Le dirigeant d’un temple sikh tué par balle en Colombie-Britannique: appel à témoins

SURREY, C.-B. — Le dirigeant d’un temple sikh accusé de complot pour meurtre et de terrorisme en Inde a été tué par balle devant son temple à Surrey, en Colombie-Britannique, dans ce que le commandant du détachement de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) a qualifié d’attaque «dégoûtante».

La GRC de Surrey a déclaré dans un communiqué de presse que l’attaque s’était produite vers 20 h 30 dimanche et que la victime était morte sur les lieux.

Le commissaire adjoint Brian Edwards invite toute personne ayant eu connaissance du meurtre de Hardeep Singh Nijjar, 45 ans, à se présenter comme témoin.

Le secrétaire général de la Guru Nanak Sikh Gurdwara Society a pour sa part déclaré que Hardeep Singh Nijjar était seul dans sa camionnette lorsqu’il a été attaqué dimanche soir alors qu’il quittait le stationnement du lieu de culte.

Les autorités ont indiqué être à la recherche de suspects et essayaient de confirmer le mobile de l’homicide.

«Nous n’allons pas laisser les gens entrer dans cette communauté et faire ces choses n’importe où, encore moins dans un lieu de culte», a déclaré M. Edwards lors d’une conférence de presse lundi, au cours de laquelle il a qualifié l’attaque de «dégoûtante» et «épouvantable».

Le commissaire adjoint a affirmé que la seule réponse possible à cet acte devrait être de présenter des preuves pour aider à résoudre l’affaire.

«Nous allons gérer la peur en nous unissant, a-t-il déclaré en conférence de presse. Tout le monde se rassemble et ensemble, nous dirons que nous n’allons pas accepter cette violence.»

Une vidéo circulant sur les réseaux sociaux montre une personne affalée sur le siège conducteur d’une camionnette grise, les vitres brisées. Une autre vidéo de la même scène sous un angle différent montre le véhicule entouré de voitures de police.

Une autre vidéo publiée sur Twitter environ 90 minutes après l’attaque montrait une grande foule rassemblée devant le temple, la scène éclairée par les gyrophares des voitures de police.

La police a établi un périmètre dans une partie de Guru Nanak Way, une route privée menant au stationnement. Plusieurs membres de la communauté ont tenté de se rapprocher de la scène, mais ont été refoulés par la police.

Le sergent Tim Pierotti, de l’équipe d’enquête intégrée sur les homicides, a dit être conscient que la mort par balle du membre de la communauté sikh de haut niveau a déclenché des spéculations sur les motifs de l’attaque.

Il a affirmé que les enquêteurs «laisseraient les preuves les mener», c’est pourquoi la participation de la communauté en s’exprimant ou en fournissant des images de caméras de véhicules sera cruciale pour résoudre l’affaire.

«Il y a beaucoup de véhicules qui enregistrent, même si le véhicule est éteint, a déclaré M. Pierotti. Alors, veuillez vérifier que les images de la caméra de tableau de bord nous sont signalées si vous avez quelque chose qui a été enregistré.»

La police a confirmé qu’elle était au courant d’un véhicule en feu trouvé à Coquitlam peu de temps après la fusillade, mais n’a pas encore définitivement lié le véhicule à l’affaire.

Lors d’une conférence de presse lundi, le premier ministre David Eby a qualifié la fusillade de crime odieux.

«Comme beaucoup de gens de Surrey et de nombreux Britanno-Colombiens, je suis profondément troublé que quelqu’un ait été assassiné dans notre communauté sur le terrain d’un lieu de culte devant de nombreux témoins», a-t-il fait savoir.

Activisme

Bhupinder Singh Hothi a déclaré que M. Nijjar avait reçu des menaces de mort en raison de son soutien à un État sikh indépendant du Khalistan, en Inde, mais que la fusillade ne dissuadera pas ceux qui partagent ses convictions.

M. Hothi a affirmé qu’il ne savait pas pourquoi M. Nijjar avait été abattu, mais qu’il avait déjà été menacé pour sa défense du Khalistan. «Il élevait la voix pour sa patrie», a-t-il dit.

En Inde, M. Nijjar a été accusé d’infractions liées au terrorisme et d’insurrection.

L’agence nationale d’enquête indienne avait publié l’année dernière un acte d’inculpation accusant M. Nijjar d’avoir conspiré pour assassiner le prêtre hindou Kamaldeep Sharma, qui, selon l’agence, a été tué par un «gang terroriste» dans un village de Jalandhar, au Pendjab.

Dans une vidéo publiée par le temple sur sa page Facebook, un homme non identifié dit en punjabi que M. Nijjar a été «martyrisé».

«M. Nijjar a été réduit au silence, mais sa voix vivra pour toujours. Nous deviendrons sa voix», dit l’homme.

L’Organisation mondiale des sikhs du Canada, une organisation à but non lucratif qui affirme défendre les intérêts des sikhs canadiens, a publié lundi un communiqué de presse qualifiant le meurtre d’«assassinat».

L’organisation a soutenu que le Service canadien du renseignement de sécurité et la police «étaient au courant de la menace qui pesait sur M. Nijjar ainsi que sur d’autres militants sikhs au Canada».

«Le fait qu’il ait été assassiné de cette manière est un échec de ces organes à fournir une protection à quelqu’un dont ils savaient qu’il serait ciblé», a déclaré le président de l’organisation, Tejinder Singh Sidhu, dans le communiqué.

«Le rôle de l’ingérence étrangère de l’Inde doit faire l’objet d’une enquête approfondie et les responsables de ce crime doivent être traduits en justice», a-t-il ajouté.

Le communiqué de presse indique que M. Nijjar a nié être impliqué dans une activité criminelle.