Identité de genre: François Legault veut être un «rempart contre les extrêmes»

QUÉBEC — Le premier ministre François Legault a lancé un appel au calme après les manifestations tendues de mercredi.

«Je me sens une responsabilité comme premier ministre d’être un rempart contre les extrêmes», a soutenu M. Legault en mêlée de presse à l’Assemblée nationale, jeudi. 

François Legault a déploré qu’il y ait eu des dérapages dans les manifestations à Montréal et a demandé aux Québécois d’être respectueux. «C’est un débat qu’on doit faire sereinement», a-t-il dit. 

Les manifestations de mercredi ont initialement été lancées par le groupe «1 Million March 4 Children» pour dénoncer l’idéologie du genre dans les écoles. Elles ont eu lieu dans plusieurs villes canadiennes, dont Montréal. En réponse, des contre-manifestations se sont organisées pour défendre le droit des personnes issues de la communauté LGBTQ+. La confrontation entre les deux camps a donné lieu à des échanges acrimonieux. 

Le premier ministre dit comprendre les préoccupations des deux côtés. «D’un côté on a un devoir comme société de protéger des gens qui sont dans les minorités et de l’autre côté, je peux comprendre des parents et des citoyens qui sont inquiets», a-t-il illustré. 

Selon lui, le Québec est moins polarisé que d’autres endroits dans le monde.  

«Je n’ai pas aimé ce que j’ai vu»

La ministre responsable de la lutte contre l’homophobie et la transphobie, Martine Biron, a, elle aussi, lancé un appel au calme. «Je n’ai pas aimé ce que j’ai vu. (…) Il y avait de la violence, il y avait de la haine, il y avait du non-respect», a-t-elle affirmé. 

Elle croit que les Québécois sont capables d’avoir un dialogue sur ce sujet sensible.

Jeudi matin à l’Assemblée nationale, la ministre a aussi tenu à faire des précisions sur la dysphorie de genre, rappelant que ce n’était pas contagieux et que c’était très rare. «C’est un état et les gens qui se questionnent sur leur genre, ils souffrent énormément, surtout les enfants. Il faut les aider. Plus on polarise, plus on fait souffrir les gens qui sont en questionnement», a-t-elle soutenu. 

Le gouvernement entend former un comité de sages pour se pencher sur les questions entourant l’identité de genre. Il devrait voir le jour avant Noël. La ministre Biron a admis que ce n’était pas quelque chose de simple. «On veut un comité qui est crédible auprès de la population et on veut un mandat qui est clair», a-t-elle expliqué. 

«J’invite tous les politiciens à penser à ces enfants-là»

Jeudi, Québec solidaire a fait adopter à l’unanimité une motion à l’Assemblée nationale qui «condamne les propos haineux et discriminatoires tenus envers les personnes de la communauté LGBTQI2S+ dans la sphère publique, notamment lors des récentes manifestations à Montréal». 

En point de presse, le chef parlementaire solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois, a répondu au discours affirmant que l’identité de genre est une idéologie importée des États-Unis par la gauche et qui se serait infiltrée dans les écoles du Québec. 

«Les enfants trans, les enfants non binaires au Québec, ils existent. Ils ne sont pas arrivés des États-Unis. C’est des petits Québécois et ils veulent grandir dans un Québec qui les respecte et moi j’espère que quand on débat de ça, on pense à ces enfants-là. (…) J’invite tous les politiciens à penser à ces enfants-là quand on parle», a-t-il affirmé. 

«Nous condamnons sans réserve toute manifestation de violence, d’intolérance, d’oppression, de discrimination. Tout ça n’a pas sa place dans une société civilisée comme la nôtre de part et d’autre. (…) Il faut être capable d’entendre tout le monde des deux côtés, mais dans le calme», a indiqué, pour sa part, le péquiste Pascal Bérubé.

Le député libéral André Albert Morin n’a pas voulu trop s’avancer sur le sujet. «Les gens ont le droit d’exprimer leur opinion, mais ça doit être fait d’une façon pacifique puis dans le respect des gens», a-t-il simplement dit.