L’ouragan Larry a déversé des millions de microplastiques sur Terre-Neuve-et-Labrador

MONTRÉAL — L’ouragan Larry a déversé des millions de particules de microplastiques sur Terre-Neuve-et-Labrador lors de son passage en 2021 ― des microplastiques qui provenaient tous de l’océan Atlantique, ont constaté des chercheurs de l’Université Dalhousie.

«On dit parfois qu’il pleut des cordes, a dit le professeur Tony Walker. On peut maintenant dire qu’il pleut des cordes et des microplastiques.»

L’arrivée de Larry représentait pour les chercheurs une occasion unique qu’ils n’allaient pas rater, puisque l’ouragan n’a jamais survolé la terre ferme entre le moment de sa naissance au large des côtes occidentales de l’Afrique et le moment de son arrivée au Canada.

Il a en revanche survolé le vortex de déchets (garbage patch, en anglais) de l’Atlantique Nord où des milliers de tonnes de détritus s’accumulent. Il était dès lors évident que tous ces microplastiques proviendraient, le cas échéant, de l’océan Atlantique.

Dès que la trajectoire de la tempête s’est précisée, deux étudiantes, Anna Ryan et Amber LeBlanc, se sont organisées en deux temps trois mouvements pour aller recueillir les pluies de Larry dans un contenant cylindrique de verre (pour écarter tout risque de contamination).

L’ouragan a touché terre près de Great Bona Cove en tant qu’ouragan de catégorie 1 le 11 septembre 2021, avec des vents de 130 kilomètres/heure et des rafales de plus de 180 kilomètres/heure.

Les chercheuses ont récolté des échantillons entre le 9 et le 12 septembre. Un nouvel échantillon était prélevé toutes les six heures, pour un total de onze échantillons.

Le cylindre installé par les deux chercheuses a récolté, en moyenne, environ 20 000 particules de microplastiques par mètre carré par jour avant et après le passage de Larry. Mais au plus fort de la tempête, ce chiffre a bondi à près de 115 000 particules par mètre carré par jour.

Encore une fois, en raison de la trajectoire suivie par Larry et de toutes les précautions prises par les chercheurs, «ces microplastiques ne pouvaient provenir que du vortex de déchets et non de l’Amérique du Nord», a dit le professeur Walker.

Quand on considère que la superficie de Terre-Neuve-et-Labrador est d’environ 405 000 kilomètres carrés, ces quelque 115 000 particules de microplastiques par mètre carré par jour représentent une quantité astronomique de pollution.

Risques pour la santé et l’environnement

Les particules de microplastiques sont habituellement si petites qu’il est impossible de les discerner à l’œil nu. Elles proviennent de la dégradation d’autres produits de plastique plus gros et ont été détectées dans tous les environnements de la planète.

Le risque qu’elles présentent pour la santé des humains, des animaux et des écosystèmes demeure mal compris. Les chercheurs soulignent par exemple que ces particules sont suffisamment petites pour contaminer les eaux souterraines qui sont une source d’eau potable pour des milliers de personnes.

De plus, écrivent les auteurs de l’étude, «en raison de leur petite taille et parce qu’ils sont déjà en suspension dans l’air, les microplastiques peuvent pénétrer dans les organismes, y compris chez l’homme, par la respiration, ce qui a des conséquences sur la santé encore largement inconnues».

«Je pense qu’il est important pour le public de comprendre que la pollution des microplastiques est partout, a dit le professeur Walker. On peut alors faire pression sur les décideurs pour prendre les mesures nécessaires pour réduire la pollution plastique.»

Les conclusions de cette étude ont été publiées par le prestigieux journal scientifique Nature.

Note aux lecteurs: Dans une manchette transmise le 16 décembre, La Presse Canadienne écrivait que les microplastiques mesurent 5mm ou moins. Cette version élimine cette mesure par souci de précision, au cinquième paragraphe en partant de la fin.