L’ombud des anciens combattants souligne des iniquités de traitement pour les femmes

OTTAWA — L’ombud des vétérans du Canada souligne que les femmes qui ont servi dans les Forces armées canadiennes font face à des obstacles et à des préjugés inacceptables lorsqu’il s’agit d’accéder à l’aide fédérale pour des dysfonctions sexuelles.

Ce rappel survient quatre ans après qu’Anciens Combattants Canada a facilité la tâche aux vétérans de sexe masculin qui veulent obtenir un traitement et une indemnisation pour une dysfonction érectile, consécutive à un autre trouble psychologique ou son traitement, comme la prise d’un médicament.

La décision de simplifier ce processus est intervenue après des liens clairs établis entre les dysfonctions sexuelles et les diagnostics du trouble de stress post-traumatique (TSPT), de la dépression, de l’anxiété et d’autres troubles mentaux, ainsi que leur traitement.

Par contre, le rapport de l’ombud Nishika Jardine souligne que les femmes n’ont pas bénéficié d’une telle simplification du processus de traitement des demandes dans le cas de leurs réclamations pour dysfonctionnement sexuel.

Le rapport signale pourtant que les femmes sont aussi susceptibles que les hommes, sinon plus, de souffrir de dysfonctionnements sexuels à cause de tels troubles psychologiques.

Le ministère des Anciens Combattants «rationalise les demandes pour les hommes vétérans souffrant d’une dysfonction érectile causée par des médicaments visant à traiter des troubles psychiatriques, écrit Mme Jardine dans son rapport publié jeudi.

«Les demandes liées à la dysfonction sexuelle pour les femmes vétéranes ne présentent pas de processus équivalent. Pourtant, la recherche montre que les médicaments visant à traiter les troubles psychiatriques comme le TSPT provoquent une dysfonction sexuelle chez les hommes et les femmes.»

Le résultat est que les vétéranes sont plus susceptibles d’avoir à attendre plus longtemps pour une indemnisation et un accès au traitement des dysfonctionnements sexuels que leurs homologues masculins, selon le rapport.

Manque de clarté

Mme Jardine, colonelle à la retraite, conteste également la façon dont Anciens Combattants Canada traite les réclamations pour dysfonction sexuelle des vétéranes, car le personnel n’a pas reçu d’instructions sur la façon d’évaluer correctement ces conditions, y compris la diminution de la libido.

«Le manque de clarté entourant la définition et la prise de décisions concernant la diminution de la libido nous a tourmentés pendant toute la durée de cette enquête, lit-on dans le rapport. 

«Cette incapacité à définir et à expliquer clairement le processus de prise de décisions en cas de diminution de la libido indique que les décideurs n’ont pas été clairement guidés, ce qui contraste fortement avec le processus rationalisé pour les dysfonctions sexuelles masculines les plus courantes.»

Mme Jardine a également fait part de ses inquiétudes quant à la quantité limitée d’informations dont disposait Anciens Combattants en ce qui concerne le nombre d’anciens membres des Forces armées qui avaient indiqué qu’ils souffraient d’un dysfonctionnement sexuel.

Anciens Combattants a signalé que plus de 3900 anciens combattants de sexe masculin avaient été approuvés pour un traitement et une indemnisation en mars 2021. La grande majorité de ces dossiers était liée à la dysfonction érectile.

Cependant, selon le rapport de l’ombud, «le nombre de clientes ayant une affection de dysfonction sexuelle ouvrant droit à des prestations d’invalidité n’est pas clair parce que leurs demandes sont combinées avec toutes les demandes des clientes pour des affections de l’appareil reproducteur ou des voies urinaires».

Ce n’est pas la première fois que l’ombud des vétérans s’inquiète du traitement inéquitable des femmes. En 2018, l’ombudsman avait constaté que les femmes devaient attendre beaucoup plus longtemps que les hommes pour que leurs demandes d’invalidité soient traitées par Anciens Combattants.