Legault somme les villes d’être prudentes et de ne pas surtaxer

QUÉBEC — Le premier ministre François Legault a sommé mercredi les maires et mairesses de réduire leurs dépenses avant d’utiliser les nouveaux pouvoirs de taxation qu’il leur a récemment octroyés.

L’adoption du projet de loi 39 sur la fiscalité municipale donne non seulement le pouvoir aux villes d’ajouter une taxe sur l’immatriculation pour financer le transport collectif, mais aussi la liberté d’en fixer le montant.

Plusieurs ont accusé le gouvernement Legault de s’approprier une vieille idée de Québec solidaire qu’il avait pourtant maintes fois pourfendue et d’alourdir le fardeau fiscal des Québécois en catimini.

Mercredi, M. Legault s’est défendu de faire porter l’odieux des nouvelles taxes aux maires et mairesses. «Je veux être très clair: ce n’est pas parce qu’on a le droit de taxer plus qu’on doit taxer plus», a-t-il lancé.

«J’ai le pouvoir demain matin d’augmenter la TVQ, mais il est hors de question qu’on augmente la TVQ. Il ne faut pas juste avoir le pouvoir; il faut être capable aussi de regarder ce que les citoyens sont capables de prendre.

«Les Québécois sont surtaxés, (…) donc avant d’augmenter les taxes, (…) il faut regarder d’abord ce qu’on peut faire pour réduire nos dépenses», a-t-il laissé tomber.

Le premier ministre a fait cette mise en garde à l’occasion de la signature d’un nouveau «pacte fiscal» avec les municipalités. L’événement se tenait au chic Salon rouge de l’Assemblée nationale.

La «Déclaration de réciprocité» qui a été signée est une entente à long terme, qui ne devra pas continuellement être renégociée. 

Elle assure aux municipalités du financement pour certains de leurs enjeux primordiaux, notamment en matière d’itinérance, d’habitation et d’adaptation aux changements climatiques.

Plus tard, en mêlée de presse, M. Legault est revenu sur le sujet des taxes. «Ce que les maires nous demandaient, c’est d’avoir de la flexibilité, parce que leurs revenus viennent essentiellement des taxes foncières.

Toutefois, les maires pourraient «choisir d’en avoir moins de cette taxe» et «plus d’une autre», et «viser certains contribuables plus que d’autres pour des raisons d’équité», selon lui.

«Le message que je leur envoie, c’est que les Québécois sont déjà surtaxés, donc soyez prudents, et avant de penser à aller chercher des revenus additionnels, regardez donc pour réduire vos dépenses», a martelé le premier ministre. 

«À chaque fois, on fait l’étude de chaque moyen, a répondu en entrevue le maire de Québec, Bruno Marchand. La taxe sur l’essence à Québec, on ne l’a jamais prise. C’est un choix qu’on a fait.

«À chaque fois qu’on a un pouvoir, une possibilité, notre but, c’est de dire: « Est-ce que c’est le bon, est-ce que c’est le bon moment, est-ce que c’est la bonne façon »», a-t-il renchéri.

En vertu de la nouvelle loi sur la fiscalité municipale, en plus de taxer l’immatriculation, les maires et mairesses pourront imposer une taxe sur les logements vacants ou «sous-utilisés» afin de répondre à la crise du logement.