de forêt: les travailleurs de l’ombre sont des éléments essentiels

VANCOUVER — Les journées de lutte contre les incendies de forêt sont longues et épuisantes, alors lorsque les équipages retournent au camp, la dernière chose qu’ils veulent faire est de chercher un endroit où dormir ou de trouver quelque chose à manger.

Derrière les pompiers qui luttent contre la saison des incendies de forêt la plus destructrice de la Colombie-Britannique, il y a une armée de plus de 1 400 employés de soutien sous contrat, qui font tout, des premiers soins à la préparation de sandwichs.

Parmi eux se trouve Susanne Callihoo, qui gère le camp de Takla dans le centre nord de la Colombie-Britannique pour l’agence de services contractuels Horizon North.

Son travail, a-t-elle expliqué, est de s’assurer que le camp fonctionne bien, que les besoins essentiels des équipes de pompiers sont satisfaits et que ces combattants du feu soient aussi «confortables» que possible lorsqu’ils terminent un quart de travail.

«Ils sont loin de chez eux. Nous voulons donc qu’ils soient bien nourris et logés», a-t-elle déclaré.

Le petit camp compte un effectif d’environ huit travailleurs, dont un chef, des cuisiniers, un agent de santé, un concierge, un préposé à l’entretien et un préparateur de sandwichs désigné dont le seul travail est de s’assurer que chaque pompier puisse manger environ quatre sandwichs par jour.

Shawn McKerry, un ancien pompier forestier de l’Alberta, sait de quoi ces personnes ont besoin pour obtenir du soutien. Maintenant doyen du centre de formation d’urgence du Lakeland College à Vermilion, en Alberta, M. McKerry a déjà aidé à combattre certains des incendies de forêt les plus féroces et les plus historiques de l’Alberta.

Parmi ceux-ci, le feu de forêt de Slave Lake en 2011, qui a détruit plus de 400 bâtiments, et le feu de forêt de Fort McMurray, en 2016, qui a forcé près de 90 000 personnes à fuir la région des sables bitumineux du Canada et réduit des milliers de maisons en cendres.

Après une journée épuisante sur les lignes de feu, M. McKerry relate que la plupart des pompiers étaient complètement épuisés et que le camp était leur refuge.

«Pour qu’ils restent motivés, qu’ils aient un moral élevé et qu’ils continuent à travailler, il faut essayer de pouvoir les soutenir là où c’est possible», dit-il.

«Les camps ne sont pas l’expérience la plus idéale, (mais) heureusement, on compte beaucoup de gens motivés qui veulent sortir et aider, qui sont prêts à sacrifier certains de ces conforts — ou presque tous ces conforts — pour sortir et participer à l’effort», ajoute-t-il.

Ces efforts continuent d’être mis à l’épreuve alors que les équipes de partout au Canada affrontent la pire saison d’incendies jamais enregistrée. Le Centre interservices des feux de forêt du Canada a signalé que plus de 131 000 kilomètres carrés de terres et de forêts ont été brûlés à travers le pays.

La Colombie-Britannique connaît sa saison la plus destructrice jamais enregistrée pour la superficie brûlée avec plus de 15 000 kilomètres carrés carbonisés, dépassant le précédent record de 13 543 kilomètres carrés établi en 2018.

Dans un texte publié sur les réseaux sociaux le mois dernier, le BC Wildfire Service a souligné l’apport des employés sous contrat qui jouent un rôle «essentiel» dans la lutte contre les incendies dans la province.

Ces emplois comprennent les opérateurs d’équipement lourd, les membres des Premières Nations, les secouristes et les médecins, les gestionnaires de camp et d’installations, le personnel de cuisine, les évaluateurs d’arbres dangereux, les abatteurs, le personnel des services alimentaires, les experts de l’industrie forestière, les pompiers contractuels, les pilotes et le personnel de soutien aérien, ainsi que divers autres corps de métier.

L’agent provincial d’information sur les incendies, Mike McCulley, rappelle que ces travailleurs sont souvent facilement ignorés ou oubliés.

«C’est une organisation vraiment complexe et il y a beaucoup de pièces mobiles dans le puzzle, dit-il en entrevue. Je pense que les gens imaginent que ce ne sont que des pompiers sur le terrain qui combattent le feu et c’est tellement loin de la vérité.»

M. McKerry allègue qu’après une journée sur le terrain, la plupart des besoins des pompiers sont simples.

«Lorsque vous revenez au camp, le meilleur luxe que vous puissiez avoir est des toilettes propres et l’accès à de la nourriture», a-t-il déclaré.

Au camp de Takla, Mme Callihoo précise que la plupart des pompiers dorment dans des tentes, mais des douches fonctionnelles, des toilettes et une cuisine fonctionnelle équipée d’un coin repas, sont disponibles sur place.

Les quantités de nourriture sont déterminées en fonction du nombre de pompiers sur place, les denrées étant livrées une fois par semaine, indique la responsable.

L’excès vaut bien mieux que de ne pas en avoir assez, et toute nourriture inutilisée sera envoyée dans un autre camp, relève-t-elle, notant que le service réorganise souvent le nombre de pompiers sur chaque site en fonction des besoins.

«C’est une opération au jour le jour ici», souligne Mme Callihoo.

M. McKerry indique que ces camps ne sont souvent utilisés que lorsque des incendies brûlent dans des zones rurales et qu’il n’est pas possible pour le personnel de rester dans des hôtels.

«C’est une question d’accessibilité, explique-t-il. Du point de vue de la gestion des urgences, si vous avez accès à des hôtels, c’est une aubaine, car vous ne comptez alors pas sur ces autres éléments d’infrastructure.»

Mais lorsque le camping est nécessaire, les pompiers reconnaissent toujours la valeur des membres du personnel comme Mme Callihoo, nuance-t-il.

«Ce sont toutes les choses auxquelles vous ne pensez pas nécessairement, mais c’est incroyable d’avoir tous ces gens qui viennent d’arriver et qui finalement rendent la vie de tout le monde un peu plus facile et confortable», note-t-il.