L’opposition officielle réclame un million de dollars pour sauver Métro Média

QUÉBEC — Le gouvernement Legault doit verser 1 million $ pour sauver le groupe de journaux Métro Média et ça presse, a plaidé l’opposition officielle vendredi.

Ce groupe qui compte plus d’une vingtaine de publications locales à Montréal et à Québec a annoncé la semaine dernière la fin immédiate de ses activités, un autre coup dur pour les médias d’ici. 

Il y a urgence et le ministre de la Culture et des Communications, Mathieu Lacombe, «manque de leadership» dans cette crise des médias locaux, a déploré vendredi la députée libérale Michelle Setlakwe, dans une entrevue accordée à La Presse Canadienne. 

«Je suis étonnée que le gouvernement reste silencieux dans le dossier», a-t-elle poursuivi en soutenant que c’est la santé des démocraties locales qui est en jeu. Il faut agir «très très rapidement», car dans deux ou trois semaines, il sera trop tard, selon elle.

«Je m’attends à des gestes beaucoup plus concrets. On laisse passer trop de temps. Pensons à l’incertitude dans laquelle sont placés les employés.»

1 million $ nécessaire 

Pourquoi le PLQ exige un million de dollars? 

«C’est une somme suffisante pour permettre à Métro Média de compléter sa transition numérique qui est déjà bien entamée», a justifié la députée qui est porte-parole de l’opposition en matière de culture et de communications.

L’entreprise avait auparavant demandé en vain 500 000 $, mais avec la mise à jour des dépenses encourues et après avoir discuté avec les gens de Métro Média, le PLQ a conclu qu’une enveloppe de 1 million $ est requise.  

«Un million de dollars pour sauver l’information de proximité, on pense que ça vaut la peine.»

Ces journaux locaux sont en effet souvent les seuls à traiter des enjeux des localités et de la vie de quartier, ainsi qu’à couvrir les conseils municipaux, de là le risque pour la vie démocratique.

«C’est franchement inquiétant», a dit Mme Setlakwe, qui a elle-même déjà été active en politique municipale.  

«C’est très important que les citoyens soient informés afin de prendre des décisions libres, éclairées, de participer aux élections, de participer à la prise de décisions, de faire entendre leur voix. Pour moi, il est là le danger.» 

Indépendance des médias

Cependant, le versement direct d’un appui financier par le gouvernement ne risque-t-il pas de compromettre l’indépendance d’un média, alors qu’il existe déjà des programmes normés administrés à cette fin par les ministères?

«C’est au gouvernement de se pencher sur la question et de voir comment on va trouver les modalités qui fonctionnent», a jugé la députée libérale. 

Rappelons qu’en 2019, le gouvernement avait versé 5 millions $ au groupe Capitales Médias, qui est devenu par la suite CN2i, la Coopérative nationale de l’information indépendante. 

Métro Média a annoncé il y a une semaine «la suspension immédiate des activités de Métro, de tous (ses) journaux et de (ses) sites Web communautaires».

La nouvelle a été qualifiée de « bombe atomique » pour l’information locale par plusieurs observateurs de la scène médiatique québécoise. 

«C’est une bien mauvaise nouvelle pour les citoyens. L’accès à des sources d’information locales est important. Le ministère de la Culture et des Communications continuera de soutenir les journaux locaux, comme il le fait depuis plusieurs années», avait réagi vendredi dernier le ministre de la Culture et des Communications, Mathieu Lacombe, lui-même un ancien journaliste.

Métro Média a été créé en avril 2018 au moment de l’acquisition du quotidien Métro ainsi que de 11 publications métropolitaines et de 5 publications de la Capitale-Nationale. Certaines de ces publications frôlaient le siècle d’existence.

L’entreprise comptait environ une centaine d’employés, dont plus de la moitié étaient syndiqués.

Métro Média couvre l’actualité locale, en version imprimée ou numérique, dans chacun des arrondissements de Montréal (Ahuntsic-Cartierville, Anjou, Côte-des-Neiges-Notre-Dame-de-Grâce, Mercier-Hochelaga-Maisonneuve, Lachine, LaSalle, Plateau-Mont-Royal, L’Île-Bizard-Sainte-Geneviève, Montréal-Est, Montréal-Nord, Ouest-de-l’île, Outremont, Rivière-des-Prairies, Rosemont, Pierrefonds-Roxboro, Saint-Laurent, Saint-Léonard, Sud-Ouest, Verdun-l’Île-des-Soeurs Villeray-Saint-Michel-Parc-Extension et Ville-Marie) ainsi qu’à Québec (Ancienne-Lorette et Saint-Augustin, Loretteville, Limoilou, Beauport et Charlesbourg).