Les psychologues du public veulent leur propre syndicat pour un meilleur salaire

MONTRÉAL — Des psychologues et neuropsychologues se mobilisent pour réclamer un meilleur accès aux soins psychologiques dans le réseau public et de meilleures conditions de travail afin de freiner l’exode des professionnels vers le privé. 

La Coalition des psychologues du réseau public québécois (CPRPQ) a tenu une manifestation dimanche après-midi au square Dorchester, à Montréal, pour faire entendre leurs demandes auprès du gouvernement. 

Leur principale revendication est un changement à la loi sur les unités de négociation dans le secteur des affaires sociales afin de pouvoir créer un syndicat de psychologues du réseau public, dans l’espoir de régler la pénurie.

Présentement, la voix de ceux et celles travaillant dans les services sociaux, en santé et en éducation est noyée parmi plus d’une centaine de corps d’emploi et répartie dans quatre centrales syndicales, mentionne la présidente de la CPRPQ.

«On est les seuls à avoir un doctorat obligatoire, et donc, on commence à travailler vers l’âge de 30 ans. Ce n’est pas pris en considération du point de vue salarial. Nos intérêts et nos problématiques spécifiques ne peuvent pas être amenés à la table de négociations», explique la Dre Karine Gauthier en entrevue téléphonique. 

La rémunération plus élevée représente la principale motivation des finissants en psychologie à choisir le privé plutôt que le public, selon un sondage. Viennent ensuite les enjeux de l’autonomie professionnelle. 

Environ 75 % des doctorants vont directement vers le privé à la fin de leurs études, indique la Dre Gauthier qui œuvre dans un hôpital pédiatrique. 

Et dans les cinq premières années de leur carrière, plus de 40 % des finissants ayant choisi les institutions publiques décident finalement d’opter pour le privé, ajoute la présidente de la Coalition. 

Le réseau public devrait recruter l’ensemble des doctorants afin de maintenir le même niveau actuel d’effectifs, selon le portrait de la main-d’œuvre du ministère de la Santé et des Services sociaux. 

Seulement pour le réseau de la santé, d’ici 2023, il manquera près de 900 psychologues dans le secteur de la santé, d’après la CPRPQ. 

Ce manque d’effectifs a pour conséquence d’entrainer des délais importants avant une rencontre avec un psychologue dans le réseau public. 

L’attente s’élève en moyenne de six mois à deux ans, mais souvent plus, déplore la Dre Gauthier. Ce qui a des conséquences importantes si les services d’un psychologue ou d’un neuropsychologue n’interviennent pas au bon moment chez un patient. 

«Ça peut aller de l’augmentation de la complexité des problématiques jusqu’à des tentatives de suicide et des décès, énumère la Dre Gauthier. C’est urgent d’améliorer l’accès pour les plus vulnérables.»

En octobre dernier, la CPRPQ avait déposé au gouvernement un mémoire dans lequel elle présente un plan pour améliorer l’accès aux psychologues. Celui-ci proposait un investissement de 155 M$ en embauchant 450 psychologues et avec un rattrapage salarial de 30 %. 

En retour, Québec parviendrait à réaliser des économies récurrentes annuelles de 383 M$ sur le plan des hospitalisations et des visites médicales, notamment, selon les calculs du regroupement, qui souhaite une meilleure reconnaissance de la profession. 

La Coalition des psychologues du réseau public québécois est un organisme sans but lucratif qui compte plus de 1200 membres. 

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Cet article a été produit avec le soutien financier des Bourses Meta et La Presse Canadienne pour les nouvelles.