Les concepts de «décroissance» et de «mode de vie sobre» s’invitent à la COP15

Montréal accueillera dans les prochains jours plus de 20 000 personnes provenant de 196 pays, dont des membres de gouvernements du monde entier, pour tenter de freiner la détérioration de la biodiversité. Des organisations de la société civile souhaitent que la Conférence des parties (COP15) sur la biodiversité à Montréal soit l’occasion de réfléchir au rôle de l’économie de marché dans le déclin du vivant.

Les COP sur le climat et la biodiversité se suivent et souvent se ressemblent. Les dirigeants du monde se réunissent pour fixer des cibles à atteindre sur une période de plusieurs années. Au bout de cette période, même si plusieurs des objectifs ne sont pas atteints, de nouveaux sommets ont lieu pour fixer de nouveaux objectifs encore plus ambitieux.

Mais des membres de la société civile doutent qu’il soit possible d’atteindre ces objectifs et freiner les crises de la biodiversité et des changements climatiques sans remettre en question le système économique basé sur la croissance à tout prix.

«Le fruit est mûr pour entreprendre cette discussion-là, de façon sereine», a indiqué Alain Branchaud, directeur général de la SNAP Québec.

Ouvrir un dialogue

SNAP Québec fait partie du Collectif COP15, qui regroupe 80 organisations québécoises et qui souhaite profiter de la conférence à Montréal pour ouvrir un dialogue sur les changements économiques qui s’imposent pour protéger la biodiversité.

Le Collectif a obtenu l’autorisation d’organiser des événements parallèles tout au long de la COP15 au Pavillon du Canada, à l’intérieur du Palais des congrès de Montréal qui est officiellement devenu un territoire international jeudi matin.

Plusieurs chercheurs, provenant des quatre coins du monde, ont été invités par le collectif pour animer et participer à différents ateliers afin de réfléchir sur les changements qui peuvent être apportés à notre économie et à notre système de valeurs afin de freiner la destruction des écosystèmes.

«On a invité des intellectuels de partout dans le monde qui ont réfléchi à comment opérer ces changements-là», a expliqué Alain Branchaud à La Presse Canadienne.

Les titres de certaines conférences sont évocateurs, par exemple: «Comment aller au-delà de la croissance économique?», «Décroissance: les premiers jalons à poser d’ici cinq ans», «À quoi ressemble un mode de vie sobre?».

Après la tenue de ces ateliers, qui se dérouleront sur plusieurs jours, Alain Branchaud a expliqué que le collectif organisera «une grande conférence» pour faire le bilan «des solutions aux changements systémiques qu’on doit opérer non seulement au niveau de système économique, mais aussi au niveau de notre système de valeur», en ajoutant que des élus devraient participer à cet événement, sans toutefois donner plus de détails pour le moment.

M. Branchaud a précisé qu’il préfère parler de «changement systémique à l’économie» plutôt que de «décroissance économique».

Son organisation souhaite que la réflexion sur notre système économique et les valeurs de notre société fasse partie du legs de la COP15 à Montréal.

«On souhaite lancer un grand cri à toute la planète pour faire en sorte qu’il n’y ait plus aucune COP, que ce soit des COP sur le climat ou sur la biodiversité, qui ait lieu sans accélérer et poursuivre la discussion sur les changements systémiques et sur les mécanismes à identifier pour changer notre modèle économique qui est axé sur la croissance.»

Depuis le début des années 1970, les populations de mammifères, d’oiseaux, d’amphibiens, de reptiles et de poissons ont connu un déclin de 69 %, en moyenne, selon une récente étude du Fonds mondial pour la nature (WWF). 

La protection d’au moins 30 % de la planète d’ici à 2030 et la restauration de 20 % des écosystèmes d’eau douce, marins et terrestres dégradés, sont parmi les principaux objectifs de la COP15, qui se déroulera du 7 au 19 décembre au Palais des congrès.

Le sommet doit aboutir à l’adoption du Cadre mondial de la biodiversité pour la décennie 2020-2030.

Ce cadre doit succéder aux objectifs d’Aichi, qui font référence à la ville japonaise où le cadre de 2010-2020 a été négocié.

Les pays ont échoué à respecter le plan stratégique négocié à Aichi. 

«Aucun des objectifs d’Aichi pour la biodiversité ne sera entièrement réalisé», soulignait en 2020 un rapport des Nations unies.