Le pape François a quitté Iqaluit, concluant sa visite de six jours au Canada

QUÉBEC — Vendredi soir vers 20h15, le pape François a quitté Iqaluit, clôturant ainsi sa visite de six jours au Canada. Le Saint-Père a dit «je suis désolé» en inuktitut lors de son dernier discours public devant des centaines de personnes à Iqaluit, ce qui lui a valu des applaudissements de la foule. 

Le pape François a parlé principalement en espagnol, qui a été traduit en inuktitut et en anglais lors de l’événement. Il a également terminé son allocution en disant « merci » en inuktitut.

François a terminé son discours à Iqaluit en parlant du sport national du Canada. Il a dit que le fait d’être dans le nord du Canada lui fait penser au hockey et au travail d’équipe.

Il a souligné que le hockey combine discipline, créativité, force physique et esprit d’équipe. Il a, par ailleurs, demandé comment le Canada parvient à remporter autant de médailles olympiques pour ce sport.

La Conférence des évêques catholiques du Canada affirme que la visite du pape au Canada représente une étape importante sur la voie de la guérison et de la réconciliation. François a appelé les évêques à continuer d’aider les survivants des pensionnats et leurs familles à guérir des traumatismes qu’ils ont subis, indique un communiqué. 

Les évêques réviseront et mettront également à jour leur plan d’action pour inclure une plus grande transparence des dossiers des pensionnats. Ils se pencheront aussi sur la doctrine de la découverte, un document du Vatican utilisé dans la colonisation.

Tout au long de son séjour, plusieurs personnes ont souligné que le pape François aurait dû annuler la doctrine de la découverte — datant du XVe siècle — qui justifiait la colonisation de l’Amérique du Nord.

D’ailleurs, une personne a brandi une pancarte plus tôt vendredi appelant à l’annulation de la doctrine de la découverte alors que des chanteurs et des danseurs traditionnels inuits performaient pour le pape François.

Des survivants des pensionnats portant des jupes traditionnelles à rubans et un aîné tenant une plume faisaient partie d’une délégation autochtone qui s’est réunie vendredi pour une audience privée avec le pape François à Québec au dernier jour de sa tournée canadienne.

Dans une allocution d’ouverture de la réunion, le pontife a déclaré à la délégation autochtone qu’il était venu au Canada dans un «esprit de pénitence» pour s’excuser des torts qui leur ont été infligés par «pas seulement quelques catholiques».

«Je suis venu en pèlerin, malgré mes limitations physiques, pour faire de nouveaux pas avec vous et pour vous», a-t-il dit au groupe assis devant lui.

«Je fais cela pour que des progrès puissent être réalisés dans la recherche de la vérité, pour que les processus de guérison et de réconciliation puissent se poursuivre, et pour que des graines d’espoir puissent continuer à être semées pour les générations futures — autochtones et non autochtones — qui désirent vivre ensemble, en harmonie, comme des frères et des sœurs.»

Piita Irniq, survivant des pensionnats et ancien commissaire du Nunavut, a fait une danse du tambour devant le pape François à Iqaluit. M. Irniq a également présenté son tambour à François et lui a serré la main.

L’aîné inuit tente depuis des décennies de faire revenir au Canada Johannes Rivoire, un prêtre oblat accusé d’abus sexuels sur des enfants inuits, pour faire face à des accusations.

Le gouvernement fédéral affirme que le Canada a demandé à la France d’extrader M. Rivoire, qui est recherché en vertu d’un mandat pancanadien diffusé en février.

Le pape François a dit à la foule rassemblée à Iqaluit qu’il était vraiment désolé pour le mal perpétré par les membres de l’Église catholique.

Il a également demandé pardon pour les politiques qui ont contribué à l’assimilation culturelle dans les pensionnats pour les enfants autochtones. Il a mentionné que c’est mal de briser les liens entre parents et enfants.

Ces excuses font écho à d’autres que le pontife a présentées au cours de son voyage, lors d’arrêts en Alberta et au Québec.

Enrichi par les histoires 

La délégation autochtone de 25 personnes comprenait des survivants et des représentants des Premières Nations de tout l’est du Canada, dont certains ont pu être vus en train de remettre des cadeaux au pape au début de l’audience privée.

La soprano Inuk Deantha Edmunds-Ramsay s’est produite devant des centaines de personnes qui attendaient d’entendre le pape François lors d’un événement public à Iqaluit.

Elle a chanté «Song of the River» et «Life’s Song». La chanteuse a raconté à la foule comment ses chansons ont été inspirées par des gens qui se soulèvent et se souviennent d’où ils viennent.

François a dit qu’il avait été enrichi par les histoires des peuples autochtones qu’il a rencontrés au Canada.

«Je peux vraiment dire que, pendant que je suis venu pour être avec vous, ce sont votre vie et vos expériences, les réalités autochtones de ces terres, qui m’ont touché, sont restées avec moi et feront toujours partie de moi», a-t-il souligné.

Il a cité l’exemple de trois femmes, dont Kateri Tekakwitha, la première sainte autochtone, comme source d’inspiration pour suivre le chemin de la réconciliation.

Les gens se sont alignés le long des routes à Iqaluit pour apercevoir le pape François alors que le pontife se dirigeait vers l’école primaire de Nakasuk.

En début de soirée vendredi, des centaines de personnes se sont rassemblées sur le site où François devait participer à un événement public plus tard dans la journée. 

Le chant de gorge inuit s’est déroulé sur une scène devant de nombreuses personnes, dont plusieurs portaient des casques d’écoute pour entendre les traductions en inuktitut.

Plus tôt vendredi, François a commencé sa journée par une réunion privée avec des membres de son ordre religieux, la Compagnie de Jésus, les Jésuites.

Au cours de la tournée, qui comprenait des arrêts en Alberta, le souverain pontife s’est excusé pour le rôle joué par les institutions catholiques romaines dans le système des pensionnats.

Certains ont dit que ses excuses n’allaient pas assez loin parce qu’il n’avait pas précisé que l’Église catholique, et pas seulement quelques mauvaises personnes, était responsable des abus dans les pensionnats.

Lors d’un service de prière en soirée jeudi, François a reconnu les abus sexuels infligés aux «mineurs et aux personnes vulnérables», mais il n’a pas spécifiquement dit que des abus sexuels s’étaient produits dans les pensionnats.