La hausse des frais de scolarité pour les étudiants étrangers se fait déjà sentir

MONTRÉAL — La décision du Québec d’augmenter les frais de scolarité universitaires pour les étudiants venant de l’extérieur de la province à partir de l’année prochaine pèse déjà sur les élèves du secondaire et leurs familles.

Des centaines d’adolescents et leurs familles se sont rassemblés samedi sur le campus du centre-ville de l’Université Concordia pour assister à la journée portes ouvertes d’automne de l’école.

Malgré la forte participation, la directrice du recrutement étudiant de Concordia, Savvy Papayiannis, a eu l’impression que la foule était plus petite que les années précédentes.

«Il n’y a pas plus de monde, c’est sûr», a affirmé Mme Papayiannis au téléphone depuis l’événement. Elle n’a pas pu confirmer les chiffres de fréquentation, mais a conclu qu’elle avait l’impression qu’il y avait une baisse de fréquentation.

Mme Papayiannis soutient que son bureau constate déjà les effets de la hausse des frais de scolarité qui devrait entrer en vigueur l’année prochaine, alors que de nombreux candidats potentiels annulent leur visite du campus et se retirent des événements de recrutement.

Et depuis l’annonce du 13 octobre par le gouvernement provincial, des appels et des courriels ont afflué d’étudiants potentiels inquiets, a-t-elle fait savoir, dont beaucoup affirment que la hausse des frais de scolarité – de 8992 $ à environ 17 000 $ par an pour les Canadiens hors Québec – est une barrière financière insurmontable.

«Nous sommes de plus en plus critiqués chaque jour, a indiqué Mme Papayiannis.

Plusieurs élèves présents à la journée portes ouvertes ont déclaré que cette augmentation influencerait leurs décisions concernant l’université. Pour Gage Crouchman, 17 ans et originaire d’Ottawa, cela pourrait signifier renoncer à aller à l’école au Québec.

«C’est dommage, a-t-il déploré. (Pour) beaucoup d’étudiants, cela va enlever Montréal comme option.»

M. Crouchman envisageait Concordia et l’Université McGill voisine pour ses études de premier cycle. Il a dit que si le gouvernement revenait sur sa décision d’imposer une hausse des frais de scolarité, ce serait une toujours une possibilité. Autrement, «c’est définitivement non», a assuré son père, Cameron.

Coco Clément, une jeune de 17 ans qui a voyagé de Vancouver à Montréal pour visiter l’Université Concordia, soutient que les nouveaux frais de scolarité la rendent moins intéressée par le Québec en raison du fardeau financier supplémentaire.

«C’est extrêmement cher et cela fait que je ne veux pas autant venir ici simplement parce que c’est une autre chose que je dois surmonter», a raconté Mme Clément.

Bien que Kees Lokker, 16 ans, et son père originaires de Grimsby, en Ontario, disent que leur famille serait en mesure de payer les nouveaux frais de scolarité, d’environ 17 000 $, Kees Lokker craint que cette somme élimine des occasions pour ses amis.

«Cela va simplement rendre la tâche encore plus difficile pour eux d’obtenir suffisamment d’argent pour aller à Concordia, ou même dans une université comme McGill», a déclaré le jeune homme de 16 ans.

Il envisage les programmes renommés d’ingénierie et d’aérospatiale de la province, mais son père affirme que cette augmentation les encouragera à explorer plus sérieusement les options en Ontario, aux États-Unis et en Europe.

Déclin du français au Québec

Selon les données préliminaires de Statistique Canada pour l’année scolaire 2023-2024, les frais de scolarité de premier cycle d’environ 17 000 $ seraient parmi les plus élevés au pays pour les étudiants nationaux et les plus élevés en dehors des programmes spécialisés de premier cycle en droit, en gestion, en dentisterie, en médecine, en médecine vétérinaire et en pharmacie.

«Je ne pense pas que ce soit juste», a mentionné Jaco Lokker, pointant du doigt les frais de scolarité dans d’autres provinces.

Québec a fait valoir que cette augmentation lui permettrait de récupérer le coût de l’éducation des non-résidents du Québec. Le gouvernement provincial prévoit également de facturer aux universités 20 000 $ pour chaque étudiant international qu’elles recrutent. Le premier ministre François Legault a défendu cette décision, insistant sur le fait que les contribuables québécois ne devraient pas avoir à subventionner les étudiants de l’extérieur de la province.

Cette mesure devrait toucher principalement les trois universités anglophones du Québec — Concordia, McGill et Bishop’s — qui accueillent plus de non-Québécois que les écoles francophones. Des membres du gouvernement ont évoqué ce qu’ils affirment être un déclin du français dans la province dans leur décision d’augmenter les frais de scolarité. M. Legault a soutenu mardi que l’afflux d’étudiants anglophones «menace la survie du français».

Le Québec s’est engagé à réinvestir ses fonds récupérés dans le réseau universitaire francophone.