La mère d’Amanda Todd souhaite plus de sensibilisation sur le harcèlement en ligne

OTTAWA — Carol Todd, la mère de l’adolescente de la Colombie-Britannique qui s’est suicidée il y a dix ans, croit que la police doit prendre au sérieux le harcèlement en ligne et ne pas pousser les victimes à se sentir coupables de ce qui leur arrive.

Amanda Todd, âgée de 15 ans, est morte quelques semaines après avoir publié une vidéo sur Internet détaillant comment elle avait été victime de chantage par un prédateur en ligne.

Aydin Coban a été reconnu coupable en août dernier d’extorsion, de harcèlement, de possession de pornographie juvénile et de communication avec une personne mineure en vue de commettre une infraction sexuelle. Le tribunal n’a pas encore prononcé la peine qui lui sera infligée, mais il a été extradé au Canada afin de faire face à la justice.

Lors de son témoignage devant le Comité permanent de la condition féminine de la Chambre des communes, lundi, Carol Todd a expliqué pourquoi elle tenait à être présente sur place pour chaque journée du procès, qui a duré neuf semaines.

«Je voulais être là, en tant que mère, pour entendre la même chose que le jury», a-t-elle souligné.

«Et j’ai trouvé qu’il y avait des lacunes dans certaines des mesures préventives que les forces de l’ordre pouvaient fournir pour prendre un crime au sérieux, comme s’assurer qu’il fait l’objet d’une enquête, ne pas faire honte à la victime, ne pas faire sentir à ma fille qu’elle était responsable et ne pas faire en sorte que ses parents se sentent coupables.»

Mme Todd a reconnu que le pays a beaucoup appris depuis la mort d’Amanda sur les dangers qui guettent Internet, en partie à cause du cas de sa fille, mais elle a réitéré qu’il reste encore beaucoup à faire pour éduquer les élèves, les parents et les enseignants.

Elle veut notamment voir plus de ressources pour mettre en place un guide que les enseignants pourraient utiliser, et que le gouvernement réexamine la loi qui régit la cyberintimidation.

Ce projet de loi, qui a reçu la sanction royale en 2014, érige en crime le partage d’images intimes sans consentement et précise que les infractions au Code criminel, comme le harcèlement, peuvent également être commises en ligne.

Mme Todd estime qu’il faut de meilleures définitions de l’exploitation en ligne et de la cyberintimidation, et croit que la police doit comprendre ce que signifie vraiment le harcèlement.

«Vous ne pouvez pas demander à un policier d’enquêter à moins que ce harcèlement ne comporte une menace de mort, a-t-elle dénoncé. Nous devons vraiment définir et regarder ce que cela signifie vraiment.»