Lancement des célébrations du 100e anniversaire de naissance de René Lévesque

MONTRÉAL — Un homme courageux, authentique, «créateur de fierté»: ce sont dans ces mots que plusieurs ont décrit René Lévesque à l’occasion du coup d’envoi des célébrations entourant le centenaire de l’ex-premier ministre du Québec.

Politiciens, ex-élus et diverses personnalités étaient réunis lundi soir à la Grande Bibliothèque, à Montréal, pour saluer l’héritage de l’homme politique fondateur du Parti québécois (PQ).

«Je suis vraiment touchée. (…) Ça me fait chaud au cœur. Merci parce que vous prolongez le souvenir que j’ai d’un homme extraordinaire», a commenté émue la fille de René Lévesque, Suzanne, accompagnée de son frère Claude, qui a officiellement proclamé ouvertes les festivités entourant ce qui est appelé l’«Année Lévesque».

Plusieurs activités auront lieu pour souligner la mémoire de M. Lévesque, de la Fête nationale cette année jusqu’à celle en 2023.

Celui qui a été tour à tour journaliste, chroniqueur, animateur, ministre et premier ministre aurait eu 100 ans le 24 août 2022. M. Lévesque est décédé il y a près de 35 ans, le 1er novembre 1987.

Les chefs caquiste, libéral, solidaire et péquiste étaient présents, lundi soir, pour prendre la parole et témoigner de son parcours, montrant que l’homme continue de rassembler.

«Trente-cinq ans après sa mort, tous les sondages le révèlent encore premier ministre de référence. C’est ainsi que René Lévesque appartient à tous les Québécois et que sa mémoire transcende tous les partis», a souligné l’ex-premier ministre Lucien Bouchard, président d’honneur des commémorations portées par la Fondation René-Lévesque.

François Legault a présenté M. Lévesque comme un «créateur de fierté».

«René Lévesque nous a libérés de notre mentalité de née pour un petit pain. Il nous a donné confiance en nous-mêmes. Il nous a permis de voir grand», a affirmé le premier ministre, lui-même un ancien péquiste.

M. Legault n’a toutefois fait aucune mention du projet souverainiste qu’a porté René Lévesque au cours de sa carrière, outre d’avoir souligné qu’il avait créé le Mouvement souveraineté-association, devenue le PQ.

Le chef actuel de la formation souverainiste ne s’est toutefois pas gêné pour relater le combat indépendantiste de l’homme, dans son discours qui a duré plus longtemps que les autres orateurs invités.

Paul St-Pierre Plamondon a fait des parallèles avec l’époque d’aujourd’hui. Selon lui, si M. Lévesque était encore chroniqueur au Journal de Montréal, il emploierait les mots «faux semblants» et «hypocrisie» «pour commenter l’actualité politique des dernières semaines».

M. St-Pierre Plamondon assure qu’il ne visait personne avec ses remarques.

«Il y a eu beaucoup d’anciens péquistes qui ont tellement donné pour qu’on devienne un pays, et on a tendance à les honorer sans nommer l’essentiel. Ça prenait quelqu’un ce soir pour mentionner l’essentiel», a soutenu M. St-Pierre Plamondon, en mêlée de presse à la fin de l’événement.

Le chef péquiste avait d’abord été exclu de la liste des orateurs invités lundi soir, avant que la Fondation fasse volte-face la semaine dernière. Il a été chaudement applaudi lorsqu’il est monté sur scène.

«Merci d’avoir invité Paul St-Pierre Plamondon pour qu’il nous fasse ce beau discours», a mentionné le président et chef de la direction de Québecor, Pierre-Karl Péladeau, qui prenait la parole tout de suite après le leader du PQ.

La cheffe libérale Dominique Anglade a pour sa part souligné que M. Lévesque a fait son entrée en politique québécoise sous le gouvernement libéral de Jean Lesage dans lequel il a mené plusieurs réalisations, dont la nationalisation de l’hydroélectricité.

Bien que sa formation politique est en désaccord avec l’option souverainiste, «nous avons toujours partagé avec René Lévesque la conviction profonde que les Québécois disposent de tout le talent, de toute la richesse, de toutes les capacités pour assumer leur destin», a déclaré Mme Anglade.

Le co-porte-parole de Québec solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois, a raconté que la simple évocation du nom de l’ex-premier ministre à ses parents et grands-parents déclenche «encore chez eux un petit frisson» et un sentiment de confiance.

«Ça en dit long sur l’histoire d’amour entre René Lévesque et son peuple. Nous avons besoin au Québec de ce qu’il a fait naître entre nous. Nous avons besoin de rêver, de retrouver confiance. Nous avons besoin de retrouver le petit frisson qui vient avec les grands gestes», a-t-il plaidé.

Création d’un prix de journalisme

François Legault a profité de l’occasion de son allocution pour annoncer la création d’un prix du journalisme au nom de René Lévesque.

Il sera décerné dès l’année prochaine dans le cadre des Prix du Québec.

«Ça va devenir la plus haute distinction attribuée par le gouvernement du Québec pour une contribution remarquable dans le domaine du journalisme. Je pense que c’est une belle manière d’immortaliser la contribution de René Lévesque», a indiqué M. Legault.

Créés en 1977, les Prix du Québec récompensent l’œuvre ou la carrière de personnes des domaines culturel et scientifique.

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Cet article a été produit avec le soutien financier des Bourses Meta et La Presse Canadienne pour les nouvelles.