Le cerveau «rajeunit» après une chirurgie bariatrique, selon une étude

MONTRÉAL — La perte de poids importante qui suit une chirurgie bariatrique s’accompagne d’un rajeunissement impressionnant du cerveau, ont constaté des chercheurs québécois.

Deux ans après avoir subi cette intervention, le cerveau des patients avait ainsi rajeuni de plus de cinq ans.

«Ça nous suggère vraiment une amélioration de la santé cérébrale après la chirurgie bariatrique», a résumé la responsable de cette étude, Andréanne Michaud, qui est professeure à l’École de nutrition de l’Université Laval et chercheuse au Centre de recherche de l’Institut universitaire de cardiologie et de pneumologie de Québec-Université Laval.

Les chercheurs ont tout d’abord utilisé l’imagerie par résonance magnétique cérébrale pour documenter, à l’aide de quelque 600 sujets en santé, les changements qui surviennent normalement à la densité de la matière grise du cerveau en vieillissant.

Ce modèle a ensuite été appliqué à une cohorte d’une trentaine de patients obèses «pour évaluer dans quelle mesure leur neuroanatomie est différente de la population en santé», a précisé Mme Michaud.

«On a vu qu’il y avait une augmentation de l’âge cérébral avec l’obésité sévère», a-t-elle précisé.

Les images ont été prises deux mois avant la chirurgie ainsi que quatre, douze et vingt-quatre mois après l’intervention. Un an après la chirurgie, le cerveau des patients avait rajeuni d’environ trois ans. Après deux ans, il avait rajeuni de 5,6 années.

L’amélioration de l’âge cérébral qui survient après une chirurgie bariatrique semble associée au poids qui a été perdu. Plus la réduction du poids corporel est importante, plus l’indice de masse corporelle chute, plus la pression artérielle et la résistance à l’insuline s’améliorent, plus le rajeunissement était prononcé.

«Donc ça semble être associé quand même à la perte de poids, mais aussi à l’amélioration de la santé cardiométabolique, a souligné Mme Michaud. C’est sûr qu’on peut pas exclure que ce soit parce que la personne a apporté des changements dans ses habitudes de vie, dans ses habitudes alimentaires, mais on n’a pas pu l’évaluer dans le contexte de notre étude.»

Tout comme l’obésité est une maladie multifactorielle, il y a fort à parier que de multiples mécanismes sous-tendent également ce rajeunissement du cerveau, a-t-elle précisé: une réduction de l’inflammation qui accompagne l’obésité, une vascularisation améliorée du cerveau, ou encore des changements aux hormones gastro-intestinales ou au microbiote sont autant de pistes intrigantes.

La science savait déjà que la chirurgie bariatrique peut améliorer de façon marquée la santé cardiométabolique, mais cette nouvelle étude confirme qu’elle peut aussi améliorer la santé du cerveau, a dit Mme Michaud.

La chercheuse et son équipe constituée de chercheurs des universités Laval, McGill et de Montréal continuent de suivre ces patients pour déterminer si les gains observés se maintiennent et s’ils se traduisent par une amélioration à des tests mesurant les capacités cognitives.

Les conclusions de cette étude sont publiées dans le numéro d’octobre de la revue scientifique NeuroImage.