Le rôle de l’exercice dans la prévention du cancer est maintenant mieux compris

MONTRÉAL — Une étude menée auprès de patients atteints d’un syndrome qui augmente leur probabilité de souffrir d’un cancer a permis de mieux comprendre la manière dont l’exercice physique permet de réduire le risque de cancer.

Les chercheurs ont notamment constaté que l’exercice physique peut réduire la circulation dans l’organisme de certaines substances qui favorisent l’inflammation.

L’étude publiée dans le journal médical Cancer Clinical Research par des chercheurs provenant presque tous du réputé Centre de cancérologie MD Anderson de l’Université du Texas portait sur le syndrome de Lynch, une maladie héréditaire qui augmente le risque de souffrir de différents cancers avant l’âge de 50 ans.

La vingtaine de participants à cette étude a été divisée en deux groupes: le premier a participé à trois séances de 45 minutes de vélo stationnaire par semaine pendant un an, et le second a eu droit à une seule séance de conseils portant sur l’activité physique.

Au bout de 52 semaines, les chercheurs ont constaté que le VO2Max (la capacité de l’organisme à utiliser l’oxygène) des membres du premier groupe avait augmenté d’un peu moins de 22 %, tandis que la mesure avait reculé de 2 % au sein du deuxième groupe.

Ils ont aussi constaté un déclin de la production de 22 métabolites dans le premier groupe ― dont certains, comme les prostaglandines, un groupe de lipides dont l’action ressemble à celle des hormones, avaient déjà été ciblés dans la lutte contre le cancer.

«C’est vraiment un résultat intéressant parce que ce marqueur-là a été déjà évoqué dans certains travaux qui avaient donné lieu, par exemple, à des prophylaxies à base d’aspirine pour la prévention des cancers», a rappelé le docteur Prévost Jantchou, du CHU Sainte-Justine.

Les chercheurs américains ont aussi découvert que certaines cellules immunitaires dont le rôle est de protéger l’organisme des ravages d’une réaction inflammatoire étaient beaucoup plus exprimées dans le groupe «vélo» que dans le groupe témoin.

Le programme d’exercice auquel les participants ont été assujettis était «très raisonnable», écrivent les auteurs de l’étude, tout comme l’étaient les mesures de santé cardiorespiratoire, au point où «on peut envisager une prescription d’exercice pour les patients atteints du syndrome de Lynch qui veulent renforcer leur immunité et recherchent (…) des effets anti-cancer spécifiques».

Cette étude n’est pas la première à démontrer que l’activité physique peut augmenter la production de certaines substances anti-inflammatoires, a rappelé le docteur Jantchou.

«Mais ici, on est vraiment allé dans le détail, jusqu’aux aspects moléculaires et tissulaires, a-t-il. De voir l’impact de l’activité physique au niveau cellulaire est vraiment très encourageant.»