La GRC enquête sur 70 cas d’agression sexuelle dans un centre pour jeunes en N.-É.

HALIFAX — La Gendarmerie royale du Canada (GRC) enquête sur au moins 70 cas d’agression sexuelle dans un établissement de détention pour jeunes de la vallée d’Annapolis, en Nouvelle-Écosse, et affirme que jusqu’à 200 personnes pourraient se manifester.

Les agressions présumées ont eu lieu au Nova Scotia Youth Centre à Waterville, en Nouvelle-Écosse, entre 1988 et 2017, a déclaré la GRC lors d’une conférence de presse mercredi, ajoutant que les 70 premiers cas concernaient des hommes.

Le sergent Brian Fitzpatrick a indiqué que l’enquête policière avait commencé au début de 2019, lorsqu’une équipe de 11 enquêteurs avait été constituée.

«C’est la plus grande enquête à laquelle j’ai participé en 19 ans de service», a déclaré aux journalistes M. Fitzpatrick, un enquêteur chevronné sur les crimes sexuels.

Il a ajouté que le plus grand défi dans cette affaire est «la taille même, la quantité d’informations que nous devons traiter et éventuellement divulguer, et le nombre d’enquêteurs que nous devons déployer pour interroger les témoins survivants à travers le Canada».

La constable Shannon Herbert a affirmé que sur la base de l’enquête à ce jour, la police s’attend à ce que jusqu’à 200 personnes puissent se présenter pour faire des déclarations. Elle a indiqué que l’équipe d’enquête a lancé une ligne d’assistance téléphonique confidentielle pour les personnes qui auraient été agressées sexuellement au centre pour jeunes ou qui ont des informations sur des crimes qui pourraient s’y être produits.

Mme Herbert a déclaré qu’elle ne pouvait pas confirmer l’identité de l’auteur présumé de ces crimes ou si plus d’une personne était impliquée.

Action collective

Mike Dull, un avocat plaidant chez Valent Legal, a dit croire que les gens qui se présentent à la GRC sont également membres d’une action collective que son cabinet a lancée contre le ministère provincial de la Justice, qui gère le centre de détention pour jeunes.

«Ces deux procédures se déroulent en parallèle l’une de l’autre», a-t-il déclaré lors d’une entrevue mercredi.

Le ministère de la Justice n’a pas répondu immédiatement à une demande pour commenter le dossier mercredi.

La déclaration de la poursuite indique que les jeunes de Waterville auraient subi des préjudices allant d’attouchements inappropriés à des agressions sexuelles.

M. Dull a déclaré que ses clients avaient été gravement touchés par ce qu’ils auraient subi à l’établissement de Waterville. «Ils ont eu des vies difficiles en tant qu’adultes; la grande majorité a été en prison et en est sortie», a-t-il déclaré.

Il a salué la mise en place par la GRC d’une ligne téléphonique confidentielle et de services de conseils aux gens qui se manifestent.

«Il leur a fallu beaucoup de conviction et beaucoup d’encouragements pour se manifester et faire confiance à la GRC dans ce processus. Et à la décharge de la GRC, ils ont fait un excellent travail pour favoriser la confiance», a-t-il déclaré.

L’avocat a déclaré avoir été contacté pour la première fois par un jeune homme en 2017 au sujet d’abus sexuels au centre de détention pour jeunes. Après avoir lancé l’action collective, il a déclaré que son bureau avait été inondé d’appels et qu’il s’était rendu compte que «cela était supposément arrivé à des dizaines et des dizaines de jeunes garçons sur trois décennies».