Joly soutient qu’elle a demandé à son homologue israélien de profiter de ses succès

OTTAWA — La ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, a déclaré lundi qu’elle exhortait Israël à désamorcer les conflits croissants au Moyen-Orient et à ne pas bombarder l’Iran en représailles aux frappes aériennes de cette fin de semaine, qui ont été essentiellement déjouées.

«Israël a le droit de se protéger, bien entendu, et nous allons toujours soutenir Israël dans son droit de se protéger», a expliqué la ministre Joly en point de presse à Ottawa.

«En même temps, on veut s’assurer qu’il n’y ait pas d’escalade. Et c’est pourquoi j’ai parlé à mon collègue [israélien] en lui disant: ‘prends le gain, take the win en anglais’, parce que, en effet, ce qu’Israël a fait au cours du week-end a été une démonstration de sa capacité extraordinaire de se protéger.»

L’Iran a lancé samedi sa toute première attaque militaire contre Israël, avec des centaines de drones et de missiles, selon Téhéran, visant des infrastructures militaires. Israël et la Jordanie ont réussi à intercepter la grande majorité de ces drones et missiles.

Mme Joly a déclaré qu’elle avait depuis parlé avec son homologue Israël Katz pour décourager son gouvernement de répondre par des frappes directes contre l’Iran.

Les deux pays se livrent une guerre par procuration depuis des années, Israël accusant l’Iran de donner à des groupes comme le Hezbollah et le Hamas les moyens d’attaquer l’État hébreu.

Il est largement admis qu’Israël est à l’origine de la frappe aérienne du 1er avril contre l’ambassade iranienne en Syrie, qui a tué des officiers supérieurs de l’armée. Les règles internationales qui protègent les missions diplomatiques considèrent généralement les attaques contre les ambassades comme visant les États que ces bâtiments représentent.

L’Iran a riposté samedi et dimanche avec une série de drones, de missiles de croisière et de missiles balistiques.

Les tensions accrues ont incité l’opposition conservatrice à Ottawa à présenter une nouvelle fois une motion au Parlement visant à inscrire le Corps des Gardiens de la révolution islamique, une branche de l’armée iranienne, parmi les «organisations terroristes».

En 2018, les députés avaient voté pour une motion visant à inscrire le groupe sur la liste canadienne, bien que les libéraux aient résisté à la mise en œuvre, affirmant qu’il appartenait aux responsables de la sécurité de désigner de manière impartiale les «organisations terroristes».

«Organisation terroriste»

Le premier ministre Justin Trudeau a soutenu que l’inscription des Gardiens de la révolution islamique dans le Code criminel comme organisation terroriste punirait les Canadiens qui ont été enrôlés de force dans l’armée iranienne. Ottawa a plutôt imposé une interdiction d’entrée aux personnes appartenant à l’état-major des Gardiens de la révolution depuis novembre 2019.

Le député conservateur Garnett Genuis a réclamé lundi aux Communes de demander à nouveau une telle inscription. «J’espère qu’après six ans de retard, ce gouvernement va enfin le faire», a déclaré M. Genuis en Chambre.

La motion permettrait d’accélérer l’adoption d’un projet de loi d’initiative parlementaire qui classerait les Gardiens de la révolution islamique comme organisation terroriste «dans les meilleurs délais après les événements de la fin de semaine, et de la manière la plus efficace possible», a-t-il déclaré.

La motion a été débattue pendant plus d’une heure, lundi.

La ministre Joly a déclaré que le gouvernement avait déjà demandé au ministère de la Sécurité publique d’étudier une telle inscription et qu’il «continuera à exercer une pression maximale contre le régime iranien».

La ministre des Affaires étrangères a aussi indiqué lundi qu’elle discuterait cette semaine de l’imposition de nouvelles sanctions contre l’Iran lors de la réunion avec ses homologues du G7, en Italie.

«Entretemps, nous, nous avons déjà imposé des sanctions, au niveau des Affaires mondiales, sur les dirigeants les plus importants, et sur tous ceux et celles qui ont été impliqués dans plusieurs actes de terreur par les Gardes de la révolution islamique», a indiqué la ministre.

«Nous, au niveau d’Affaires mondiales, nous avons déjà listé plusieurs personnes et entités et nous les avons sanctionnées. Et je pense qu’on doit aller encore plus loin, on doit mettre la pression maximale.»