Le «Refus global» et trois artistes désignés événement et personnages historiques

MONTRÉAL — Le lancement du manifeste collectif «Refus global» ainsi que son auteur principal, Paul-Émile Borduas, et deux de ses 15 co-signataires, Jean Paul Riopelle et Marcelle Ferron, sont désormais désignés respectivement comme événement et personnages historiques au Québec. 

Le ministre de la Culture et des Communications, Mathieu Lacombe, a annoncé mercredi ces désignations à l’occasion du 75e anniversaire de l’ouvrage, paru le 9 août 1948 à la librairie Tranquille de Montréal. 

Le lancement du «Refus global» ainsi que les artistes Paul-Émile Borduas, Marcelle Ferron et Jean Paul Riopelle sont donc inscrits au Registre du patrimoine culturel du Québec en vertu de la Loi sur le patrimoine culturel. 

Le ministre Lacombe a souligné l’importance de la publication de ce manifeste, considérée «comme un moment charnière de l’histoire culturelle du Québec».

«Il remet en question l’orthodoxie sociale, intellectuelle et artistique de l’époque et fait appel à une société plus libre et ouverte sur le monde», a-t-il déclaré dans un communiqué.

Le document compose un ouvrage de neuf textes. L’essai principal rédigé par Paul-Émile Borduas, peintre et enseignant à l’École du meuble, donne son titre au collectif. Le texte porte la signature de 15 autres personnes, toutes membres d’un groupe de jeunes artistes québécois, les Automatistes, mené par Borduas. 

Ces signataires «revendiquent une plus grande liberté dans l’acte de création, mais aussi dans la manière d’exister», peut-on lire dans le Registre du patrimoine culturel. 

«Le manifeste critique de manière virulente la société dominante et son conservatisme, de même que le contrôle exercé sur les esprits par les pouvoirs religieux et politique», ajoute-t-on. 

À la suite de la polémique engendrée par la parution de l’ouvrage, Paul-Émile Borduas perd son poste d’enseignant et quitte le Québec. Il est décédé à Paris en février 1960 et ses cendres ont été transférées dans le cimetière de Mont-Saint-Hilaire en 1989.

«Paul-Émile Borduas est un pionnier de la peinture abstraite au Québec et au Canada. L’influence de ses idées et sa quête de liberté telle qu’exprimée dans ses écrits, spécialement le manifeste, est sans doute aussi importante que sa reconnaissance comme peintre», a affirmé M. Lacombe. 

Le ministre décrit également Jean Paul Riopelle et Marcelle Ferron comme des «acteurs cruciaux de notre histoire culturelle et artistique».

Riopelle est notamment reconnu pour avoir redéfini les frontières entre abstraction et figuration. L’artiste prolifique a réalisé plusieurs milliers d’œuvres, dont dans son atelier de l’Isle-aux-Grues où il est décédé en mars 2002. Celui qui a, entre autres, créé des centaines de dessins, de gravures et de sculptures, a aussi passé une partie de sa vie en France avant de revenir définitivement au Québec en 1990. 

Plusieurs événements au Canada et en France célèbrent cette année le 100e anniversaire de naissance de l’artiste. 

Première femme artiste visuelle à être désignée comme personnage historique au Québec, Ferron est une des pionnières dans le domaine des arts dans la province. 

«Elle est notamment l’une des premières femmes artistes visuelles québécoises à se dédier complètement à son art et l’une des rares de sa génération dont l’œuvre rayonne, de son vivant, chez elle comme à l’international», est-il écrit dans le Registre du patrimoine culturel. 

Marcelle Ferron s’est d’abord consacrée à la peinture avant de se spécialiser dans le travail du verre. L’artiste a réalisé plusieurs verrières intégrées à l’architecture d’édifices publics. L’une bien connue est celle de la station de métro Champ-de-Mars à Montréal intitulée «Verre-écran». 

Marcelle Ferron est décédée en novembre 2001 à Montréal.