Les audiences publiques concernant un familicide en 2019 débutent lundi

MONTRÉAL — Les audiences publiques concernant un familicide survenu en 2019, qui a coûté la vie à une mère et à ses deux enfants dans l’arrondissement de Pointe-aux-Trembles, à Montréal, débutent lundi au point de service de justice de Joliette.

En juillet 2022, la coroner en chef, Pascale Descary, avait ordonné une enquête publique sur l’assassinat de Dahia Khellaf, âgée de 42 ans, et de ses deux fils de quatre et deux ans, Adam et Aksil, ainsi que le suicide de Nabil Yssaad, 46 ans, conjoint de Mme Khellaf et père des deux enfants.

Me Descary avait fait cette annonce à la suite du dépôt de quatre rapports accablants du coroner Alain Manseau sur ce familicide.

Nabil Yssaad s’était rendu dans un hôpital de Lanaudière où il s’était jeté dans le vide depuis le sixième étage le 10 décembre 2019, et c’est en voulant avertir ses proches que les policiers avaient ensuite découvert les trois corps allongés côté à côte dans le lit de Mme Khellaf. Tout indique, selon le coroner Manseau, que les trois avaient été étranglés dans leur sommeil avec un câble électrique.

Le couple avait été uni par un mariage arrangé lors d’un voyage de Mme Khellaf en Algérie, son pays d’origine, en 2012. Elle était alors revenue seule et avait parrainé l’entrée de son mari, arrivé au Canada en 2014.

La relation s’est détériorée dès l’arrivée de M. Yssaad au Québec en 2014. Les rapports du coroner Manseau se lisent comme une longue suite croissante de propos réducteurs et méprisants à son égard, de menaces, de gestes violents qui devaient donner lieu à des interventions répétées des policiers qui devaient aboutir à une décision de divorcer de la part de Mme Khellaf en 2018, démarche abandonnée lorsqu’elle a découvert qu’elle n’était pas admissible à l’aide juridique.

Le climat conjugal ne devait pas s’améliorer et elle s’était rendue au poste de police de son quartier où elle avait dénoncé son mari pour des menaces de mort en août 2018.

Il s’est alors amorcé une ronde d’arrestations, de mises en accusation, de remises en liberté, de non-respect des conditions et de constants mensonges aux autorités de Yssaad, qui se moquait ouvertement, même devant les juges, des conditions qu’on lui imposait.

Ce sont pas moins d’une année et demie de procédures judiciaires pour violence conjugale qui se sont enchaînées au cours desquelles sept procureurs différents se sont succédé, dont la dernière, au début de décembre 2019, n’avait pratiquement aucune expérience en telle matière.

Dans son rapport, le coroner Manseau a formulé des reproches tant aux autorités policières que judiciaires, ainsi qu’aux différents intervenants qui n’ont pas pris la peine d’assurer un suivi adéquat de la situation malgré la dangerosité évidente de l’individu.

Dans un communiqué diffusé le 20 juillet 2022 par le Bureau du coroner, il est indiqué que «des faits nouveaux ont été portés à l’attention du Bureau du coroner qui font en sorte que la coroner en chef juge qu’il sera utile d’entendre des témoins afin d’établir les circonstances des quatre décès avec la plus grande exactitude possible».

C’est la coroner Andrée Kronström qui a été désignée pour présider l’enquête publique qui débute lundi. Elle sera assistée par Me Roxanne Lefebvre, procureure aux enquêtes publiques.

Les audiences publiques auront lieu 23 au 27 octobre, et du 6 au 10 novembre prochain.

-Avec des informations de Pierre Saint-Arnaud