Identité de genre: la Commission des droits de la personne se dit «préoccupée»

QUÉBEC — Alors que le débat sur la question de l’identité de genre fait son entrée à l’Assemblée nationale, la Commission des droits de la personne se dit «préoccupée» par ce qui a été entendu dans l’espace public. 

«Évidemment, on est préoccupé par la recrudescence des propos transphobes, homophobes qu’on a entendus dans les derniers mois», a affirmé le président de la commission, Philippe-André Tessier, en point de presse à l’Assemblée nationale, jeudi. 

Rappelons que des manifestations ont été organisées par le groupe «1 Million March 4 Children» la semaine dernière pour dénoncer l’idéologie du genre dans les écoles. Elles ont eu lieu dans plusieurs villes canadiennes, dont Montréal. En réponse, des contre-manifestations se sont organisées pour défendre le droit des personnes issues de la communauté LGBTQ+. La confrontation entre les deux camps a donné lieu à des échanges acrimonieux. 

Dans la foulée de ces manifestations, le gouvernement a annoncé la création d’un comité de sages pour se pencher sur ces questions. Il sera piloté par la ministre de la Famille, Suzanne Roy.

Selon M. Tessier, personne ne peut s’opposer à un débat sur la question, mais il soutient qu’on a entendu beaucoup d’affirmations qui n’étaient pas fondées, notamment sur les opérations chirurgicales chez les mineurs. «Dans le dossier de l’identité de genre, on suit très attentivement le débat», assure-t-il.

«Les faits ont aussi leur place dans ce débat-là. Quand on se base sur les faits, quand on se base sur ce qui se passe et quand on a un débat ou une discussion, c’est ça le cadre», a affirmé Philippe-André Tessier. 

La commission a également plaidé pour que les questions relatives aux identités de genre soient enseignées à l’école dès le primaire. 

«Ce que la science et les travaux nous démontrent, c’est qu’il est essentiel de faire prendre conscience aux enfants de leur éveil. (…) Pour arriver à introduire, au secondaire, les concepts sur l’identité de genre, il faut quand même en avoir parlé un peu au primaire, mais toujours en tenant compte de l’âge des enfants», a expliqué le président de la commission. 

«Notre approche, ce n’est pas de dire qu’il faut tout donner tout de suite à un enfant de six ans, au contraire. Il faut y aller de façon graduelle et c’est ce que le programme québécois éducatif prévoit également», a-t-il ajouté.

Dans son plus récent rapport, la commission indique que 1 % des dossiers d’enquête ouverts concerne le motif de l’identité et de l’expression de genre. En conférence de presse, on a toutefois précisé que le volume de plaintes reflétait rarement la réalité. On indique que les chiffres servent plutôt à illustrer qu’il y a un problème.