La rencontre sur la santé à Vancouver se termine sans accord avec le fédéral

VANCOUVER — Le gouvernement fédéral s’est retiré d’un communiqué conjoint avec les ministres provinciaux et territoriaux de la Santé, mettant fin à des réunions très attendues à Vancouver sans aucun accord pour augmenter le financement des soins de santé. 

Le ministre de la Santé de la Colombie-Britannique, Adrian Dix, qui a qualifié la fin des rencontres de «décevante», avait déclaré que les ministres provinciaux et territoriaux étaient unis derrière une demande pour que le financement fédéral passe de 22 % à 35 % de leurs dépenses en santé. 

Un communiqué du Conseil de la fédération, qui regroupe les premiers ministres des 13 provinces et territoires, indiquait mardi que les premiers ministres des provinces et territoires «réitèrent leur appel urgent» pour concrétiser un accord durable avec le gouvernement fédéral pour le financement des soins de santé par le biais du Transfert canadien en matière de santé (TCS). 

En conférence de presse à Vancouver, mardi soir, M. Dix a exprimé sa déception quant au fait que le fédéral n’a présenté aucun détail sur le montant d’argent. «Personnellement, je suis déçu, mais pas découragé. Nous avons une détermination fondamentale pour aller en avant et faire le travail pour les Canadiens», a mentionné M. Dix. 

Il a souligné le travail que le gouvernement fédéral a fait pendant la pandémie de la COVID-19 et il espère qu’il voudra collaborer à nouveau aux côtés des provinces et territoires. 

Le ministre de la Santé du Québec, Christian Dubé, a également participé à la conférence fédérale-provinciale-territoriale de mardi. Il a précisé aux journalistes que ce n’était pas le résultat auquel ses homologues et lui s’attendaient. 

M. Dubé a toutefois souligné que même s’il attendait l’argent du fédéral pour améliorer le système de santé, il n’attendrait pas pour faire les investissements nécessaires. Il a réitéré que l’argent du fédéral doit être versé sans condition. «Parce qu’en ce moment, nous, on n’attend pas des conditions, on fait des investissements souvent au-dessus de notre tête qui sont beaucoup plus importants que ce qu’on devrait faire. Et ça nous prend l’aide du fédéral», a-t-il fait valoir.

M. Dubé s’est dit déçu de ne pas avoir eu les détails des montants ni des conditions. «Tout le monde a le même objectif, c’est de dire au fédéral: “Écoutez, on peut faire la job, mais en ce moment on a besoin de votre aide et on a besoin de l’avoir sans condition ».»

Le ministre fédéral de la Santé, Jean-Yves Duclos, a déclaré lundi que les provinces et territoires doivent accepter d’utiliser des indicateurs de santé communs et de créer un système de données sur la santé de «classe mondiale» pour le pays.

Le rehaussement des montants d’argent est réclamé unanimement par les premiers ministres des provinces et territoires depuis plus de deux ans.

Les premiers ministres blâmés par Duclos 

Jean-Yves Duclos a réagi avec fermeté sur la conclusion de la rencontre, affirmant que les premiers ministres provinciaux et territoriaux ont demandé à leur ministre de la Santé de faire en sorte qu’il n’y ait pas d’entente.  

Il a commencé son discours en mentionnant que tous les progrès espérés n’ont pas été réalisés. 

M. Duclos a dit que depuis février 2022, et dans les mois précédents — à l’initiative des provinces et territoires — les fonctionnaires fédéraux ont travaillé «avec diligence» en collaborant sur deux initiatives «vraiment importantes» qu’il espérait pouvoir annoncer et mettre en œuvre dès aujourd’hui. 

Il s’agit de mettre en place un plan d’action pancanadien visant à relever les défis en matière de main-d’œuvre ainsi que d’une stratégie pancanadienne relative aux données de la santé. «Avant la fin de la réunion et avant même que les discussions sur ces deux points essentiels ne soient terminées, les premiers ministres des provinces ont publié une déclaration qualifiant la réunion d’échec», s’est désolé M. Duclos. 

«Malgré le geste d’ouverture posé hier, les collègues ministres provinciaux et territoriaux ont reçu l’ordre de leur premier ministre de ne pas faire de progrès additionnel. Par conséquent, les premiers ministres nous ont empêchés de prendre des mesures concrètes et tangibles qui feraient et feront une différence immédiate dans la vie quotidienne des travailleurs de la santé et des patients. C’est évidemment décevant», a-t-il déclaré. 

M. Duclos a lui aussi abordé la pandémie pour souligner qu’en travaillant ensemble, il était possible de faire les choses différemment. Il a pointé du doigt les premiers ministres provinciaux et territoriaux en affirmant qu’ils empêchaient les ministres de la Santé de faire leur travail et de collaborer de manière constructive. «Les premiers ministres provinciaux forcent mes collègues à parler que d’une seule et même chose: l’argent». 

Trudeau veut des résultats 

Le premier ministre du Canada Justin Trudeau a déclaré lundi que le gouvernement fédéral voulait voir des résultats pour l’argent qu’il distribuerait et a réaffirmé cela mardi lors d’une conférence de presse à Oromocto, au Nouveau-Brunswick.

«On a besoin d’avoir un système de santé qui fonctionne. On a besoin de résultats. Les Canadiens ont besoin d’avoir accès à un médecin de famille, on a besoin d’avoir un accès plus rapide à des services de santé mentale, on a besoin de s’assurer que nos urgences ne sont pas débordées; que nos infirmières, nos docteurs peuvent travailler adéquatement pour couvrir les besoins. Ce n’est pas juste une question d’argent, c’est une question d’assurer ces résultats», a déclaré M. Trudeau. 

Questionné à savoir si les provinces ont besoin d’une bonification des transferts en santé alors qu’ils réduisent les taxes, M. Trudeau a dit:   «Ce n’est pas l’argent qui manque dans les systèmes provinciaux s’ils sont en train d’envoyer des chèques pour les gens qui en ont le moins besoin ou donner des baisses d’impôts aux plus riches». 

Les ministres de la Santé des provinces et des territoires poursuivront leur collaboration alors qu’ils procèdent à la mise en œuvre de leurs plans respectifs visant à améliorer la prestation des soins de santé, indique un communiqué du Conseil de la fédération. 

Le Québec s’est doté en mars de son plan pour mettre en œuvre les changements nécessaires en santé, principalement en ce qui a trait aux ressources humaines, aux technologies de l’information, aux données et aux infrastructures.