Le Bloc cesse de s’adresser à Greg Fergus avec «Monsieur le président»

OTTAWA, Okla. — Le Bloc québécois a cessé de ponctuer ses questions à la Chambre des communes du traditionnel «Monsieur le président», afin d’envoyer un signal supplémentaire au président Greg Fergus qu’il devrait tirer sa révérence.

«On a cessé de reconnaître le président, comme il n’a plus la confiance du Bloc québécois» et qu’«il semble s’accrocher désespérément à son poste», a confirmé mercredi après-midi l’attaché de presse Julien Coulombe-Bonnafous à La Presse Canadienne.

La procédure de la Chambre des communes précise que les questions orales doivent être adressées à la présidence.

Or, la «consigne» a été donnée aux députés bloquistes de «systématiquement» ne plus nommer M. Fergus lorsqu’il occupe le fauteuil et de faire de même «autant que possible» le reste du temps, a mentionné M. Coulombe-Bonnafous.

Les bloquistes continueront cependant d’utiliser la formule «Monsieur le président» lorsque les vice-présidents dirigent les délibérations.

Le député libéral de Hull—Aylmer, qui n’occupe la fonction de président de la Chambre que depuis octobre, est dans l’embarras en raison de sa récente apparition dans une vidéo vêtu de son habit de cérémonie lors d’un événement partisan.

Les conservateurs et les bloquistes mènent la charge pour le pousser à démissionner pour avoir manqué à son devoir d’impartialité, alors que les libéraux et les néo-démocrates, qui cumulent ensemble une majorité de voix, y voient une «erreur de jugement» et lui accordent leur confiance.

«Quand un président de la Chambre voit deux partis majeurs ne plus avoir confiance en lui, la règle d’usage, c’est qu’il quitte», a une fois de plus plaidé mercredi le leader parlementaire du Bloc québécois, Alain Therrien.

Dans la foulée de la controverse, les élus ont envoyé le dossier au comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre – «PROC» de son petit nom –, lui donnant pour mandat d’examiner si le président devrait être puni et de soumettre un rapport au plus tard jeudi.

Lors de son témoignage, lundi, devant ce comité, M. Fergus a reconnu son erreur et promis de ne plus recommencer.

Il a renoncé à démissionner si «la Chambre décide qu’ils n’ont plus la confiance dans mon travail, que je ne peux pas regagner la confiance des députés, que je ne peux pas exécuter les responsabilités de président en apprenant de cette erreur, avec un désir profond et sincère de corriger le tir».

La motion qui a placé le dossier entre les mains de ce comité précise que le président devait «recevoir l’instruction de demander une mesure corrective appropriée». Les néo-démocrates proposent qu’une pénalité financière lui soit imposée.

Il semble très improbable que les membres du comité réclament à l’unisson que M. Fergus renonce à ses fonctions.

Quoi qu’il en soit, les conservateurs ont déposé un avis de motion voulant que la Chambre retire sa confiance au président Fergus et ordonne une nouvelle élection. Selon la formation politique, un vote devrait avoir lieu jeudi.

M. Fergus est devenu président de la Chambre en octobre à la suite de la démission de son prédécesseur, Anthony Rota, pour avoir mené involontairement les élus à ovationner un ancien combattant nazi lors d’une visite du président ukrainien Volodymyr Zelensky.

– Avec des informations d’Émilie Bergeron