Justin Trudeau et Tim Houston en désaccord sur la boucle électrique dans l’Atlantique

ANTIGONISH, N.-É. — Le premier ministre Justin Trudeau a confiance que son gouvernement soutienne éventuellement une boucle connectée d’électricité de l’Atlantique et du Québec, permettant aux Maritimes de mettre fin à leur dépendance au charbon.

Cette promesse a cependant été rapidement critiquée par le premier ministre de la Nouvelle-Écosse, Tim Houston, qui a déclaré qu’Ottawa n’avait pas investi suffisamment d’argent dans l’idée pour que cela fonctionne.

Lors d’un discours devant les délégués au Forum économique de l’Atlantique, M. Trudeau a souligné la décision de Volkswagen de créer une usine de batteries de véhicules électriques à St. Thomas, en Ontario, affirmant que l’entreprise était attirée par la disponibilité d’électricité à faible émission de carbone.

«Nous voulons également voir des investissements comme celui-ci arriver au Canada atlantique. C’est en quoi consiste notre engagement à construire la boucle de l’Atlantique», a déclaré M. Trudeau à plusieurs centaines de personnes réunies pour discuter du développement économique à l’Université Saint-Francis-Xavier à Antigonish, en Nouvelle-Écosse.

M. Trudeau s’exprimait après une introduction de l’ancien premier ministre Brian Mulroney, qui a souligné que les dirigeants nationaux doivent être capables de voir l’impact à long terme de leurs politiques.

Avant le discours, l’ancien chef progressiste-conservateur a fait visiter au premier ministre le Mulroney Hall sur le campus, lui montrant une réplique de son bureau de l’édifice central. Au cours de leur rencontre, M. Trudeau a rappelé comment M. Mulroney avait créé l’Agence de promotion économique du Canada atlantique dans les années 1980 dans le but de relancer l’économie en difficulté de la région.

M. Trudeau a déclaré que la création d’une boucle d’hydroélectricité acheminant l’électricité du Québec et du Labrador vers la Nouvelle-Écosse, la partie continentale de Terre-Neuve et le Nouveau-Brunswick deviendrait un investissement similaire dans la prospérité économique de la région.

«Pensez-y, la côte est devrait et pourrait être une centrale d’énergie propre et ce gouvernement fédéral sera là pour aider à y arriver», a affirmé M. Trudeau.

«Non seulement (la boucle atlantique) est le moyen le plus rapide et le plus rentable de se débarrasser du charbon, mais il garantira également que la région de l’Atlantique dispose de l’électricité nécessaire pour répondre à la demande croissante en électricité», a-t-il fait valoir.

Cependant, après avoir rencontré M. Trudeau et entendu le discours, M. Houston a répondu que les offres du gouvernement libéral fédéral n’étaient pas suffisantes.

«Je ne sais pas où cela atterrira. Nous aurons une discussion et nous continuerons à échanger des informations, mais pour le moment, ce dont parle le gouvernement fédéral, ce n’est tout simplement pas un projet économiquement réalisable pour les Néo-Écossais», a avancé le premier ministre provincial.

Des documents rendus publics à La Presse Canadienne la semaine dernière indiquaient qu’Ottawa avait des objectifs ambitieux pour conclure un accord de principe sur la boucle atlantique cet été et achever le projet d’ici 2030.

La source, qui a communiqué sous couvert d’anonymat parce qu’elle n’était pas autorisée à s’exprimer publiquement, a déclaré qu’Ottawa avait également proposé d’investir 4,5 milliards $ pour soutenir le projet.

Les documents montrent que le projet énergétique impliquerait deux lignes électriques interprovinciales reliant le Québec et Terre-Neuve-et-Labrador à la Nouvelle-Écosse et au Nouveau-Brunswick. Le coût de la ligne entre le Québec et le Nouveau-Brunswick est estimé à 6,1 milliards $, tandis que l’autre coûterait 700 millions $, selon les notes datées du mois dernier.

Le bureau de M. Houston a déclaré que la proposition fédérale concernait un prêt à long terme, et qu’elle impliquerait que les abonnés à l’électricité de la Nouvelle-Écosse aident à payer les infrastructures au Québec.

«Les contribuables de Nouvelle-Écosse qui paient pour la construction de nouvelles infrastructures … dans une autre partie du pays n’est tout simplement pas quelque chose qui m’intéresse», a déclaré le premier ministre aux journalistes, lundi.

Le premier ministre Trudeau a également noté lors de son discours que les problèmes de changement climatique sont de plus en plus préoccupants pour l’économie de la région, notant les récents incendies de forêt et les dégâts causés par l’ouragan Fiona l’automne dernier.

Cet article a été produit avec le soutien financier des Bourses Meta et La Presse Canadienne pour les nouvelles.