Legault défend le travail des policiers après le jugement rendu sur le profilage

MONTRÉAL — Le premier ministre François Legault affirme qu’il faut «laisser les policiers faire leur travail» et qu’il est trop tôt pour dire si Québec interjettera appel du jugement de la Cour supérieure qui interdit aux policiers de procéder à l’interception de véhicules sans motif valable.

Au lendemain de la décision rendue par le tribunal, qui est saluée par la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse (CDPDJ) comme une «avancée majeure» contre le profilage racial, M. Legault a dit mercredi qu’il allait prendre le temps de l’analyser.

Questionné à savoir si Québec allait contester la décision, le premier ministre a simplement répondu: «On n’est pas là.»

En point de presse, avant la réunion hebdomadaire de son conseil des ministres, M. Legault a par ailleurs exprimé son appui aux corps policiers.

«Il faut comprendre qu’il faut laisser les policiers faire leur travail, quand on voit la violence qu’il y a à Montréal dans certains quartiers. Et moi j’ai totalement confiance dans les policiers et il est important de les appuyer», a-t-il affirmé.

La CDPDJ a dit croire que cette décision venait «surtout reconnaître l’impact de ces interpellations sur des dizaines de milliers de personnes noires qui sont stigmatisées et surveillées à chaque fois qu’elles sont sur la route».

«Celle-ci va dans le sens de ce que la Commission a recommandé à plusieurs reprises, à savoir l’interdiction immédiate et définitive de toutes les interpellations policières sans motif réel des piétons et passagers de véhicule», a-t-elle indiqué par communiqué.

Dans la décision rendue mardi, le juge Michel Yergeau, de la Cour supérieure, a complètement renversé une jurisprudence établie il y a un peu plus de 30 ans par la Cour suprême, l’arrêt Ladouceur, qui permettait l’interception sans motif réel pour des raisons de sécurité routière.

Dans la décision très étoffée de 170 pages, le magistrat tranche en faveur d’un étudiant haïtien, Joseph-Christopher Luamba, qui contestait la validité de ces interceptions, après avoir été intercepté à trois reprises sans aucune raison par un policier lui demandant de s’identifier.

L’Association canadienne des libertés civiles (ACLC), intervenante dans l’affaire portée devant les tribunaux, a parlé «d’une décision majeure, une décision qui renverse un précédent dépassé, et ce, dans l’intérêt public».

«C’est une première étape dans le combat que mène l’ACLC pour apporter des changements systémiques et structurels aux pratiques policières», a commenté Gillian Moore, directrice du programme d’égalité de l’ACLC, dans un communiqué publié mercredi.