L’incendie qui a tué sept personnes dans le Vieux-Montréal était d’origine criminelle

MONTRÉAL — C’est une main criminelle qui a causé la mort de sept personnes dans l’édifice patrimonial rasé par les flammes sur la Place d’Youville, dans le Vieux-Montréal, le 16 mars dernier.

Dans une brève conférence de presse, lundi, l’inspecteur David Shane, du Service de police de la Ville de Montréal, a confirmé que «la cause accidentelle est maintenant écartée. Nous parlons donc désormais d’une enquête criminelle». 

En d’autres termes, si une personne suspecte devait être épinglée pour avoir mis le feu au bâtiment qui abritait illégalement des logements de type Airbnb, elle pourrait ainsi faire face à plusieurs accusations, allant jusqu’à sept chefs de meurtre.

Présence d’un accélérant confirmée

L’inspecteur Shane a précisé que les enquêteurs «ont d’ailleurs identifié une zone où a débuté l’incendie et je peux vous confirmer que des traces d’accélérant ont été trouvées, ce qui a pu contribuer à expliquer la vitesse de propagation du brasier, combinée à la structure patrimoniale de l’immeuble».

Le policier a toutefois refusé de donner plus de détails, tant sur le type d’accélérant, l’endroit où celui-ci a été trouvé que sur l’existence ou non d’un suspect.

Il a ajouté que l’enquête du coroner dans cette affaire a été suspendue en attendant la fin de l’enquête criminelle, de même que de l’éventuel processus judiciaire si quelqu’un devait être traduit devant les tribunaux pour ce crime.

Négligence criminelle du propriétaire?

Quant à la possibilité de porter des accusations de négligence criminelle contre le propriétaire de l’édifice, Me Émile Benamor, celle-ci n’est pas écartée. «Le spectre est large. Le volet accidentel est mis de côté; dans le volet criminel, il y a toutes sortes d’infractions possibles qui peuvent avoir été commises et tout est ouvert au moment où l’on se parle», a simplement dit l’inspecteur Shane.

À ce sujet, le quotidien La Presse avait découvert, en avril, que celui-ci avait fait l’objet de multiples avis d’infraction au fil des ans en raison de l’inaccessibilité de certains escaliers de secours, de l’absence de portes coupe-feu et de détecteurs de fumée. Me Benamor s’en était toutefois défendu.

Demande d’action collective en attente

Par ailleurs, Randy Sears, qui a perdu son fils Nathan dans l’incendie, est à l’origine d’une demande d’action collective à la Cour supérieure dans laquelle il réclame 22 millions $ en dommages.

Sa requête vise tant Emile Benamor que celui qui louait des logements pour Airbnb, Tarik Hassan, et la compagnie Airbnb elle-même, les deux derniers étant notamment visés pour avoir loué des appartements en contravention avec les lois et règlements provinciaux et municipaux. 

Nathan Sears, âgé de 35 ans, était un docteur en science politique en provenance de Toronto qui se trouvait à Montréal pour assister à une conférence internationale. Les six autres victimes sont Charlie Lacroix, 18 ans, Walid Belkahla, 18 ans également, An Wu, Dania Zafar et Saniya Khan, toutes trois âgées de 31 ans, et Camille Maheux, 76 ans. En tout, 22 personnes se trouvaient dans l’édifice quand l’incendie, qui a également fait neuf blessés, s’est déclaré.