Le patron du SCRS remet une note aux employés sur des fuites d’informations

OTTAWA — Le chef du Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS) a déclaré aux employés qu’il soutient la façon dont le SCRS a géré la fuite «troublante» d’informations sensibles provenant de matériel classifié, révèle une note de service récemment publiée. 

Dans un message adressé au personnel le 24 février, le directeur du SCRS, David Vigneault, a exprimé sa confiance dans le dévouement et le respect de la loi des employés après qu’un article de journal eut cité des documents secrets d’espionnage sur de l’ingérence étrangère.

«La source de cette fuite est troublante pour le gouvernement canadien et, bien sûr, pour nous ici au SCRS», a déclaré M. Vigneault dans la note de service, obtenue par La Presse Canadienne par le biais de la Loi sur l’accès à l’information. 

«Pour que nous puissions recueillir et partager des renseignements classifiés conformément à notre mandat et à la Loi sur le SCRS, nous devons avoir pleinement confiance dans les mesures prises pour respecter les obligations légales entourant sa sécurité, pour assurer la protection complète de nos techniques, sources et employés», précise-t-il.

M. Vigneault a transmis cette note de service à ses employés, une semaine après que le quotidien Globe and Mail, citant des dossiers classifiés du SCRS, eut révélé que la Chine avait travaillé en coulisses pour influencer les élections générales de 2021, en favorisant l’élection d’une minorité libérale et pour vaincre des politiciens conservateurs considérés comme hostiles à Pékin.

En mars dernier, le gouvernement fédéral a nommé un rapporteur spécial pour examiner les allégations d’ingérence étrangère et renforcer la confiance du public dans le processus électoral.

Le même mois, le Globe and Mail publiait une lettre ouverte d’un responsable anonyme de la sécurité nationale qui dénonçait que de hauts fonctionnaires ne prenaient pas de mesures sérieuses contre l’ingérence étrangère.

Dans un contexte de fuites répétées dans les médias et de pressions exercées par les partis de l’opposition, le gouvernement Trudeau a annoncé en septembre qu’un juge du Québec dirigerait une enquête publique sur des allégations d’ingérence étrangère et sur la capacité du gouvernement fédéral de régler le problème.  

Dans la note de service, dont certaines parties ont été jugées trop sensibles à la divulgation, M. Vigneault a fait remarquer que les documents secrets que le Globe a pu consulter avaient été partagés entre les hauts fonctionnaires du gouvernement, ainsi qu’avec un certain nombre d’alliés.

Il a affirmé que, bien qu’il y ait eu des préoccupations publiques au sujet de la sécurité au sein du SCRS, que les employés remplissent leur mission «avec rigueur et respect de la loi».

En vertu de la Loi sur la protection de l’information, les personnes tenues au secret comprennent les membres actuels et anciens du SCRS, ainsi que de nombreux autres fonctionnaires fédéraux impliqués dans la sécurité et le renseignement.

Au nom de l’ensemble du comité exécutif du service d’espionnage, M. Vigneault a déclaré aux employés du SCRS: «Je tiens à assurer à chacun d’entre vous que notre foi en votre dévouement infatigable et en votre adhésion à la Loi sur la protection de l’information et à votre serment demeure intacte. Nous croyons fermement que la réputation de l’engagement de nos employés envers notre mission est bien méritée.»

Le directeur a également déclaré qu’il était fier du travail accompli, y compris les efforts pour découvrir des preuves d’influence étrangère.

Par ailleurs, David Vigneault rappelait au personnel que le programme d’aide aux employés du SCRS est disponible pour répondre à leurs préoccupations personnelles.

Le SCRS et la Gendarmerie royale du Canada (GRC) ont indiqué en mars qu’ils enquêtaient sur des fuites dans les médias au sujet de l’ingérence étrangère.

Un message envoyé en avril au personnel du SCRS par le directeur général de la sécurité interne du service a fait le point. Il souligne que tous les employés «sont encouragés à se manifester s’ils souhaitent partager des renseignements» concernant l’enquête du service sur les fuites dans les médias. 

«Toute information partagée sera traitée avec la plus grande confidentialité», indique le message obtenu en vertu de Loi sur l’accès à l’information, mais fortement caviardé.

«Cette situation nous rappelle la nécessité de protéger nos renseignements, nos enquêtes et nos sources. Comme toujours, la sécurité de nos employés est notre priorité absolue», précise le message.

Un porte-parole du SCRS, Eric Balsam, a déclaré cette semaine que l’information compromise peut menacer l’intégrité des opérations de l’agence, la sécurité physique et la sécurité de ses sources humaines et de ses employés et la confiance des partenaires internationaux.

Le SCRS continue d’enquêter sur «ces activités, en parallèle et en coordination avec l’enquête criminelle de la GRC», a ajouté M. Balsam, refusant de commenter davantage compte tenu de l’enquête en cours.

La sergente Kim Chamberland de la GRC a également déclaré que la police continue d’enquêter sur les violations de la Loi sur la protection de l’information associées aux reportages dans les médias.

«Cette enquête ne porte pas sur un seul organisme de sécurité. Comme l’enquête de la GRC est en cours, il n’y aura pas d’autres commentaires à ce sujet pour le moment», a-t-elle affirmé.