Immigration: Fréchette veut que l’Assemblée parle d’une seule voix, QS refuse

QUÉBEC — Le gouvernement Legault a échoué mercredi dans sa tentative de faire parler l’Assemblée nationale d’une seule voix concernant l’immigration: Québec solidaire (QS) a bloqué une motion qui demandait au fédéral de mieux recenser et contrôler l’arrivée d’immigrants temporaires. 

La ministre de l’Immigration, Christine Fréchette, tentait ainsi de réagir avec plus de fermeté aux données révélées par Statistique Canada la semaine dernière.

On y apprenait que le nombre d’immigrants temporaires avait bondi de 322 000 à 471 000 au Québec, entre juillet 2022 et juillet 2023. 

Cela met beaucoup de pression sur le marché locatif et les services publics au Québec, mais la ministre s’était limitée à exprimer son étonnement. 

Dans sa motion, Mme Fréchette demandait à Ottawa d’effectuer un dénombrement plus «fréquent et efficace» et que les données soient transmises automatiquement au Québec.

Elle invitait aussi le fédéral à réviser ses politiques, pour respecter la «capacité d’accueil du Québec», notamment parce que «cette hausse est incompatible avec la nécessité d’assurer la protection de la langue française dans le contexte unique du Québec en Amérique du Nord».

QS a bloqué le débat sur la motion. Le leader parlementaire de QS, Alexandre Leduc, a tenté de justifier son refus en Chambre, même si le règlement permet seulement de consentir ou pas à une motion. 

Amendements de QS

QS a transmis à La Presse Canadienne les amendements qu’il voulait apporter.

Le parti voulait notamment biffer la formulation voulant que cette augmentation de l’immigration temporaire était incompatible avec la nécessité d’assurer la protection de la langue française. Selon QS, cela «soulève des enjeux», mais ce n’est pas incompatible. 

En outre, le parti de gauche voulait qu’on souligne que le système actuel «perpétue la vulnérabilité de nos résidents non permanents». 

QS souhaitait aussi rappeler que le gouvernement caquiste émet lui-même «des certificats d’acceptation du Québec à un grand nombre de ces résidents non permanents». 

Les 470 976 immigrants temporaires au Québec estimés par Statistique Canada en juillet se divisent comme suit: il y a 146 723 demandeurs d’asile et 324 253 titulaires de permis d’études et/ou de travail, avec les membres de leur famille.  

En comparaison, en juillet 2022, il y avait 93 428 demandeurs d’asile et 228 917 titulaires de permis d’études et/ou de travail, avec les membres de leur famille.

La semaine dernière, Mme Fréchette avait demandé à Ottawa de réviser ses cibles d’immigration en fonction de ces nouvelles données, mais elle avait ajouté que son homologue fédéral, Marc Miller, était sourd à ses revendications.

Toujours la semaine dernière, le Parti québécois avait aussi déposé une motion pour souligner que le Québec «n’a pas la capacité d’accueillir autant de résidents non permanents» et réclamer que le fédéral en tienne compte. La motion avait aussi été bloquée par QS.