La députée Leslyn Lewis sera à nouveau candidate dans la course à la chefferie

OTTAWA — La députée ontarienne Leslyn Lewis, qui avait été candidate à la chefferie conservatrice en 2020, tente à nouveau sa chance. 

Mme Lewis, qui est de la «frange sociale» du Parti conservateur, a annoncé sa candidature mardi sur les réseaux sociaux. Elle publiait aussi un extrait de la période de questions du 16 février aux Communes où elle interpellait le gouvernement sur la motion de ratification de la Loi sur les mesures d’urgence.

Elle a envoyé mardi un courriel à ses partisans demandant de l’aide pour collecter les 500 signatures dont elle aura besoin pour entrer officiellement dans la course. Elle a également lancé son site internet de campagne, avec un lien permettant d’acheter une carte de membre pour la soutenir et faire une contribution au parti. «Je me présente pour diriger notre parti et notre pays selon une vision d’espoir, d’unité et de compassion», écrit-elle sur Twitter.

Mme Lewis devient la deuxième candidate déclarée dans cette course. Le député de la région d’Ottawa Pierre Poilievre a annoncé sa candidature le mois dernier, quelques jours à peine après qu’Erin O’Toole a été évincée de la direction par le caucus conservateur, après seulement 17 mois en poste.

L’ancien premier ministre libéral du Québec Jean Charest, de la «frange progressiste», doit annoncer officiellement sa candidature à Calgary jeudi. L’ex-chef du Parti progressiste-conservateur fédéral a obtenu lundi l’appui de la commentatrice politique Tasha Kheiriddin, qui avait songé à poser sa candidature à la chefferie. 

L’ancien premier ministre péquiste du Québec Lucien Bouchard accueille favorablement l’arrivée de M. Charest dans cette course. M. Bouchard, qui était membre du gouvernement conservateur de Brian Mulroney aux côtés de Jean Charest, avant de démissionner pour fonder le Bloc québécois, estime qu’il y a toujours de la place en politique pour des gens comme son ancien collègue.

«C’est toujours très bon pour la démocratie quand il y a des gens de talent et d’expérience qui s’engagent dans la politique active. C’est toujours très bon, en particulier dans le cas de mon ami Jean Charest», a-t-il indiqué mardi, en marge d’un événement à Montréal à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes.

Les candidats ont jusqu’au 19 avril pour déclarer leur intention et jusqu’au 3 juin pour soumettre leur demande d’adhésion aux instances.

Le conservatisme social 

Leslyn Lewis, une ancienne avocate de Bay Street, est arrivée au Canada de la Jamaïque avec ses parents alors qu’elle était enfant. 

Lors de la précédente course à la direction du Parti conservateur, en 2020, Mme Lewis, la seule femme candidate, était arrivée troisième, derrière M. O’Toole et Peter MacKay, un ancien ministre conservateur qui a dirigé le Parti progressiste-conservateur avant sa fusion avec l’Alliance canadienne en 2003. D’abord à peu près inconnue, n’ayant jamais occupé de poste électif auparavant, Mme Lewis avait bénéficié d’un soutien considérable de la «frange sociale» du parti et de militants de la base dans l’Ouest canadien.

Cet hiver, elle a vivement critiqué la vaccination obligatoire contre la COVID-19 et la promesse électorale des libéraux de révoquer le statut d’organisme de bienfaisance des centres de grossesse antiavortement. Elle a obtenu beaucoup d’appuis auprès de la base du parti dans l’Ouest canadien et des membres de son réseau social conservateur, très bien organisé, dont certains la soutiennent déjà à nouveau dans ses ambitions à la chefferie.

«Je peux dire avec confiance que nous soutiendrons à 100 % Leslyn Lewis», a déclaré Alissa Golob, cofondatrice de l’organisme politique «RightNow», qui s’oppose à l’avortement. «Mme Lewis est actuellement la seule qui puisse vraiment unir le parti et gagner le segment démographie que le parti doit cibler pour gagner.»

Mme Lewis a été élue pour la première fois aux Communes l’automne dernier, dans la circonscription rurale de Haldimand-Norfolk, dans le sud-ouest de l’Ontario. Mais M. O’Toole ne lui a confié aucun rôle dans son «cabinet fantôme», ce qui a attiré la colère de l’aile conservatrice sociale du parti, dont plusieurs avaient déplacé leur appui à Mme Lewis vers M. O’Toole après le deuxième tour du vote à la chefferie en 2020.

En novembre dernier, M. O’Toole avait critiqué certains commentaires sur les réseaux sociaux de Mme Lewis, qui remettait en question la pertinence de la vaccination des enfants contre la COVID-19. Elle a toujours refusé de préciser publiquement son statut vaccinal, affirmant que ces informations devraient être privées.

Elle a aussi soutenu publiquement le convoi de camionneurs qui a bloqué les rues d’Ottawa pendant plus de trois semaines, cet hiver, pour contester les restrictions sanitaires, la vaccination obligatoire et le gouvernement libéral du premier ministre Justin Trudeau.

Mme Lewis appuie également un projet de loi d’initiative parlementaire, présenté par le député conservateur albertain Garnett Genuis, qui ajouterait les convictions politiques à la liste des protections de la Loi canadienne sur les droits de la personne.

M. Genuis a présenté ce projet de loi la semaine dernière en suggérant que les manifestants qui avaient participé aux blocus, et dont les comptes bancaires avaient été gelés, étaient victimes de discrimination en raison de leurs opinions politiques.

Plusieurs autres candidats pour remplacer Erin O’Toole sont toujours en réflexion, dont l’ancien député fédéral et provincial Patrick Brown, aujourd’hui maire de Brampton, l’ancienne députée fédérale Leona Alleslev, l’actuel député fédéral Scott Aitchison et le député indépendant provincial Roman Baber, tous de l’Ontario.