Le cardinal Gérald Cyprien Lacroix est blanchi après l’enquête commandée par le pape
QUÉBEC — Le cardinal Gérald Cyprien Lacroix est blanchi par le Vatican des allégations d’attouchements sexuels qui avaient été portées contre lui par une plaignante anonyme dans le cadre d’une action collective.
Le Vatican a annoncé mardi que l’enquête qu’il avait commandée au sujet des allégations n’a permis de confirmer aucun geste d’inconduite de la part de l’archevêque de Québec, de sorte qu’aucune autre procédure canonique n’est prévue dans ce dossier.
C’est l’ex-juge de la Cour supérieure André Denis qui avait été mandaté pour mener l’enquête, en février. Il a terminé le rapport de son enquête préliminaire le 6 mai, puis l’a transmis au pape François dans les jours suivants.
«À la lumière des faits examinés par le juge, le rapport ne permet pas d’identifier des actes constitutifs d’inconduite ou d’abus de la part du cardinal Gérald C. Lacroix», a indiqué le Vatican.
Dans un communiqué, le Vatican a remercié le juge Denis pour son travail et a précisé que ce dernier a reçu l’autorisation de publier un mémoire résumant les éléments de son enquête.
De son côté, le diocèse de Québec a indiqué mardi que le cardinal Lacroix prévoyait demeurer en retrait «encore un certain temps pour favoriser un règlement de l’action collective». Il s’adressera bientôt aux diocésains par message vidéo, a-t-on laissé savoir.
Une enquête incomplète
Plus tôt dans la journée, le juge Denis avait tenu une conférence de presse dans un hôtel de Québec, afin de présenter ses conclusions. Il a expliqué n’avoir jamais pu s’entretenir avec la présumée victime.
«J’ai tenté à plusieurs reprises de convaincre la demanderesse de m’aider à compléter mon mandat. (…) Elle a refusé toutes mes demandes», a-t-il déclaré.
Il a souligné qu’à l’inverse, «Mgr Lacroix a collaboré à mon enquête de toutes les façons que j’ai jugé utiles. Il affirme qu’il n’a jamais commis les actes qu’on lui reproche. Son témoignage est posé, spontané et crédible».
Même s’il conclut que le parcours du cardinal Lacroix est «impeccable», André Denis reconnaît que son enquête a été «gravement affectée» par l’absence du témoignage de la présumée victime.
«Si je ne peux affirmer que sa dénonciation est infondée, je ne peux certes pas l’avaliser sur la foi des faits révélés par mon enquête. Je suis incapable de dire si l’acte reproché a eu lieu ou non», a-t-il admis.
Toutefois, «les faits colligés lors de mon enquête démontrent que je ne peux pas relier Mgr Lacroix à la dénonciation de la demanderesse».
Il s’appuie sur une revue de presse datant de janvier 2024, sur des rencontres avec «des dizaines d’intervenants» et sur la consultation d’archives au diocèse de Québec et à l’Institut séculier Pie X.
Un procès canonique n’aurait pas non plus permis de découvrir la vérité dans cette affaire, selon lui. «Elle ne veut pas témoigner, alors le procès se serait arrêté après huit minutes», a soutenu le juge à la retraite.
Ce rapport du juge Denis n’est pas «valide» et «ne veut rien dire», a réagi en entrevue téléphonique Me Alain Arsenault, l’avocat de la plaignante responsable de l’action collective.
«Notre cliente ne voulait pas participer au système privé de justice du Vatican. Elle veut le système de justice public, crédible de la Cour supérieure», a-t-il expliqué.
Me Arsenault souligne également que le rapport du juge Denis ne «change absolument rien» à l’action collective qui est en cours actuellement. «Ça n’a aucune incidence.»
Des faits allégués qui remontent à 1987-1988
Le nom de Mgr Lacroix s’était retrouvé dans des documents judiciaires déposés le 26 janvier dans le cadre d’une action collective intentée contre l’archidiocèse de Québec par de présumées victimes d’agressions sexuelles.
Les allégations qui le visaient remontaient à 1987 et 1988. La victime présumée avait 17 ans au moment de la première agression alléguée.
Le cardinal Lacroix a fermement nié ces allégations. Dans une vidéo, il avait soutenu n’avoir jamais, à sa connaissance, posé de geste inapproprié envers qui que ce soit.
Il avait cependant annoncé qu’il se retirait temporairement de ses fonctions jusqu’à ce que la situation soit clarifiée.
Mgr Lacroix est l’une des personnalités catholiques les plus influentes du Canada. Lorsqu’il a été nommé archevêque de Québec en 2011, il devenait d’office «primat de l’Église catholique du Canada». Le pape François l’a désigné cardinal en janvier 2014.
En 2023, il a accédé au Conseil des cardinaux, un groupe de neuf membres qui a pour mission d’assister le pape dans le gouvernement de l’Église.