L’initiative «Le 12 août, j’achète un livre québécois» célèbrera ses 10 ans

MONTRÉAL — L’initiative «Le 12 août, j’achète un livre québécois» célébrera ses 10 ans samedi prochain. Un anniversaire qui réjouit les fondateurs de cette journée, les auteurs Amélie Dubé et Patrice Cazeault, qui étaient loin de penser que leur cri du cœur de 2014 se rendrait aussi loin. 

Les deux auteurs, alors en début de carrière, avaient lancé la journée du 12 août à une époque ardue pour le milieu littéraire québécois. 

«Le discours ambiant, c’était comment c’était complexe, comment c’était difficile, comment le milieu littéraire était en difficulté, les librairies, les éditeurs», raconte Patrice Cazeault, au bout du fil. 

À la recherche de solutions, Patrice Cazeault et Amélie Dubé en sont venus à la conclusion que pour vendre plus de livres, il faut davantage de demandes du public. «On savait que l’offre était là, mais que la demande avait besoin d’être stimulée», détaille Amélie Dubé. 

«On avait eu l’idée un peu folle, on va inviter les gens à une date précise, à une date très simple, d’aller se procurer un livre québécois. Et puis, ça a été, depuis ce temps-là, un feu d’artifice, ça a fait boule de neige, explique Patrice Cazeault. Dès la première édition (en 2014), on avait été renversé par le succès que ça avait eu.»

Selon le bilan Gaspard produit par la Banque de titres de langue française (BTLF), les ventes d’ouvrages de fiction québécois se sont multipliées par trois le 12 août 2014,par rapport aux journées de ventes régulières des semaines précédentes. En 2022, leurs ventes se sont multipliées par sept. 

«C’est très au-delà de mes espérances, évoque Amélie Dubé. C’est spécial de voir que ça continue, que ça grossit encore, qu’il y a encore plus de gens, tout le temps.»

«On ne s’attendait pas à ce que ça prenne cette envergure-là», renchérit Patrice Cazeault. 

La «fête du livre»

Pour les librairies, le 12 août est devenu une véritable «fête du livre», explique Patrice Cazeault. 

«J’ai énormément de témoignages de libraires qui me disent : cette journée-là, je sens que je fais une différence. Les gens, ils viennent pour un livre québécois, ils me demandent mon avis, ils me demandent conseil», raconte l’auteur. 

Depuis le «premier 12 août» l’intérêt pour la littérature québécoise se fait grandissant tout au long de l’année, selon Patrice Cazeault. Si la pandémie a redonné un élan à l’achat local, l’initiative du 12 août a aussi contribué à faire changer les choses.

«Il y a dix ans, lorsqu’on a lancé l’événement, c’était dur de trouver des livres québécois, ils n’étaient pas mis en valeur, ils étaient durs à trouver dans les librairies. C’était caché, on en parlait peu, évoque-t-il. Maintenant, on rentre dans les grandes surfaces, dans les librairies indépendantes, les livres québécois, ils sont souvent mis en évidence, ils sont sur des tablettes, sur des cubes, on les voit facilement.»

Patrice Cazeault souligne également que son initiative a contribué à faire connaître au public une plus grande variété d’auteurs. 

«Une des grandes fiertés que j’ai avec le 12 août, une des (statistiques) c’est que chaque année, il y a de plus en plus d’auteurs différents qui sont découverts le 12 août», dit-il. 

Selon Amélie Dubé, les Québécois «ont décidé de commencer par regarder ce qui vient d’ici avant de regarder ce qui vient d’ailleurs». 

Tout cet engouement résulte d’un simple appel à l’achat de livres québécois sur les réseaux sociaux. 

«En termes d’organisation, c’est tout simple. Ma collègue et moi, on lance l’appel sur les réseaux sociaux, et c’est vraiment les participants qui s’en emparent, qui relaient ça, qui en parlent autour d’eux. Les gens en ont vraiment fait une tradition», affirme Patrice Cazeault, disant qu’il souhaite que l’événement conserve cette formule. 

Amélie Dubé espère pour sa part que cette initiative «devienne une date permanente sur le calendrier» au courant des prochaines années.