La population de grands requins blancs pourrait être en hausse

FREDERICTON — Le nombre inhabituellement élevé de grands requins blancs retrouvés morts sur les plages canadiennes au cours de la dernière année démontre que cette population augmente, selon un biologiste.

Quatre grands requins blancs ont été trouvés échoués sur des grèves de l’Île-du-Prince-Édouard, de la Nouvelle-Écosse et du Nouveau-Brunswick au cours des 12 derniers mois, a déclaré John Chisholm, de l’Aquarium de Nouvelle-Angleterre, à Boston. 

Il souligne que ce nombre est plus élevé que les années précédentes — sans compter les requins qui ne viennent pas s’échouer.

Les grands requins blancs sont protégés au Canada depuis la fin des années 2000 et aux États-Unis depuis le milieu des années 1990, a déclaré le spécialiste Chisholm, qui croit que ces efforts de conservation pourraient entraîner une croissance de la population. 

De plus, la nourriture que ces requins consomment a également été protégée — les phoques en particulier, ajoute-t-il. 

L’École vétérinaire de l’Atlantique à l’Université de l’Île-du-Prince-Édouard a signalé que la carcasse d’un grand requin blanc retrouvé sur une plage le 7 août dans le parc national de Greenwich mesurait près de 2,7 mètres de long et pesait environ 215 kilos, selon les pathologistes.

«Il n’y avait aucun signe de blessures importantes, aucun signe de traumatisme et aucune preuve d’enchevêtrement», a précisé dans un courriel Apryl Munro, porte-parole de l’école vétérinaire. Son foie était en bon état et l’animal était bien nourri. 

La scientifique Heather Bowlby, de Pêches et Océans Canada, rappelle que les grands requins blancs ont toujours été présents dans les eaux canadiennes de l’Atlantique, les records remontant au début des années 1900.

M. Chisholm raconte que son arrière-arrière-grand-père avait attrapé deux grands requins blancs dans ses filets alors qu’il pêchait le maquereau à Georgetown, à l’Île-du-Prince-Édouard, en septembre 1921. «J’ai donc toujours su qu’ils étaient là depuis que je suis tout petit.»

Au Canada, les proies des requins sont abondantes – bar rayé, thon, phoques et marsouins – mais il peut y avoir d’autres raisons pour lesquelles les gens ont signalé une augmentation des observations de requins, a déclaré Mme Bowlby.

«Bien qu’il existe des preuves anecdotiques que la population de requins blancs augmente, nous voyons plus de requins marqués par les chercheurs, et les gens sont plus présents sur les eaux, avec un accès aux téléphones portables et aux médias sociaux», a-t-elle déclaré.

Un article publié en juillet dans la revue «Marine Ecology Progress Series» a établi une base de référence de 800 grands requins blancs qui ont visité Cape Cod, au Massachusetts, entre 2015 et 2018. 

Mme Bowlby souligne que des recherches antérieures suggèrent qu’environ 20 % de ces requins viennent au Canada, ce qui représenterait 160 individus. Mais elle précise qu’il est «très difficile» de recenser une espèce comme le requin blanc, car il n’est pas régulièrement capturé dans les filets de pêche.

M. Chisholm souligne aussi que la température de l’océan pourrait aussi être un facteur qui entraînerait une augmentation du nombre de requins dans les eaux canadiennes. Ces requins peuvent tolérer une large gamme de températures de l’eau, mais les températures d’environ 15°C au Canada sont particulièrement bien adaptées, a-t-il déclaré.

Une étude publiée en juin dans la Revue canadienne des sciences halieutiques et aquatiques suggère que le marquage et la surveillance indiquent que les grands requins blancs sont plus abondants dans les eaux canadiennes qu’on ne le supposait auparavant d’après les observations historiques et les données de capture.

M. Chisholm rappelle par ailleurs que même si le risque pour les humains d’une attaque de requin est minime, les gens devraient pécher par excès de prudence et ne pas traiter l’océan comme leur piscine privée.

«C’est un endroit sauvage, tout aussi sauvage que l’Amazonie ou le Serengeti, en Afrique, dit-il. On n’irait pas faire un safari en gougounes et en maillot de bain.»

Note aux lecteurs: Dans une version précédente publiée le jeudi 10 mai, La Presse Canadienne a erronément rapporté que quatre grands requins blancs s’étaient échoués sur des grèves de l’Île-du-Prince-Édouard, de la Nouvelle-Écosse, du Nouveau-Brunswick et du Québec au cours des 12 derniers mois. En réalité, aucun de ces poissons n’a été découvert au Québec.