Greg Fergus a repris son siège de président de la Chambre des communes

OTTAWA — Le président de la Chambre des communes, Greg Fergus, a retrouvé jeudi la chaise de ses fonctions au cours d’une journée typique dans ce rôle, la première depuis le tollé provoqué par son apparition virtuelle dans un événement partisan.

Le député libéral de la circonscription de Hull—Aylmer, qui occupe le siège de la présidence depuis octobre, a donc assuré le décorum de la période des questions aux Communes.

Revenu de Washington tard la veille, selon les indications de son bureau, il a repris les travaux de routine de ses journées passées sur la colline parlementaire.

M. Fergus a, entre autres, présidé une rencontre du Bureau de la régie interne d’un peu plus d’une heure. Il a été question, lors de cette réunion, de finances et de budget relatifs à la Chambre des communes, peut-on lire dans l’ordre du jour public.

Une rencontre entre M. Fergus et le président de l’Assemblée législative du Yukon était aussi à son agenda, a indiqué le bureau de la présidence à Ottawa.

Le président de la Chambre devait aussi être présent aux Communes pour des votes, tard jeudi.

Des critiques à l’endroit de M. Fergus ont fusé tout au long de la semaine. L’élément déclencheur a été la diffusion, au congrès du Parti libéral de l’Ontario, d’un message capté sur vidéo dans lequel il remercie le chef intérimaire sortant de cette formation politique, John Fraser.

Les enjeux d’impartialité soulevés par l’incident du week-end dernier ont d’abord été amenés lundi avant-midi sur le plancher de la Chambre par le leader parlementaire des conservateurs, Andrew Scheer. Cet élu a déjà occupé les mêmes fonctions que M. Fergus.

En après-midi du même jour, M. Scheer a fait savoir que l’opposition officielle réclamait la démission du président de la Chambre, joignant ainsi sa voix à celle du Bloc québécois, première formation politique aux Communes à avoir fait cette demande.

«Je ne démissionnerai pas», a dit M. Fergus, au cours des derniers jours, à une journaliste de CBC qui l’a accosté à Washington. Il a fait valoir qu’il se conformerait au «processus» mis en place par la Chambre relativement à cet incident. Un comité parlementaire qui s’est réuni à huis clos jeudi se prépare à se pencher sur la suite des choses pour M. Fergus.

Les membres du comité prévoient entendre le principal intéressé lundi prochain au cours d’un témoignage d’au moins deux heures, selon une motion qu’ils ont adoptée.

«Le président Fergus remercie le comité et accepte l’invitation de comparaître la semaine prochaine», a fait savoir le bureau du président de la Chambre jeudi soir.

M. Fraser se retrouve aussi parmi la liste de témoins qui seront invités. Les élus souhaitent également pouvoir poser des questions au président ou aux coprésidents du comité organisateur de l’élection à la direction du Parti libéral de l’Ontario de 2023.

M. Fergus s’est récusé lundi de l’affaire qui le concerne directement alors qu’il était toujours à Ottawa. Avant de se retirer, le président de la Chambre a déclaré qu’on lui avait demandé un tel enregistrement pour une réunion privée en l’honneur de M. Fraser, qu’il considère comme un ami de longue date.

L’élu québécois a indiqué aux députés qu’il regrettait que la vidéo ait été utilisée à d’autres fins. Il a précisé qu’il n’était pas membre du Parti libéral de l’Ontario et qu’il n’avait pas voté dans la province depuis 30 ans.

«Je reconnais comment ceci a pu être interprété. Je tiens à m’excuser et à rassurer les députés qu’un événement de ce genre ne se reproduira plus», a-t-il dit.

M. Scheer a relevé, dès le départ, que le président de la Chambre portait l’habit officiel de ses fonctions au cours de son message de remerciements à M. Fraser et que le bureau de la présidence était reconnaissable en arrière-plan.

D’autres députés de différentes allégeances ont ensuite aussi déploré cette utilisation du titre et des ressources de la présidence.

M. Fergus n’a accordé aucune entrevue cette semaine et son bureau a décliné les requêtes en ce sens de La Presse Canadienne.

Son équipe n’a pas non plus voulu commenter d’autres critiques dont il a fait l’objet concernant son séjour à Washington, justifiant cela par le fait que «la Chambre est saisie de cette question».

M. Scheer a reproché au président de la Chambre, sur les réseaux sociaux, d’avoir profité d’un moment de son séjour à Washington pour «revivre l’époque où il était à la tête des jeunes libéraux».

Dans un extrait vidéo qu’il a partagé, on peut voir et entendre M. Fergus faire référence à une rencontre qu’il a faite quand il faisait campagne pour devenir président des jeunes libéraux, poste qu’il a finalement occupé.

Questionné mercredi au sujet de la mention de l’expérience du président de la Chambre au sein des jeunes libéraux, le leader parlementaire néo-démocrate, Peter Julian, a répondu qu’il juge cela inapproprié.

La leader en Chambre du gouvernement, Karina Gould, a pour sa part affirmé que «le président est indépendant» quand elle a été appelée à se prononcer sur le séjour de ce dernier à Washington.

Cette «mission de deux jours» avait lieu «à la suite de plusieurs semaines de planification», a-t-on fait savoir au bureau de M. Fergus. Elle comprenait une rencontre avec l’ancienne présidente de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, une autre avec «des membres du Congressional Black Caucus» et un entretien avec les «coprésidents du Groupe interparlementaire Canada—États-Unis».