Infrastructures: les premiers ministres veulent une rencontre avec Justin Trudeau

WINNIPEG — Au terme du Conseil de la fédération, les premiers ministres des provinces et des territoires demandent une rencontre avec Justin Trudeau pour réclamer plus d’argent pour les infrastructures. Leurs demandes ne sont toutefois pas encore chiffrées. 

«La demande est grande que ce soit dans le secteur de la santé, l’éducation, le transport, le logement», a affirmé mercredi le premier ministre François Legault lors de la conférence de presse de clôture du Conseil de la fédération qui se déroulait à Winnipeg, au Manitoba.

Le premier ministre québécois a donné l’exemple de sa province pour montrer que les dépenses en infrastructures augmentent de manière importante.

«Quand je suis arrivé en 2018, on avait un Plan québécois des infrastructures (PQI) sur 10 ans de 100 milliards $. Maintenant, on l’a fait passer à 150 milliards $, donc une augmentation de 50 %. Évidemment ces montants viennent augmenter la dette du Québec», a-t-il expliqué. 

Questionné à savoir s’il allait accepter l’éventuel argent d’Ottawa s’il venait avec des conditions, le premier ministre québécois a répondu: «Nous avons encore besoin de l’aide du gouvernement fédéral, mais nous pensons qu’il doit respecter nos juridictions.»

M. Legault a comparé la demande de rencontre des premiers ministres à celle qu’ils ont eue avec Justin Trudeau au sujet des transferts en santé.

Pendant plus de deux ans, les provinces et les territoires ont fait front commun pour demander une augmentation des transferts en santé du fédéral de 28 milliards $ par année. Le gouvernement fédéral a plutôt offert 46,2 milliards $ sur 10 ans, soit une augmentation moyenne de 4,6 milliards $ par année. L’offre d’Ottawa était rattachée à des conditions. 

En février, les provinces et les territoires ont accepté l’offre, bien qu’elle fût jugée insuffisante.

À ce jour, le Québec est la seule province à ne pas avoir signé d’entente de principe avec le fédéral. «On ne veut pas avoir de conditions et on pense être capable d’arriver à une entente avec le gouvernement fédéral», a affirmé M. Legault lundi pour expliquer la situation. 

«On demande au gouvernement provincial de démontrer les résultats qu’ils peuvent atteindre avec les investissements supplémentaires qu’on fait. On s’attend à ce que le Québec ait un certain niveau de transparence envers ses propres citoyens. Les autres provinces et territoires ont accepté», a indiqué une source fédérale à La Presse Canadienne.

Le gouvernement fédéral a déjà réparti 2 milliards $ entre les provinces, dont le Québec, pour répondre aux besoins urgents.

La question de la santé, de la formation et du recrutement du personnel pour ce secteur a fait partie des discussions mardi entre les premiers ministres.

Le «délicat» dossier de Bombardier

François Legault et le premier ministre ontarien Doug Ford n’ont visiblement pas réussi à rallier leurs homologues autour de leur demande concernant Bombardier. Ils souhaitent que le gouvernement fédéral lance un appel d’offres pour remplacer sa flotte de 14 avions de patrouille maritime canadiens afin que l’avionneur québécois puisse déposer une proposition. Selon M. Legault, Ottawa veut donner le contrat sans appel d’offres à l’entreprise américaine Boeing. 

En point de presse mercredi, le premier ministre québécois a reconnu qu’il s’agissait d’un dossier «assez délicat» pour certains de ses collègues.

«Je peux comprendre que ceux qui ont des usines de Bombardier dans leur province ont peut-être un souhait différent de ceux qui ont une usine de Boeing dans leur province», a-t-il admis. 

Lundi, le premier ministre Legault a dit qu’il aimerait avoir l’appui de tous ses homologues sur cet enjeu. 

Malgré tout, François Legault assure qu’il y a cohésion entre les premiers ministres. «Je pense que sur beaucoup de sujets, on s’entend sur les priorités. Comme aujourd’hui, on dit que la priorité c’est vraiment les infrastructures», a-t-il dit.