Les femmes bienvenues à venir travailler à la mine Jansen, en Saskatchewan

À plus de 14 000 kilomètres de son siège social de Melbourne, en Australie, BHP a déclaré avoir atteint son objectif d’« équilibre entre les sexes » pour sa main-d’œuvre locale en Saskatchewan.

Les femmes représentent de 43% de la main-d’œuvre de son projet de mine de potasse Janssen et de son siège social de Saskatoon. C’est la première fois qu’une installation de BHP atteint cette cible établie en 2016 dans le monde.

La multinationale australienne avait alors annoncé son objectif d’atteindre la parité hommes-femmes – définie par l’entreprise comme un minimum de 40% de femmes – au sein de son effectif mondial d’ici fin 2025.

Occasion unique

Parvenir à atteindre cet objectif n’est pas une mince affaire dans un secteur où le travailleur type a longtemps été un homme costaud et coiffé d’un casque de sécurité. Pas plus tard qu’en 2019, au Canada, les statistiques du gouvernement fédéral montraient que seulement 14% de la main-d’œuvre du secteur minier au pays étaient des femmes.

L’exploitation minière est tellement dominée par les hommes que les rares employées féminines arrivent souvent à leur nouvel emploi et ne trouvent même pas de combinaison qui leur va, raconte Charlie Elke, une femme de 28 ans qui travaille au projet Jansen en tant que surintendante de camp et logistique.

«Souvent, ces uniformes n’étaient auparavant proposés que dans des tailles pour hommes», dit Mme Elke, ajoutant que le fait que BHP propose des uniformes de plus petites tailles est l’un des facteurs qui lui ont permis de se sentir la bienvenue en tant que femme.

L’accent croissant mis sur l’investissement ESG (environnemental, social et de gouvernance) et l’évolution des normes sociétales signifient que de nombreuses entreprises cherchent aujourd’hui à rendre leurs lieux de travail plus inclusifs.

BHP avait une occasion unique en Saskatchewan de constituer une main-d’œuvre minière moderne, car elle la formait à partir de zéro. La mine de potasse Jansen, dont la première phase sera opérationnelle en 2026, est une toute nouvelle mine.

La potasse est un minéral essentiel utilisé dans la production d’engrais et très demandé dans le monde entier. Une fois terminé, le site Jansen sera l’une des plus grandes mines de potasse au monde.

Caroline Cox, directrice des affaires juridiques, de la gouvernance et des affaires extérieures de l’entreprise, a déclaré que l’utilisation de ce projet pour aider à corriger le déséquilibre historique entre les sexes dans l’industrie minière était un « impératif commercial » pour BHP.

Les propres données de l’entreprise démontraient déjà que ses sites avec une proportion plus élevée d’employées féminines avaient tendance à être plus performants en termes de sécurité, de culture et de moral au travail et de production globale.

Pénurie de main-d’œuvre

En outre, l’entreprise savait qu’elle devait élargir son réseau de recrutement pour avoir une chance de doter entièrement son projet Jansen, qui devrait créer jusqu’à 600 emplois à temps plein une fois opérationnel.

Selon un récent rapport de Deloitte, la Saskatchewan est confrontée à une importante pénurie de main-d’œuvre, le nombre d’emplois vacants dans les secteurs minier, pétrolier et gazier de la province ayant augmenté de 132%  depuis le début de 2019.

Le rapport révèle également que même si un employeur minier sur cinq en Saskatchewan affirme que la pénurie de main-d’œuvre constitue un obstacle majeur à ses activités commerciales, seulement 11% des Canadiens âgés de 15 à 30 ans affirment qu’ils travailleraient probablement ou certainement dans l’industrie minière.

Mme Cox a déclaré que l’un des défis auxquels BHP est confronté est l’accès aux talents et que la concurrence pour les travailleurs est élevée.

Pour constituer une main-d’œuvre plus inclusive, BHP a mis en œuvre des mesures chez Jansen, comme des dortoirs entièrement féminins pour les femmes de son équipe de construction et des campagnes à l’échelle de l’entreprise sur le genre et le respect sur le lieu de travail.

En outre, les managers de BHP sont tenus d’identifier tout écart salarial fondé sur le sexe au sein de leurs équipes et de prendre des mesures pour y remédier, a rapporté Mme Cox.

L’entreprise propose également un programme de préparation aux métiers, afin de fournir aux femmes les compétences de base dont elles ont besoin pour devenir techniciennes d’équipement lourd, mécaniciennes industrielles et autres rôles généralement à prédominance masculine.

En plus de recruter davantage de femmes dans son effectif, BHP vise également à augmenter la représentation autochtone au sein de son effectif de Jansen de 8 % actuellement à 20 % d’ici la fin de 2026.

Andrew Swart, associé directeur pour les ressources énergétiques et industrielles canadiennes chez Deloitte, a déclaré que la Saskatchewan est actuellement la première juridiction minière du Canada, avec de riches gisements non seulement de potasse, mais aussi d’uranium et une variété de minéraux critiques.

Mais il a ajouté qu’avec le manque de milliers de travailleurs attendu dans le secteur dans les années à venir, les entreprises ne réussiront pas si elles ne parviennent pas à trouver comment exploiter des réserves de main-d’œuvre jusqu’alors inexploitées.

«Il ne s’agit pas seulement d’une pénurie de compétences, mais il y a aussi toute une génération de baby-boomers qui vont prendre leur retraite dans les dix prochaines années», a rappelé M. Swart.

Manque de services de garde

Mme Cox a déclaré que BHP avait encore du travail à faire, en particulier en matière de garde d’enfants. Le manque d’accès aux services de garde d’enfants demeure un obstacle majeur à l’entrée des femmes sur le marché du travail, en particulier dans les communautés éloignées.

Mais elle a déclaré que l’entreprise était fière de ce qu’elle avait fait jusqu’à présent, notamment de ses efforts pour faire comprendre que fixer des objectifs en matière de diversité ne signifiait pas que BHP cherchait à exclure les hommes.

Mme Elke a déclaré que travailler sur le site de potasse Jansen l’a aidée à développer des compétences en leadership et à faire progresser sa carrière d’une manière qu’elle n’aurait jamais cru possible.

«Tous ceux avec qui j’ai travaillé sur place ont été très encourageants, a-t-elle témoigné. Et en fait, beaucoup d’hommes avec qui je travaille sont les premiers à me dire qu’ils remarquent mon éthique de travail et me disent que je vais bien réussir.»