Le jury au procès de Nygard, accusé d’agressions sexuelles, commence à délibérer

TORONTO — Les jurés au procès de Peter Nygard ont amorcé leurs délibérations mercredi après-midi. Le sort de l’ancien magnat canadien de la mode, accusé d’agressions sexuelles, est maintenant entre leurs mains.

Plus tôt mercredi, pendant quelques heures, le juge Robert Goldstein, de la Cour supérieure de l’Ontario, a donné au jury ses dernières instructions.

Il a notamment rappelé aux membres du jury que leur devoir était d’évaluer de manière impartiale les preuves en appliquant les principes juridiques qu’il a exposés.

«Vous devez examiner attentivement et avec un esprit ouvert toutes les preuves présentées au procès», a déclaré le juge Goldstein aux jurés qui ont entendu les témoignages au cours d’une période de six semaines. «Vous êtes juges des faits.»

Nygard, un ancien magnat de la mode pour dames, aujourd’hui âgé de 82 ans, a plaidé non coupable de cinq chefs d’accusation d’agression sexuelle et d’un chef de séquestration. Les crimes allégués se seraient produits depuis les années 1980 jusqu’au milieu des années 2000.

Cinq plaignantes, dont l’identité est protégée par la loi, ont affirmé au procès qu’elles avaient été invitées au siège social de Nygard à Toronto sous des prétextes allant de visites de courtoisie à des entretiens d’embauche. Toutes ces rencontres se sont terminées dans la chambre d’une suite au dernier étage de l’immeuble, où elles soutiennent avoir été agressées sexuellement par l’accusé.

Nygard a nié ces allégations. En témoignant pour sa propre défense, il a déclaré qu’il ne se livrerait jamais à un tel comportement. Il a aussi soutenu qu’il ne se souvenait pas d’avoir rencontré quatre des cinq plaignantes.

Dans ses plaidoiries finales, mardi, son avocat, Brian Greenspan, a soutenu que le dossier contre Nygard était basé sur un «récit révisionniste» et «mensonger». Il a également suggéré que la plupart des plaignantes étaient motivées par l’appât du gain potentiel découlant d’une action collective contre Nygard aux États-Unis.

La procureure adjointe Ana Serban a soutenu dans ses plaidoiries finales que Nygard avait été évasif et avait fait preuve d’une mémoire «sélective» à la barre, se distanciant délibérément d’éléments de preuve qui valideraient les témoignages des plaignantes.

Elle a soutenu que les femmes qui ont témoigné étaient crédibles, même si elles s’étaient parfois trompées sur certains détails – comme les descriptions de la suite privée de Nygard. La procureure a aussi plaidé que les plaignantes avaient toutes raconté des histoires similaires, indépendamment les unes des autres.

Le juge Goldstein a déclaré mercredi au jury que Nygard et ses avocats n’avaient rien à prouver au cours de ce procès: il incombait à la Couronne de prouver «hors de tout doute raisonnable» la culpabilité de l’accusé.

Le juge a expliqué aux jurés qu’ils devaient donc décider si la Couronne avait présenté des preuves sur des «éléments essentiels» d’agression sexuelle pour chacun des cinq chefs d’accusation. Il a rappelé que l’agression sexuelle peut comprendre le fait que l’accusé ait touché intentionnellement une plaignante dans des «circonstances de nature sexuelle» et en sachant qu’elle n’y consentait pas.

«Si vous ne savez pas qui croire, cela veut dire que vous avez un doute raisonnable et que vous devez déclarer Nygard non coupable», a précisé le juge Goldstein.

Le magistrat a également dit aux jurés qu’ils devaient dans leurs délibérations laisser de côté les «idées préconçues» sur les agressions sexuelles et ne pas se fier à tout ce qui aurait pu être dit au procès concernant des antécédents sexuels de certaines plaignantes.

«Il n’y a pas de victime type, ni d’agresseur type, ni de situation type, ni de réaction type», a déclaré le juge.