Le ministre de la Santé sait que la population veut voir des améliorations concrètes

OTTAWA — Le nouveau ministre fédéral de la Santé, Mark Holland, n’a pas l’intention de brandir des menaces de sanction pendant qu’il négocie les derniers détails des ententes sur les transferts en santé avec les provinces et territoires. Selon lui, les Canadiens eux-mêmes qui vont tenir les différents ordres de gouvernement redevables de l’efficacité des nouvelles mesures.

Lors d’une conférence organisée par l’Association médicale canadienne (AMC) à Ottawa, vendredi, M. Holland a rappelé que l’accord de 198 milliards $ conclu entre le gouvernement fédéral et les provinces vise à restaurer l’optimisme des Canadiens à l’égard du système de soins de santé du pays.

Toutes les provinces, sauf le Québec, ont accepté les principes de l’accord et devraient signer des ententes définitives d’ici la fin de l’année.

Dans l’accord conclu en février, le gouvernement fédéral, les provinces et les territoires se sont engagés à «informer la population des progrès accomplis au moyen d’indicateurs clés communs».

Selon M. Holland, les gouvernements savent que les Canadiens sont tannés de toujours entendre des excuses pour expliquer les difficultés du système de santé. Le ministre est très au courant que les Canadiens veulent maintenant voir des résultats.

«Les Canadiens en ont assez de la politique, ils en ont assez des excuses concernant les compétences (fédérales et provinciales). Ce qu’ils veulent, ce sont des résultats», a martelé M. Holland.

Et, à son avis, tous les gouvernements ont «viscéralement» compris le message.

«Je suis totalement convaincu que les exigences des Canadiens eux-mêmes vont pousser tout le monde à rendre des comptes», a-t-il affirmé.

Après sa prise de parole lors de l’événement de l’AMC, M. Holland a souligné que ses homologues provinciaux et territoriaux tiraient la même conclusion. Il n’a donc pas voulu s’avancer sur la façon dont les provinces seront pénalisées si elles ne respectent pas les conditions de l’accord.

«Une partie de la raison pour laquelle je ne brandis pas de menaces est que je pense que nous travaillons tous dans la même direction. Je pense que nous voulons tous la même chose», a-t-il mentionné en entrevue avec La Presse Canadienne.

Le Québec n’a toujours pas officiellement signé l’entente conclue en février. M. Holland a expliqué que Québec et Ottawa avaient défini les détails financiers, mais qu’ils discutaient toujours de ce à quoi ressemblerait un accord bilatéral.

Système en difficulté

Le système de santé canadien est en difficulté depuis le début de la pandémie de COVID-19, lorsque l’augmentation des hospitalisations et les conditions de travail difficiles ont aggravé les problèmes de recrutement et rétention du personnel.

Le Canada a également accumulé d’importants retards dans les chirurgies, tandis que le manque de personnel a entraîné la fermeture intermittente des salles d’urgence dans certaines régions du pays.

L’AMC et l’Institut Angus Reid ont donné le coup d’envoi de la conférence avec le dévoilement des résultats d’un nouveau sondage qui montre un sentiment croissant de pessimisme à l’égard du système de santé.

Le sondage a révélé que 68 % des répondants étaient pessimistes quant à la perspective de voir des améliorations dans le système de santé au cours des deux prochaines années. De plus, 56 % des répondants doutaient que les choses allaient changer en mieux d’ici cinq ans.

Le sondage a été mené auprès de 5010 adultes canadiens qui sont membres d’un panel d’Angus Reid. Une marge d’erreur ne peut pas être attribuée, car les sondages sur Internet ne sont pas considérés comme des échantillons aléatoires.

Confronté à ces résultats, M. Holland a souligné qu’il considérerait que les accords sur les transferts en santé comme un succès si l’optimisme envers les soins de santé pouvait être rétabli.

«Nous devons faire en sorte que les gens aient de l’optimisme et de l’espoir envers notre système de santé», a-t-il concédé.

Dans les prochaines semaines, le nouveau ministre de la Santé compte voyager autant que possible pour poursuivre ses discussions avec ses homologues provinciaux et s’assurer que les réformes de la santé ne seront pas tablettées.