La mammographie semble bénéfique pour les femmes de 40-49 ans

MONTRÉAL — Les femmes de 40 ans et plus auraient avantage à subir une mammographie chaque année pour réduire leur risque d’un diagnostic de cancer du sein plus avancé quelques années plus tard, concluent des chercheuses ontariennes.

La proportion de cancers du sein avancés chez les femmes de 50 à 59 ans est moins élevée dans les provinces où on effectue des mammographies annuelles chez les 40 à 49 ans que dans les provinces qui commencent le dépistage plus tardivement, démontrent leurs travaux.

On constate aussi une plus faible proportion de cancers du sein de stades 2, 3 et 4 chez les femmes de 40 à 49 ans ― et de cancers de stades 2 et 3 chez les femmes de 50 à 59 ans ― dans les provinces où on procède à un dépistage annuel chez les quadragénaires, explique la nouvelle étude.

«La différence (entre les différents stades) est énorme, a dit la coauteure principale de l’étude, la docteure Anna Wilkinson, qui professeure agrégée à la Faculté de médecine de l’Université d’Ottawa. Plus le stade est élevé, plus le cancer est avancé, plus nous avons besoin de traitements invasifs, de chirurgies importantes, de chimiothérapie, de congés du travail, plus il y a d’effets secondaires à long terme et plus la survie est faible.»

Le taux de survie à cinq ans atteint 99,8 % pour les cancers de stade 1, contre seulement 23,2 % pour les cancers diagnostiqués au stade 4.

La docteure Wilkinson et sa collègue, la docteure Jean Seely, elle aussi coauteure principale de l’étude, ont analysé les données du Registre canadien du cancer. Elles se sont intéressées à un peu plus de 55 000 femmes de 40 à 49 ans et de 50 à 59 ans ayant reçu un diagnostic de cancer du sein entre 2010 et 2017.

On a cessé en 2011 de conseiller le dépistage aux femmes de 40 à 49 ans. Depuis ce changement, constatent les chercheuses, l’incidence de cancers de stade 1 a reculé de 13,6 % chez les quadragénaires et l’incidence de cancers de stade 2 a progressé de 12,6 % ― ce qui signifie qu’on détecte moins de cancers hâtivement et qu’on en détecte davantage plus tard.

De même, l’incidence de cancers de stade 2 a augmenté de 3,1 % chez les quinquagénaires. Dans les provinces où on a mis fin au programme de dépistage chez les 40 à 49 ans, le nombre de cancers de stade 4 chez les femmes de 50 à 59 ans a bondi de 10,3 % en six ans.

La décision, en 2011, de ne plus conseiller le dépistage aux femmes de 40 à 49 ans découlait en partie de données vieilles de soixante ans, ce qui ne reflète évidemment pas l’état des connaissances médicales d’aujourd’hui ou même la composition de la population actuelle.

«C’est essentiel, parce que pour les femmes noires, asiatiques ou hispaniques, le sommet du cancer du sein est atteint vers l’âge de 40 ans, mais vers l’âge de 60 ans pour les femmes blanches», a dit la docteure Wilkinson, qui reconnaît qu’il peut être très difficile pour une femme de savoir quoi faire face à des conseils souvent contradictoires.

En fonction des conclusions de la nouvelle étude, ajoute-t-elle, toutes les femmes de 40 ans et plus devraient subir une mammographie chaque année.

La docteure Wilkinson reconnaît toutefois que l’accès au dépistage n’est pas égal d’une femme à l’autre ou d’une province à l’autre. Dans certaines provinces, une femme peut décider par elle-même de se soumettre à une mammographie; dans d’autres, elle a besoin d’une requête de son médecin de famille ― et on sait que toutes les Canadiennes n’en ont pas un. Une mère monoparentale de trois enfants qui a deux emplois pourra aussi avoir moins de temps à consacrer à sa santé qu’une autre.

«Mais au strict minimum, je pense que les femmes doivent avoir une conversation au sujet de la mammographie avec leur médecin», a-t-elle dit.

Les conclusions de la nouvelle étude vont dans le sens de la récente mise à jour des directives du National Comprehensive Cancer Network, aux États-Unis, qui recommandent de commencer les mammographies annuelles dès 40 ans chez les femmes présentant un risque moyen, a souligné la docteure Seely.

Au moment de l’étude, la Colombie-Britannique, l’Alberta, les Territoires du Nord-Ouest, la Nouvelle-Écosse et l’Île-du-Prince-Édouard envoyaient des rappels aux femmes dans la quarantaine pour leur dépistage annuel. Aujourd’hui, seuls la Nouvelle-Écosse, l’Île-du-Prince-Édouard et le Yukon envoient de tels rappels.

Lancé en 1998, le Programme québécois de dépistage du cancer du sein invite les Québécoises âgées de 50 à 69 ans à passer une mammographie de dépistage du cancer du sein tous les 2 ans.

Les conclusions de cette étude sont publiées par le journal médical Current Oncology.