Les libéraux et les néo-démocrates en Ontario partagent plusieurs promesses

TORONTO — De la réduction de la taille des classes à l’abolition des foyers de soins de longue durée à but lucratif, en passant par les remises pour l’achat de véhicules électriques: les promesses similaires ou semblables abondent dans les plateformes du NPD et des libéraux de l’Ontario, dans une course où les chefs n’ont pas exclu de travailler ensemble.

La cheffe du Nouveau Parti démocratique (NPD), Andrea Horwath, et le chef libéral, Steven Del Duca, ont en tous cas déclaré jeudi qu’ils n’appuieraient pas un gouvernement minoritaire progressiste-conservateur.

Les sondages suggèrent que les progressistes-conservateurs sont sur le point d’être réélus, mais s’ils ne parviennent pas à obtenir une autre majorité, Mme Horwath et M. Del Duca auront des décisions à prendre. S’ils ne voulaient pas faire tomber le gouvernement immédiatement, ils pourraient choisir de soutenir l’autre parti qui a obtenu plus de sièges, ou de collaborer avec lui sous une forme ou une autre.

M. Del Duca a déclaré jeudi qu’il était prêt à travailler dans un scénario de gouvernement minoritaire avec tout autre parti qui partagerait ses priorités, comme des investissements dans l’éducation publique et les soins aux personnes âgées.

«Doug Ford n’est pas capable de diriger cette province. Ça ne veut pas dire qu’il n’y a peut-être pas des gens, ici, dans ma communauté, qui auraient pu voter conservateur dans le passé et qui pourraient partager mon désir d’investir dans l’éducation publique. Si c’est le cas — et je crois que ça l’est —, alors je suis prêt à travailler avec tous ceux qui veulent des classes plus petites et une dignité financière, et une révolution des soins aux personnes âgées et un plan pour lutter contre la crise climatique.»

De passage à Vaughan, jeudi, M. Del Duca a parlé d’un plan visant à limiter la taille des classes à 20 élèves, pour tous les niveaux, et à embaucher 10 000 enseignants supplémentaires. 

«Les libéraux ont eu 15 ans»

Les néo-démocrates, de leur côté, ont notamment promis en matière d’éducation de limiter à 24 élèves les classes de la 4e à la 8e année, et d’embaucher 20 000 enseignants et travailleurs de l’éducation.

Mme Horwath n’a pas voulu spéculer jeudi sur l’éventualité de travailler avec M. Del Duca — elle fait campagne pour être première ministre afin de donner la priorité au système d’éducation publique.

«Peu importe ce que Steven Del Duca dit maintenant, il avait 15 ans pour s’assurer que nous avions des classes plus petites, et les libéraux ont refusé de le faire», a-t-elle déclaré, faisant référence au gouvernement libéral de 2003 à 2018, dans lequel M. Del Duca a été ministre plusieurs années.

Les libéraux n’ont pas encore publié leur plateforme complète, mais les similitudes dans les promesses entre les deux partis ne s’arrêtent pas à l’éducation.

Les deux s’engagent à annuler le projet de construction de l’autoroute 413, à réduire les émissions de gaz à effet de serre de 50 % sous les niveaux de 2005 d’ici 2030, à atteindre la carboneutralité d’ici 2050, à étendre la «Ceinture verte» protégée, à offrir des remises pour les véhicules électriques, à planter des millions d’arbres, à éliminer les foyers à but lucratif de soins de longue durée, à augmenter les salaires des préposés aux bénéficiaires, à couvrir entièrement les médicaments pour prévenir et traiter le VIH, et à abroger le «projet de loi 124», qui a plafonné les augmentations de salaires dans les secteurs publics et parapublics. 

Ils ont également tous deux promis, entre autres, de nommer un ministre de la lutte contre le racisme, d’appliquer la loi sur la transparence des salaires, d’inscrire dans la loi 10 jours de congés de maladie payés, d’augmenter le salaire minimum et d’autoriser les travailleurs de «l’économie à la demande» à être considérés comme employés, entre autres.

Les électeurs n’épluchent pas les plateformes

Colin MacDonald, directeur de la société d’affaires publiques Navigator et ancien membre du personnel libéral, a déclaré que la plupart des électeurs ne passent pas leurs journées à parcourir les plateformes. «Ça dépend en grande partie de la façon dont les chefs se comportent, du professionnalisme et de la qualité de la campagne, des candidats, et des antécédents en matière de prestation et d’efficacité, que ce soit au gouvernement ou dans l’opposition», a-t-il soutenu.

Les électeurs fondent aussi leurs décisions sur les quelques enjeux qui sont les plus importants pour eux, sur la probabilité qu’un parti agisse sur ces priorités, ou sur le parti qui semble le plus susceptible de renverser un gouvernement qu’ils n’aiment pas, a déclaré M. MacDonald.

Le NPD et les libéraux ont tous deux concentré leurs messages sur ce dernier point: ils font valoir aux électeurs qu’eux seuls peuvent battre Doug Ford. Les néo-démocrates soulignent qu’ils sont bien plus avancés en termes de députés sortants, tandis que les libéraux disent qu’historiquement, ils sont plus susceptibles de gagner une élection.

Pas naturel pour les libéraux

Les similitudes de plateformes ne sont probablement pas dues à une sorte de geste calculé en vue d’une éventuelle coalition, a déclaré Karl Baldauf, vice-président du McMillan Vantage Policy Group. Et pour M. Del Duca, il n’y a peut-être pas d’avantage à envisager ce genre de scénario, a-t-il déclaré.

«Une coalition dirigée par le NPD, que les libéraux devraient probablement envisager sérieusement, présenterait, je pense, un défi générationnel pour le Parti libéral de l’Ontario: être un partenaire junior», a déclaré M. Baldauf, un ancien membre du personnel progressiste-conservateur.

Lors de sa campagne, jeudi, M. Ford a quant à lui déclaré que les électeurs auront un choix clair, le 2 juin, «entre un gouvernement qui fait avancer les choses, ou qui construit — encore — des routes, des hôpitaux, des écoles, dans tous les domaines, qui remet de l’argent dans les poches des gens, qui crée des centaines de milliers d’emplois».

«L’autre choix est de rester assis là et de constater ce qui s’est passé pendant 15 ans: ils ont détruit notre province. Ils parlent, parlent, parlent, ils ont créé comité après comité, réunion après réunion. Rien n’a été fait.»