Le gouvernement libéral condamne à nouveau le Hamas, après une vidéo qui salue Ottawa

OTTAWA — Le gouvernement libéral insiste sur le fait que le Hamas doit déposer les armes et se rendre face à Israël, après que le groupe militant armé a félicité le Canada pour être l’un des pays qui réclament un cessez-le-feu dans la bande de Gaza.

Le premier ministre Justin Trudeau a répété jeudi en conférence de presse à Toronto que le Hamas ne pouvait «jouer aucun rôle dans la future gouvernance de Gaza ou dans la solution à deux États» au Proche-Orient, référence à la création éventuelle d’un État palestinien vivant en paix aux côtés de l’État d’Israël.

Le Hamas a publié lundi dernier un message vidéo sur la plateforme Telegram, dans lequel l’un de ses hauts responsables, Ghazi Hamad, évoque la déclaration commune que M. Trudeau et ses homologues d’Australie et de Nouvelle-Zélande avaient publiée la semaine précédente sur le conflit au Proche-Orient.

Cette déclaration du 12 décembre est intervenue peu de temps avant que le Canada ne vote en faveur d’une résolution non contraignante aux Nations unies appelant à «un cessez-le-feu humanitaire immédiat» entre Israël et le Hamas – un changement majeur par rapport à la politique habituelle du Canada à l’ONU. 

Dans la vidéo en anglais, M. Hamad mentionne la déclaration du Canada, de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande après avoir souligné «les appels croissants de plusieurs gouvernements occidentaux à mettre fin à l’agression contre Gaza». Il déclare que le Hamas salue ces mesures «dans la bonne direction» vers l’isolement d’Israël.

Il évite soigneusement de mentionner toutefois que le communiqué commun des trois pays condamnait également les attaques du Hamas contre Israël le 7 octobre, qui ont tué quelque 1200 personnes, dont des centaines de civils. Les militants du Hamas ont aussi pris en otage 240 personnes ce jour-là. 

Bouclier humain

Le message vidéo du haut responsable palestinien ne mentionnait pas non plus les exigences des trois premiers ministres envers le Hamas en matière de cessez-le-feu.

«Ce cessez-le-feu ne peut être unilatéral, précisait la déclaration commune du 12 décembre. Le Hamas doit libérer tous les otages, cesser d’utiliser les civils palestiniens comme boucliers humains et déposer les armes. Il n’y a aucun rôle pour le Hamas dans la gouvernance future de Gaza.»

La déclaration du Canada, de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande reconnaît également qu’Israël a le droit d’exister et de se défendre, tout en respectant le droit humanitaire international. «Le prix à payer pour vaincre le Hamas ne peut être la souffrance continue de tous les civils palestiniens», précisent les premiers ministres.

Plus de 20 000 Palestiniens ont été tués depuis qu’Israël a lancé ses bombardements sur Gaza en réponse aux attaques du 7 octobre, selon les autorités locales, et près de 85 % des 2,3 millions d’habitants du territoire ont été chassés de leurs foyers.

Le Centre consultatif des relations juives et israéliennes a partagé mercredi sur la plateforme X un extrait de la vidéo, déplorant que «le Hamas, une entité terroriste, inscrite comme telle par le Canada, remercie, salue et glorifie la nouvelle position du gouvernement dans la guerre» au Proche-Orient. 

«Voilà ce qui arrive lorsque le Hamas n’est pas tenu responsable de ses actions!», écrit l’organisme, qui s’était dit la semaine dernière «dégoûté» par le vote du Canada à l’ONU. «Le Hamas a remercié le gouvernement du Canada pour son soutien « à l’isolement du gouvernement fasciste israélien au niveau mondial et à la fin de l’occupation la plus longue de notre époque ».»

Quelques heures plus tard, la ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, a publié une déclaration sur X soulignant que la déclaration des trois pays avait «condamné sans équivoque les attaques terroristes menées par le Hamas» contre Israël.

«Notre déclaration était claire: pour qu’un cessez-le-feu soit durable, le Hamas doit libérer tous les otages, cesser d’utiliser les civils palestiniens comme boucliers humains et déposer les armes, a écrit la ministre Joly. Le Hamas ne représente pas les aspirations légitimes du peuple palestinien.»

M. Trudeau n’a pas expliqué jeudi comment les Palestiniens se gouverneraient eux-mêmes sans le Hamas, qui contrôle Gaza depuis 2007. Le premier ministre a plutôt réitéré la condamnation du groupe par le Canada.

«Le Hamas est responsable de l’exécution de sang-froid de plus de 1000 citoyens israéliens le 7 octobre et s’est engagé à poursuivre ces attaques pendant longtemps, a déclaré M. Trudeau. Nous devons construire un Israël sûr et libre aux côtés d’un État palestinien sûr et libre», a-t-il rappelé. 

«C’est le travail que nous devons faire et nous y sommes absolument engagés. C’est pourquoi nous appelons à des pauses humanitaires le plus rapidement possible et travaillons de toute urgence à un cessez-le-feu avec nos partenaires internationaux.»

M. Trudeau a déclaré que les discussions avec les autres pays du G7, ainsi qu’avec ceux du Moyen-Orient, visent un tel résultat.