Justin Trudeau blâme la Russie pour l’insécurité alimentaire dans le monde

KIGALI, RWANDA — Le premier ministre Justin Trudeau a rendu hommage aux victimes du génocide rwandais de 1994 à Kigali avant d’annoncer jeudi une nouvelle aide alimentaire de 250 millions $, alors qu’il cherchait à établir un consensus avec les pays du Commonwealth pour prévenir une nouvelle crise humanitaire.

Le premier ministre est au Rwanda pour une réunion des chefs de gouvernement du Commonwealth, où il espère rallier le soutien à l’Ukraine dans sa lutte contre l’invasion russe et fournir une assistance pour lutter contre les retombées géopolitiques du conflit.

Le Commonwealth est composé de 54 pays indépendants ayant des liens historiques avec la Couronne britannique, qui représentent ensemble environ 2,5 milliards de personnes.

M. Trudeau est devenu le premier premier ministre canadien à visiter le Mémorial du génocide de Kigali, qui sert de dernier lieu de repos à plus de 250 000 des plus de 800 000 Rwandais tués sur une période de 100 jours pendant le conflit.

Il a déposé une couronne sur l’une des tombes et a fait le signe de la croix pendant que des membres de l’armée rwandaise montaient la garde et jouaient une mélodie sombre au clairon.

La faute à la Russie

Quelques heures après sa visite au mémorial, M. Trudeau a blâmé la Russie pour la flambée des prix de l’énergie et des denrées alimentaires qui a laissé des millions de personnes en Afrique et dans d’autres parties du monde lutter pour se nourrir.

Plusieurs des pays les plus pauvres du Commonwealth ressentent les affres de la famine, qui devient un problème urgent dans le monde alors que l’accès aux céréales de l’Ukraine et de la Russie a été limité par la guerre.

Pourtant, 10 de ces pays se sont abstenus lors d’un vote de l’ONU en mars condamnant l’attaque de la Russie, et M. Trudeau a cherché à tirer parti de la difficulté à laquelle ils sont actuellement confrontés pour nourrir leurs populations afin de renforcer l’opposition internationale à l’endroit de Moscou.

« La Russie est responsable de la crise alimentaire mondiale à laquelle nous sommes confrontés en ce moment», a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse au cours de laquelle il a annoncé que le Canada verserait 250 millions $ supplémentaires au Programme alimentaire mondial.

«L’invasion illégale de l’Ukraine, le choix de bombarder des silos à grains en Ukraine ces derniers jours, le blocus continu du port d’Odessa par des navires russes pour empêcher le grain de se rendre au Moyen-Orient, en Afrique et ailleurs dans le monde, sont de vraies préoccupations pour nous tous ici.»

Le nouveau financement canadien s’ajoute aux quelque 500 millions $ que le Canada a déjà versés depuis janvier pour aider à lutter contre l’insécurité alimentaire dans les pays en développement.

Pourtant, alors même que M. Trudeau cherchait à trouver plus d’alliés dans le Commonwealth pour s’opposer à l’invasion de la Russie, il était également confronté à des questions sur ses plans pour soulever des inquiétudes concernant les actions de certains de ses membres – à commencer par le Rwanda.

Les groupes de défense des droits de la personne s’inquiètent depuis des années des violations des droits de la personne au Rwanda sous le président Paul Kagame. Ces préoccupations ont inclus l’arrestation et la poursuite de personnalités de l’opposition et de blogueurs et commentateurs dissidents.

MM. Trudeau et Kagame, dont le pays faisait partie de ceux qui se sont abstenus lors du vote de l’ONU sur la Russie, ont assisté jeudi à une table ronde pour discuter de l’impact de la COVID-19 sur les entreprises et des plans pour revigorer l’économie mondiale.

Mais alors que les deux étaient censés avoir une rencontre en tête-à-tête jeudi, celle-ci a été retardée.

Lorsqu’on lui a demandé ce qu’il avait l’intention de dire sur le bilan du Rwanda en matière de droits de la personne lorsqu’il rencontrerait M. Kagame, au pouvoir depuis 2000, M. Trudeau a suggéré qu’il se concentrerait sur la recherche de moyens par lesquels le Canada pourrait aider le pays.

« Nous sommes là pour nous soutenir les uns les autres et là pour faire avancer la barre en matière de droits de la personne, a-t-il déclaré. Bien sûr, nous examinerons attentivement dans chaque conversation les défis auxquels sont confrontés divers pays et chercherons des moyens par lesquels le Canada peut aider.»

C’est la première fois que les chefs de gouvernement du Commonwealth se rencontrent en personne depuis 2018. Le sommet de 2020, comme la plupart des événements, a été reporté en raison de la pandémie de COVID-19.

M. Trudeau est arrivé à Kigali mercredi, mais la cérémonie d’accueil officielle commence vendredi. Les dirigeants devraient s’asseoir pour une série de réunions à huis clos vendredi et samedi.

Bien que de nombreux dirigeants mondiaux, dont le premier ministre britannique Boris Johnson, soient attendus aux discussions du sommet, d’autres dirigeants ont choisi de rester chez eux.

La première ministre néo-zélandaise Jacinda Ardern et le nouveau premier ministre australien Anthony Albanese font partie des absents.

Le Rwanda est la première étape d’une tournée du premier ministre dans trois pays. Sont aussi prévues des participations au G7 en Allemagne et à un sommet de l’OTAN en Espagne, qui mettront toutes deux l’accent sur la Russie et l’Ukraine.