Le Port de Québec accuse Sol Zanetti de propos «diffamatoires»

QUÉBEC — Accusé d’avoir menti, le Port de Québec rétorque que le député solidaire de Jean-Lesage, Sol Zanetti, a tenu des propos «inexacts et diffamatoires» à son endroit au sujet du dossier du nickel dans l’air dans le quartier Limoilou, à Québec.

Radio-Canada rapportait la semaine dernière qu’il y avait eu trois dépassements aux normes de nickel dans l’air dans Limoilou, l’hiver dernier. Le 29 août, le PDG du Port Mario Girard affirmait qu’il n’y avait eu aucun dépassement depuis un an en se basant sur les stations d’échantillonnage «dans la communauté».

Toujours selon les informations de Radio-Canada, la station qui a mesuré les trois dépassements n’appartient pas au Port, mais plutôt au ministère de l’Environnement.

Dans un communiqué publié lundi, le Port de Québec indique que Mario Girard parlait bel et bien des stations d’échantillonnage du Port. «Lors de la conférence de presse du 29 août dernier, en présence du ministre Benoit Charette et du maire de Québec, le président-directeur général du Port de Québec a affirmé que les stations d’échantillonnage du Port installées dans la communauté n’avaient enregistré aucun dépassement de la norme de nickel depuis plus d’un an, plus précisément depuis mai 2022. Cette information est rigoureusement exacte», peut-on lire.

Zanetti persiste et signe

Le Port de Québec indique ne pas envisager de poursuite contre le député solidaire de Jean-Lesage pour l’instant. Lundi matin en point de presse, Sol Zanetti a maintenu sa ligne.

«Le Port a l’air de vouloir ajouter des détails à ce qu’il a dit le 29 août, mais un mois trop tard. Ce qu’il a dit le 29 août, c’était pas clair et on peut dire que c’était des mensonges», a-t-il lancé.

«Je suis tanné qu’à Québec on se fasse ‘‘bullshiter’’ par du monde qui n’a pas à cœur la santé des gens et la qualité de l’air à Québec et là je parle de Mario Girard», a ajouté le député.

Vendredi, M. Zanetti a aussi réclamé la tête du ministre de l’Environnement, Benoit Charette, qu’il accuse d’avoir « menti par omission» sur le dépassement des normes de nickel. Selon l’élu, le ministre aurait dû rectifier les faits lors de la conférence de presse du 29 août.

«Il n’a pas corrigé le Port de Québec qui lui disait quelque chose qui n’était pas vrai et moi, je pense qu’il savait que ce n’était pas vrai. Son rôle, c’est de nous informer et de nous protéger», a affirmé Sol Zanetti vendredi.

Le ministre Charette a demandé des excuses à l’élu solidaire, mais il les attend toujours.

La pollution de l’air est surveillée dans Limoilou, en raison notamment des activités de transbordement de nickel du Port de Québec.

La saga du nickel

Rappelons qu’en mars 2022, le gouvernement Legault a annoncé une augmentation des seuils de nickel autorisés.

La Commission de l’éthique en science et en technologie a d’ailleurs émis une synthèse et un appel à la prudence à ce propos.

À la recommandation d’un groupe interministériel, il est maintenant permis d’émettre cinq fois plus de particules de nickel dans l’air, de 14 à 70 nanogrammes par mètre cube (ng/m3) par jour, ainsi qu’à 20 ng/m3 en moyenne par année.

Pourquoi ? Parce qu’on prévoit une forte augmentation du prix du nickel en raison notamment de la croissance du marché des batteries destinées aux véhicules électriques, a résumé la Commission de l’éthique. Une norme trop restrictive pourrait décourager les investisseurs, estimait le comité. Les minières déjà en activité au Québec comme Glencore réclamaient des assouplissements.

Les 18 directions régionales de la santé publique se sont prononcées contre cette hausse.

On évoquait entre autres les multiples incertitudes liées au cumul des risques et à l’effet additif de plusieurs polluants dans l’air.

Le Comité interministériel estimait pour sa part qu’il était sécuritaire de viser une norme annuelle de 20 ng/m3, tant pour les problèmes respiratoires critiques que pour les effets cancérigènes associés à une exposition répétée au nickel.