Le gouvernement Legault dévoile un nouveau tableau de bord en éducation

QUÉBEC — Après le fameux tableau de bord dans le réseau de la santé, Québec a dévoilé lundi une nouvelle plateforme permettant de suivre certaines données dans le milieu de l’éducation.

Le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, souligne que ce nouveau tableau de bord permettra aux acteurs du réseau d’accéder «à une information pertinente et fiable au bon moment».

Il suggère que ces données contribueront également à rendre le ministère «plus efficace».

Le tableau comprend neuf indicateurs, dont les taux de diplomation, les résultats aux examens ministériels de quatrième et cinquième secondaire ainsi qu’une donnée qui avait fait beaucoup jaser à la rentrée scolaire, les postes à pourvoir dans le réseau.

Une autre donnée qui sera suivie de près: la qualité de l’air dans les écoles.

Les statistiques actuelles permettent de voir que le taux de diplomation et de qualification au secondaire est de 84,2 % en 2022-2023, une hausse de 0,1 point de pourcentage depuis l’année précédente.

Par ailleurs, on dénombrait 3164 postes à pourvoir dans le secteur de l’éducation, dont 1094 postes d’enseignants, selon des données datant de la mi-janvier.

Pour ce qui est de la qualité de l’air, 92,6 % des classes se retrouvaient dans la tranche de concentration de CO2 souhaitable en décembre.

«Il ne faut pas avoir peur de montrer les résultats. C’est un bel exercice de transparence, puis on doit apprendre les uns des autres», a déclaré M. Drainville en marge de l’inauguration d’une école à Québec, lundi.

Il a d’ailleurs laissé entendre qu’il aspirait à un palmarès public des écoles. «Là, pour le moment, c’est les centres de services scolaires. Est-ce qu’un jour, ça pourrait être les écoles? Pourquoi pas», a-t-il dit.

Levée de boucliers contre la publication d’un palmarès des écoles

Que le ministre ait des données «en direct» est une «très bonne chose», dans la mesure où cela lui permettra de s’orienter, a réagi la Fédération québécoise des directions d’établissement d’enseignement (FQDE).

«Maintenant, là où on n’est vraiment pas en accord, c’est d’utiliser le tableau de bord pour faire un palmarès du résultat des écoles dans le réseau public», a déclaré en entrevue son président, Nicolas Prévost.

Comparer les écoles entre elles ne fera que «susciter des réactions négatives dans le réseau», selon lui.

«Les parents vont poser des questions. (…) Ça va être un magasinage d’établissements scolaires quand on n’a peut-être pas tout le contexte de l’école. Nous, cette compétition-là, on trouve ça malsain.»

De plus, un tel palmarès risque de «dénaturer» le travail des enseignants, a renchéri la présidente de la Fédération autonome de l’enseignement (FAE), Mélanie Hubert.

«On finit par enseigner dans une obsession de performer pour les résultats scolaires, alors que l’école, sa mission, elle est beaucoup plus large que ça», a-t-elle soutenu en entrevue.

«On travaille avec des humains. La pauvreté, c’est le plus grand facteur de réussite des élèves, or la pauvreté, on n’a aucun contrôle dessus quand on est prof ou direction d’école», illustre-t-elle.

Mme Hubert craint qu’il n’y ait une «pression totalement indue» sur les acteurs du réseau, surtout que le ministre a le pouvoir de congédier les directeurs généraux des centres de services scolaires. 

En cas de «crise», la FAE craint que le ministre fasse de la microgestion, ou ordonne que la «recette magique» d’une école soit appliquée ailleurs. L’enseignant ne deviendrait alors qu’un «technicien», avertit le syndicat.  

Québec solidaire (QS) croit également que les données doivent être utilisées «correctement». 

«Si le ministre s’en sert pour créer de la compétition entre les établissements, je crains que ça contribue à stigmatiser les écoles déjà défavorisées», a déclaré par communiqué la députée Ruba Ghazal. 

«Dans tous les cas, ça ne règlera pas les inégalités entre les élèves, ça ne remplira pas les milliers de postes de profs vacants, et ça ne soulagera pas les profs déjà surchargés», a-t-elle ajouté.