L’Ontario veut puiser dans les «sources vertes», comme l’éolien et l’hydroélectricité

WINDSOR, Ont. — L’Ontario s’efforce de combler tous les besoins croissants en électricité de la province avec des sources sans émissions, y compris un plan visant à assurer une nouvelle production d’énergie renouvelable, mais elle n’est pas tout à fait prête à s’engager à un moratoire sur le gaz naturel.

Le ministre de l’Énergie de l’Ontario, Todd Smith, a annoncé lundi une stratégie pour préparer le réseau de 2030 à 2050, et les prochaines étapes impliquent la recherche de nouvelles énergies éolienne, solaire et hydroélectrique.

Selon la Société indépendante d’exploitation du réseau d’électricité, la demande d’électricité en Ontario pourrait doubler d’ici 2050.

«Bien que nous n’ayons pas besoin de commencer à construire aujourd’hui, le gouvernement et les acteurs du secteur de l’énergie doivent commencer à planifier immédiatement, afin que nous ayons de nouveaux projets propres et à zéro émission prêts à démarrer lorsque nous en aurons besoin», a déclaré M. Smith à Windsor, en Ontario.

Le ministre Smith avait également annoncé la semaine dernière deux projets de nouvelles centrales nucléaires, pour répondre à la demande qui proviendra de la circulation des véhicules électriques et de leur fabrication. Le gouvernement espère construire une nouvelle centrale nucléaire à grande échelle sur le site de Bruce et trois nouveaux petits réacteurs modulaires près de la centrale Darlington.

Ces projets, suffisants pour alimenter six millions de foyers, aideront l’Ontario à mettre fin à sa dépendance au gaz naturel pour produire de l’électricité, a indiqué M. Smith, mais l’engagement d’un moratoire en 2027 et l’élimination du gaz naturel d’ici 2050 dépendent de l’aide du gouvernement fédéral à accélérer les nouvelles installations nucléaires.

Les projets de construction dans le secteur nucléaire et les contrats de production d’électricité «sans émissions» font partie d’une stratégie publiée lundi par le ministre Smith, «Alimenter la croissance de l’Ontario». Cette stratégie prévoit notamment des mesures afin de préparer le système d’approvisionnement en électricité en Ontario pour la période 2030-2050.

En entrevue, M. Smith a assuré que cette stratégie engage l’Ontario à travailler vers un réseau 100 % propre. 

«J’espère que le gouvernement fédéral pourra accepter nos intentions de construire cette génération propre le plus rapidement possible …  Cela nous mettra dans une bien meilleure position pour utiliser moins nos installations de gaz naturel à l’avenir, si nous parvenons à mettre ces nouveaux projets en service». 

La Société indépendante d’exploitation du réseau d’électricité (IESO) a souligné que le gaz naturel est nécessaire pour assurer l’approvisionnement et la stabilité à court et à moyen terme, mais qu’il augmentera également les émissions de gaz à effet de serre du secteur de l’électricité.

Véhicules électriques 

La province devrait faire face à une hausse de la demande d’électricité en raison de l’utilisation et de l’augmentation de la fabrication accrues de véhicules électriques au cours des prochaines années.

Keith Brooks, directeur des programmes pour Défense environnementale Canada, a déclaré que le plan de l’Ontario aurait pu être beaucoup plus solide, contenant des échéanciers et des engagements fermes.

«Ce plan ne s’engage pas à éliminer les émissions du système», a-t-il déclaré.

«Il ne s’engage pas à atteindre l’objectif de carboneutralité, ne fixe pas d’échéancier pour un objectif de carboneutralité et n’a aucune projection concernant les émissions du secteur de l’électricité de l’Ontario à l’avenir. En fait, ce n’est pas vraiment un plan. Il ne fixe pas de véritables objectifs et ne projette pas ce à quoi pourrait ressembler la composition de l’approvisionnement de l’Ontario.»

L’Institut canadien du climat a applaudi l’accent mis par le plan sur la réduction de la dépendance à l’égard de la production au gaz et l’accent mis sur la production non émettrice, mais a également mentionné qu’il y avait encore des points d’interrogation.

«Le plan ne dit rien sur l’intention de la province de construire de nouvelles installations de production au gaz», a écrit dans un communiqué le directeur principal de la recherche, Jason Dion. 

«La province devrait éviter de construire de nouvelles usines à gaz, car des alternatives rentables sont disponibles, et ces installations risquent de devenir des actifs bloqués. Le calendrier de la province pour atteindre la carboneutralité n’est pas non plus clair. Le Canada et d’autres pays du G7 ont fixé un objectif pour 2035, ce que l’Ontario devra faire si elle veut rester compétitive». 

Le ministre Smith affirme que le nouvel approvisionnement prévu en énergie verte — éolienne, solaire, hydroélectrique et biogaz — s’accordera bien avec les récents approvisionnements en «stockage d’énergie de longue durée», de sorte que l’électricité générée par des panneaux solaires, par exemple, pourrait être stockée puis injectée dans le réseau au moment opportun. 

L’Ontario envisage également deux nouveaux projets de stockage par pompage, dans lesquels l’eau est pompée dans un réservoir lorsque la demande d’électricité est faible, puis libérée par une turbine pour produire de l’électricité lorsque la demande est plus élevée. Le stockage de la pompe peut distribuer de l’énergie pendant huit heures, contre quatre pour le stockage actuel de la batterie, a précisé M. Smith.

Un projet potentiel de stockage par pompage à Meaford, en Ontario, par TC Energy en collaboration avec la nation Saugeen Ojibway vise à stocker suffisamment d’énergie pour alimenter un million de foyers pendant 11 heures et devrait être en service au début des années 2030.

Critiques sur la gestion de l’Ontario

Les critiques soutiennent que l’Ontario ne serait pas dans une telle crise d’approvisionnement en électricité si le gouvernement progressiste-conservateur n’avait pas annulé 750 contrats d’énergie verte au cours de son premier mandat.

M. Smith a affirmé que c’était une décision nécessaire à l’époque.

«Nous avons dû annuler ces projets à ce moment-là, a-t-il expliqué. Nous avions une offre excédentaire d’électricité. La demande dans la province est restée stable pendant 18 ans. Nous perdions des emplois manufacturiers au profit d’autres juridictions et nous payions ces projets bien plus cher que le prix du marché.»

La colère suscitée par l’augmentation des factures d’électricité était grande lorsque l’ancien gouvernement libéral a perdu les élections en 2018, passant d’une majorité à un nombre insuffisant de sièges nécessaires pour obtenir le statut de parti officiel à l’Assemblée législative.

Les libéraux avaient accordé aux producteurs d’électricité des contrats à long terme à des tarifs supérieurs à ceux du marché afin d’assurer un approvisionnement régulier, mais cela signifiait que les tarifs pour les consommateurs augmentaient considérablement tandis que le prix moyen du marché de l’électricité chutait.

La stratégie publiée lundi indique également que la IESO envisagera de nouvelles lignes, notamment entre Toronto et Sudbury et dans la région du Grand Toronto.