«L’Amérique pleure»: pluie d’hommages pour Karl Tremblay à l’annonce de son décès

MONTRÉAL — Qu’ils émanent de la sphère politique, du milieu culturel ou même des sports, les hommages ont afflué, à la manière d’étoiles filantes, à l’annonce du décès du chanteur des Cowboys Fringants, Karl Tremblay.

Moins d’une heure après l’annonce du décès de l’artiste de 47 ans, les messages d’adieux ont abondé sur les réseaux sociaux, alors que le temps semblait s’être arrêté pour pleurer sa disparition.

Le premier ministre François Legault a notamment qualifié Karl Tremblay de «grande étoile, une belle étoile. Une étoile filante», en référence à l’un des grands succès des Cowboys Fringants.

«Karl Tremblay nous a quittés et c’est tout le Québec qui pleure. Mes plus sincères condoléances à sa famille et à ses proches», a indiqué M. Legault.

Depuis la Californie, le premier ministre Justin Trudeau a aussi déploré le départ de Karl Tremblay, soulignant la perte d’une «icône».

«L’influence de Karl Tremblay sur le Québec et sa culture est sans égale. Sa musique et ses paroles ont inspiré des millions de personnes», a écrit M. Trudeau.

Lors de son gala, qui s’est tenu la semaine dernière, l’Association québécoise de l’industrie du disque, du spectacle et de la vidéo (ADISQ) avait consacré les Cowboys Fringants Groupe de l’année, un honneur qui leur a été plusieurs fois accordé.

Sur X, anciennement Twitter, l’association a souligné que le groupe avait «marqué l’histoire de la musique au Québec», et ce, depuis 25 ans. «Il restera à jamais notre étoile filante.»

L’auteur-compositeur-interprète Émile Bilodeau a pour sa part parlé de son idole de jeunesse comme d’un «guerrier flamboyant».

En entrevue téléphonique avec La Presse Canadienne, M. Bilodeau a indiqué que M. Tremblay avait rendu la profession encore «plus noble». «Il faut une énergie à revendre pour (faire de tels spectacles), et on ne peut passer sous silence sa résilience», a avancé le jeune artiste.

«On le voyait fatigué, on le voyait épuisé et à bout de ressources et de souffle, mais Karl voulait vraiment donner un bon show à son public, a-t-il ajouté. C’est toute qu’une leçon qu’il a donnée aux jeunes artistes, et même aux plus vieux.»

Des hommages improvisés

Mercredi soir, des amateurs des Cowboys se sont rassemblés à l’improviste pour saluer l’impact qu’a eu la voix de Karl Tremblay dans leur vie.

À L’Assomption, une poignée de personnes se sont retrouvées autour d’un piano pour chanter quelques morceaux du groupe, dont «Sur mon épaule», qui était de circonstance.

Sur les réseaux sociaux, une page Facebook a aussi été créée pour annoncer un rassemblement prévu jeudi soir sur les plaines d’Abraham, où la musique des Cowboys Fringants a fait vibrer des milliers de festivaliers au fil des ans.

Au même moment, des Montréalais prévoient de se réunir au parc Jeanne-Mance, afin de célébrer la vie «d’un poète moderne, d’un conteur de nos vies, l’âme de toute une génération et d’un peuple».

Un hommage a aussi été rendu à Karl Tremblay mercredi soir lors d’une partie du Rocket de Laval, dans la Ligue américaine de hockey, où les quelque 7000 partisans présents ont chanté en cœur «Les étoiles filantes», utilisant leurs cellulaires pour illuminer la Place Bell.

Ailleurs dans le monde du sport, la Ligue nationale de hockey, sur sa page en français, a aussi utilisé son compte X pour souligner que «l’oeuvre de Karl Tremblay et des Cowboys Fringants a toujours été aussi rassembleuse que notre sport national».

Drapeaux en berne

«Montréal pleure. C’est un grand artiste qui nous quitte. La voix et les chansons de Karl Tremblay résonneront encore longtemps dans nos coeurs. Mes plus sincères sympathies à ses fans, aux membres des Cowboys et à ses proches», a publié la mairesse de Montréal, Valérie Plante, sur X. Un peu plus tard, elle a annoncé que les drapeaux de l’hôtel de ville de la métropole seront en berne.

