Le port du masque dans les lieux publics demeurera obligatoire jusqu’à la mi-mai

MONTRÉAL — Le Québec pourrait avoir atteint le pic de la sixième vague, mais la situation demeure incertaine et il est encore trop tôt pour procéder au dernier allègement sanitaire qui devait entrer en vigueur à la fin d’avril.

Les Québécois devront en effet rester masqués dans les lieux publics et les transports en commun jusqu’à la mi-mai. 

C’est ce qu’a annoncé, jeudi,le ministère de la Santé à la suite d’une recommandation de la santé publique, en tenant compte de la situation épidémiologique qui prévaut toujours.

«Les données nous montrent que la transmission du virus pourrait avoir commencé à ralentir, même peut-être qu’on aurait déjà atteint un certain plateau, sinon un pic, de la transmission d’une façon générale, mais on observe tout de même que ce n’est pas clair dans tous les groupes d’âge et en particulier pour les personnes de 70 ans et plus où on voit encore une progression, une progression dans la région de Montréal et les régions autour, que ce soit Laval, l’Estrie, l’Outaouais aussi», a expliqué jeudi le directeur national de la santé publique par intérim, le docteur Luc Boileau.

Il a ainsi fait preuve d’un optimisme modéré, ajoutantque la progression des nouvelles hospitalisations semblait moins rapide qu’il y a deux semaines, et que c’est la même chose pour les absences des travailleurs de la santé.

Les projections de l’Institut national d’excellence en santé et services sociaux (INESSS) font d’ailleurs état d’une stabilisation du nombre d’hospitalisations pour les deux prochaines semaines.

Un variant qui frappe moins fort

À ses côtés, la sous-ministre adjointe Lucie Opatrny a expliqué que même si le nombre de personnes hospitalisées dépassait maintenant les 2400, la situation est complètement différente de celle du mois de janvier. «La majorité de ces 2400 personnes ont un diagnostic secondaire de COVID. Ils sont là pour autre chose», a-t-elle dit.

«Ceux qui sont là pour la COVID, leur maladie est moins forte et leur durée de séjour est moins longue», a-t-elle poursuivi, ajoutant que la proportion de ceux qui devaient être traités aux soins intensifs était aussi beaucoup moins importante qu’en janvier, soit «moins de 5 %».

«La maladie, même quand on est hospitalisé, a tendance à être moins sévère. L’effet sur le délestage est beaucoup moindre que pour le même nombre d’hospitalisations au mois de janvier.»

La grippe vient s’en mêler

Par contre, le docteur Boileau a fait valoir qu’on observe aussi un regain de l’activité grippale dans la population. «On n’avait pas vraiment besoin de ça et c’est plutôt rare qu’on voie une telle activité grippale à cette période-ci de l’année», a-t-il dit.

«C’est la première fois depuis le début de la pandémie qu’on voit les deux (COVID et influenza) en même temps», a noté de son côté  la docteure Opatrny, ce qui crée «une pression importante» sur les urgences, pression qui est aggravée par le taux d’absentéisme des travailleurs de la santé.  

Elle rapporte des taux d’occupation sur civière, surtout dans les urgences du Grand Montréal, de 110 %, 115 % et même 150 %, ce qui n’avait pas été vu depuis le début de la pandémie.

Pourtant, a-t-elle précisé, «le niveau de délestage est moindre dans le Grand Montréal, c’est plus de niveau 2, versus ailleurs au Québec, où c’est plus de niveau 3 globalement. En contrepartie, les niveaux d’occupation des urgences sont moindres dans ces régions.»

La sous-ministre adjointe a expliqué que les débordements des urgences sont attribuables au fait que les personnes qui sont sur civière sont en attente d’un lit hospitalier, «et ça, c’est directement lié à la disponibilité des lits qui, elle, est liée au niveau d’absence ou de présence des ressources humaines».

Bien que la situation se soit améliorée par rapport à la semaine dernière, où l’on rapportait 13 000 professionnels absents, il en manquait tout de même encore plus de 10 000 en date de jeudi dans le réseau. 

Des vacances pour les professionnels

Malgré tout, Mme Opatrny assure que tout sera mis en oeuvre pour leur donner un répit cet été. «Les soignants sont fatigués. (…) Ça fait deux ans qu’ils travaillent dans ce contexte difficile», a-t-elle dit.

«On pense que les vacances c’est important et on va être en mesure de les donner. Évidemment, il faut contrebalancer ça avec la volonté qu’on a de rehausser les activités pour faire le rattrapage dans tous les différents secteurs où il y a du rattrapage à faire.» En d’autres termes, même si la COVID et la grippe venaient à leur donner une chance, le retard accumulé dans tous les autres secteurs continuera à peser lourd. 

Remontée probable à l’automne

À plus long terme, Luc Boileau ne veut pas faire de prédictions, même s’il s’attend à ce que la COVID continue à se comporter comme les autres virus respiratoires.

«Il n’y a à peu près personne qui va avoir l’audace de faire (des prédictions). S’il y en a, ne les croyez pas», a-t-il d’abord averti.

«Ce serait normal d’avoir des variations saisonnières. En toute probabilité, il pourrait y avoir une hausse à l’automne, mais ce n’est pas dans l’intention actuelle d’envisager ramener des mesures», a-t-il pris soin d’ajouter. 

Enfin, M. Boileau a annoncé des changements pour les personnes immunosupprimées, notant que leur période d’isolement en cas de symptômes de COVID-19 passera de 21 jours à 10 jours.