Femmes autochtones tuées: une manifestation à Winnipeg pour la fouille d’un dépotoir

WINNIPEG — Une manifestation s’est tenue jeudi au centre-ville de Winnipeg, au Manitoba, afin de dénoncer l’inaction du gouvernement provincial concernant la recherche des restes de deux femmes des Premières Nations sur un site d’enfouissement.

Les manifestants ont scandé «Fouillez la décharge!» et «Ramenez nos femmes à la maison!» alors que de la peinture rouge était versée sur la chaussée, afin de former une robe à l’intersection de l’avenue Portage et de la rue Main, jeudi.

Les familles de Morgan Harris et de Marcedes Myran ont ensuite mené une danse en cercle, une danse traditionnelle dans de nombreuses cultures des Premières Nations, avant qu’une foule de plus de 100 personnes ne se rende à l’Assemblée législative de la province.

De nombreuses personnes avaient revêtu des vêtements rouges, tandis que d’autres avaient des empreintes de mains rouges sur le visage pour dénoncer le silence dont sont victimes les femmes autochtones.

Les chants se sont poursuivis pendant que les manifestants traversaient le centre-ville, certains automobilistes klaxonnant en signe de soutien.

La pression monte depuis que la première ministre du Manitoba, Heather Stefanson, a déclaré le mois dernier que son gouvernement ne soutiendrait pas la fouille du dépotoir privé de Prairies Green, située au nord de la ville, parce qu’elle pourrait exposer les équipes de recherche à des matières toxiques.

Des familles et des dirigeants autochtones ont rencontré différents niveaux de gouvernement pour discuter d’une étude de faisabilité financée par le gouvernement fédéral. Cette étude a révélé qu’il était possible de fouiller le site, mais que de nombreuses mesures seraient nécessaires pour réduire les risques encourus par les travailleurs. Le coût de l’opération pourrait s’élever à 184 millions $.

Les experts consultés dans le cadre de l’étude ont indiqué que les risques pouvaient être atténués et que les recherches pouvaient être effectuées en toute sécurité.

«Cela fait des mois que nous parlons de mener des recherches sur le site d’enfouissement. Nous avons tenu réunion sur réunion, et nous avons parlé de ce que nous voulions et de ce dont nous avions besoin. Les familles ont parlé de ce qu’elles voulaient et de ce dont elles avaient besoin, a-t-elle déclaré. Aujourd’hui, nous avons fini de parler.»

Rencontre avec le nouveau ministre

Les familles de Harris et de Myran ont rencontré plus tôt dans la journée le ministre fédéral des Relations Couronne-Autochtones, Gary Anandasangaree, qui a été nommé à ce poste la semaine dernière.

Son prédécesseur, Marc Miller, a critiqué le gouvernement provincial pour s’être dérobé à ses responsabilités parce qu’il est responsable des sites d’enfouissement, tandis que Mme Stefanson a accusé M. Miller d’avoir politisé une tragédie.

Melissa Robinson, la cousine de M. Harris, a participé à la réunion avec M. Anandasangaree. Elle dit en être sortie optimiste.

Mme Robinson a mentionné que le ministre avait lu l’étude de faisabilité, qu’il avait indiqué que les travaux étaient possibles et qu’il souhaitait qu’une recherche soit effectuée.

Le cabinet du ministre Anandasangaree a expliqué que sa visite à Winnipeg comprenait des réunions avec les familles, les dirigeants autochtones et le maire de Winnipeg.

«(Le ministre) se réjouit de poursuivre ces discussions alors que nous travaillons ensemble sur les éléments de l’étude de faisabilité», a déclaré un porte-parole du ministre Anandasangaree dans un courriel.

Il a ajouté que le gouvernement fédéral s’engageait à agir, mais qu’il ne pouvait pas faire le travail seul en raison d’enjeux de compétence.

La première ministre n’a pas rencontré le ministre fédéral, mais son bureau a déclaré avoir été informé que M. Anandasagree serait dans la ville pour d’autres réunions.

Un porte-parole a mentionné que le gouvernement du Manitoba n’a pas changé sa position sur les fouilles d’un dépotoir, citant la nécessité de protéger la santé et la sécurité des travailleurs, ainsi que pour «protéger l’intégrité d’une procédure de Justice Manitoba contre le meurtrier présumé».

Jeremy Skibicki a été accusé de meurtre au premier degré pour les meurtres de ces femmes et de deux autres personnes — Rebecca Contois, dont une partie des restes a été retrouvée dans une autre décharge l’année dernière, et une femme non identifiée que les dirigeants autochtones appellent Mashkode Bizhiki’ikwe ou «Buffalo Woman». Ses restes n’ont pas été retrouvés.

Le procès de M. Skibicki est prévu pour l’année prochaine.

Les appels pour lancer des recherches sur le site d’enfouissement se sont multipliés d’un bout à l’autre du pays.

Un rassemblement de solidarité a eu lieu mercredi à Vancouver. Un autre est prévu samedi devant le bâtiment de la Confédération à St. John’s, à Terre-Neuve.

— Avec les informations de Steve Lambert