À Québec, les drapeaux seront aussi abaissés à l’hôtel de ville, jeudi, pour honorer «l’héritage culturel» d’un artiste qui semblait faire l’unanimité. «Un grand homme qui a fait virer plus d’une fois la région de la Capitale-Nationale», a rappelé le maire Bruno Marchand.

La ville d’origine des Cowboys Fringants, Repentigny, a aussi l’intention de rendre un honneur «à la hauteur de l’homme» qu’était Karl Tremblay, a fait savoir son maire, Nicolas Dufour, sur Facebook. Les drapeaux seront aussi mis en berne dans cette municipalité.

Des élus sous le choc

Le choc était tout aussi ressenti à l’Assemblée nationale, alors que le ministre de la Culture et des Communications, Mathieu Lacombe, a affirmé sur X avoir «le coeur brisé» d’apprendre le décès de «la voix de ce qui est selon moi aujourd’hui le groupe le plus marquant et influent de l’histoire du Québec».

«Ouf. Comment dire? Karl, avec les Cowboys, a non seulement marqué l’histoire du Québec, mais il a aussi été la voix de tellement de monde, de tellement de combats.(…) Les Cowboys, c’est nous tous. C’est une immense perte pour notre nation. (…) Bon repos, Karl. On n’oubliera jamais ta voix, ta grandeur et la marque que tu laisses sur le Québec», a publié le ministre caquiste.

Le chef intérimaire du Parti libéral du Québec, Marc Tanguay, a lui aussi publié un vibrant hommage à M. Tremblay sur X.

«Ce soir, c’est tout l’Québec qui pleure, que’que part au fond du cœur. Les Cowboys Fringants et au premier titre Karl Tremblay nous auront fait chanter et danser comme personne d’autre. Son combat courageux contre le cancer nous a profondément touchés. Les derniers spectacles du groupe resteront particulièrement gravés dans nos mémoires, témoignages de la force du chanteur face à l’adversité.  Sa voix unique continuera de résonner éternellement dans notre mémoire collective», a écrit le député de LaFontaine.

Le chef du Parti québécois, Paul St-Pierre Plamondon, n’était pas en reste, même s’il a affirmé que les mots lui manquaient pour exprimer sa peine. «Karl Tremblay aura marqué tout le Québec, tout le monde peut s’identifier à l’une des chansons des Cowboys», a mentionné l’élu.

«La plus belle étoile filante s’est éteinte dans le firmament du Québec, a commenté le chef conservateur Éric Duhaime. Karl Tremblay emporte avec lui une partie de notre âme.  Repose en paix, troubadour.»

Un décès qui résonne à Ottawa

À Ottawa, la ministre fédérale du Patrimoine, Pascale St-Onge, a qualifié la disparition de Karl Tremblay de «grande perte pour tout le Québec». «Karl a marqué la culture francophone et québécoise. Nous n’oublierons jamais sa voix et son courage», a-t-elle écrit sur X.

Le ministre fédéral de l’Environnement, Steven Guilbault, a offert ses condoléances aux proches du défunt et à ses «milliers de fans». «Ce soir, le Québec pleure. Bon repos Karl, tu nous as fait danser, chanter et pleurer pendant des décennies.»

«C’est aux proches, à la petite et grande famille et aux centaines de milliers de fans des Cowboys Fringants et de Karl Tremblay que j’adresse mes condoléances. Je vous souhaite un courage digne du sien et l’amour digne de l’espoir qu’il a gardé et partagé. Ce soir, avec vous, le Québec pleure un grand artiste», a gazouillé le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet.

Le ténor conservateur Gérard Deltell a aussi tenu à offrir ses condoléances. «Ce soir, ce n’est pas l’Amérique qui pleure, mais bien tout le Québec alors que nous apprenons le décès du chanteur des Cowboys Fringants, Karl Tremblay. Parti trop tôt, il aura accompagné les Québécois sur près de trois décennies.»

Le député néo-démocrate Alexandre Boulerice s’est dit «sous le choc et attristé du départ trop rapide de Karl Tremblay».

«Tout le Québec est en deuil et pleure celui qui nous chantait si bien. Nous ne sommes que poussières d’étoiles et nous venons de perdre une très belle étoile filante.»