Legault obtient un deuxième mandat et dirigera un gouvernement fortement majoritaire

MONTRÉAL — François Legault a obtenu ce qu’il voulait: un mandat fort de la population pour avoir les coudées franches à l’Assemblée nationale et augmenter son rapport de forces avec Ottawa. 

Dès la fermeture des bureaux de scrutin, lundi soir, la Coalition avenir Québec (CAQ) de François Legault se dirigeait vers une victoire décisive, un véritable balayage confirmé en quelques minutes à travers tout le Québec, sauf sur l’île de Montréal où la CAQ n’aura que deux sièges, Pointe-aux-Trembles et Anjou–Louis-Riel. 

La Coalition avenir Québec (CAQ) de M. Legault décroche donc un deuxième mandat et dirigera un gouvernement fortement majoritaire, avec une équipe encore plus imposante que lors du premier mandat, comptant près d’une centaine de députés.

Dans son discours, devant des militants rassemblés à Québec, M. Legault a dit que sa priorité serait l’éducation, mais que «le plus pressant» était la situation économique avec la hausse du coût de la vie. Il a dit qu’il tiendrait parole et viendrait en aide aux contribuables. 

À 2h50, alors que le dépouillement des urnes était terminé, la CAQ comptait 90 candidats élus ou en avance et 41 % du vote populaire, le Parti libéral du Québec (PLQ), 21 (14,4 %), Québec solidaire (QS), 11 (15,4 % d’appui), le Parti québécois (PQ), 3 (14,6 %), et le Parti conservateur du Québec (PCQ), zéro (13 %). 

Malgré un nombre de sièges substantiellement inférieur, en termes de nombre de votes, le PQ fait mieux que le PLQ, avec 599 678 votes contre 590 171 aux libéraux. 

Avec sensiblement le même nombre de sièges qu’en 2018, Québec solidaire aura échoué dans sa tentative de former l’opposition officielle, qui demeurera entre les mains du Parti libéral du Québec, ayant réussi à conserver sa deuxième place. Le PLQ obtient en fait le pire score de son histoire récente, avec seulement 14 % d’appui populaire, et demeure pratiquement absent de toutes les régions du Québec, hormis l’ouest de Montréal et l’Outaouais. 

Dans son discours, le co-porte-parole de Québec solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois, a relancé l’idée de procéder à une réforme du mode de scrutin.

Deux des cinq chefs cherchaient à se faire élire pour la première fois à l’Assemblée nationale: le péquiste Paul St-Pierre Plamondon, qui a réussi à se faire élire dans Camille-Laurin (auparavant Bourget), dans l’est de Montréal, et le conservateur Éric Duhaime, défait dans Chauveau, une circonscription au nord de Québec.

«Nous sommes deux millions d’indépendantistes qui méritent une représentation équitable à l’Assemblée nationale», a dit le chef péquiste à ses troupes réunies à Boucherville, revendiquant lui aussi une réforme du mode du scrutin.

La cheffe libérale, Dominique Anglade, a été réélue dans Saint-Henri-Sainte-Anne, malgré une forte concurrence de Québec solidaire. Le chef de la CAQ, M. Legault, a été réélu sans problème dans L’Assomption, de même que le co-porte-parole solidaire, M. Nadeau-Dubois, dans Gouin. 

Le premier ministre canadien, Justin Trudeau, n’a pas tardé à transmettre un message de félicitations à M. Legault, qui ne l’avait pas appuyé lors de la dernière élection fédérale. Il a dit qu’il avait hâte de travailler avec lui pour faire avancer divers dossiers, dont la lutte aux changements climatiques. Mais dans son énumération, il n’a pas abordé la question du financement de la santé, la grande revendication de M. Legault. 

Mardi matin, le chef du Parti conservateur du Canada, Pierre Poilievre, a félicité M. Legault pour son «autre mandat décisif». «J’ai hâte de poursuivre notre travail ensemble pour le peuple du Québec et du Canada», a-t-il écrit sur Twitter. Lors d’une sortie inusitée pour un premier ministre québécois l’an dernier, au moment des élections fédérales, M. Legault avait qualifié l’approche du PCC — alors dirigé par Erin O’Toole — de «bonne» pour la nation québécoise.

Les maisons de sondage avaient vu juste en prédisant une forte vague caquiste, et l’avaient même sous-estimée. Du début à la fin de la campagne, tous les sondages donnaient une confortable avance de 20 à 25 points à la CAQ de François Legault, ayant toujours eu une avance quasi insurmontable avec au moins 38 % d’appui de la population.

Les maisons de sondages prédisaient donc à M. Legault une victoire éclatante, voire écrasante, lui permettant d’espérer remporter jusqu’à une centaine des 125 sièges, laissant des miettes à se partager entre les quatre principaux partis d’opposition. 

Il faut remonter à 1973 pour voir un scénario de cette ampleur, quand le chef libéral et premier ministre sortant Robert Bourassa avait fait élire 102 députés sur 110. Il avait perdu le pouvoir aux mains du Parti québécois trois ans plus tard. En 1989, M. Bourassa avait aussi eu une performance remarquable, faisant élire 92 députés sur 125.

En 2018, M. Legault avait réussi à former un gouvernement majoritaire, avec seulement un million et demi de votes (plus précisément 1 509 455 votes), ayant recueilli 37 % du vote populaire, chassant du pouvoir les libéraux de Philippe Couillard après un seul mandat. Cette année, la CAQ a reçu 1 682 952 votes. 

Le chiffre magique à atteindre pour former un gouvernement majoritaire était de 63 sièges.

Au moment de la dissolution de la Chambre, la CAQ comptait 76 députés, tandis que l’opposition officielle formée par le Parti libéral du Québec avait 27 sièges, Québec solidaire, 10 sièges, le Parti québécois, sept sièges, et le Parti conservateur du Québec, un siège. On comptait quatre députés indépendants.

Au total, quelque 6 302 789 électeurs étaient appelés à choisir leurs 125 députés. La campagne électorale avait été déclenchée le 28 août. Un électeur sur quatre (24,4 %) a choisi de voter par anticipation, la semaine dernière. Lundi soir, le taux de participation était finalement de 66 %, soit similaire à 2018.